Interview Arthur Alternatif

A l’occasion de la sortie de ses deux documentaires « HELLFEST – La scène dans les veines », Marye et Victor ont pu discuter avec Arthur Alternatif de son projet Alternaprod, sa vision de la scène métal en France, l’avenir de la cérémonie des Triomphes du métal Français, et ses soirées DJ Set Métal.

Victor : La dernière fois que l’on a parlé de toi sur ce webzine, c’était pour les triomphes du métal Français (article à lire ici), quels retours as-tu eu du projet en général, à la fois des participants que des spectateurs ?

Arthur : Le retour a été plutôt positif. Ca ne s’était pas encore fait en France de cette manière, malgré plusieurs initiatives du genre, mais là, on a essayé de créer quelque chose de nouveau, avec un vent de fraicheur, et ça a pas mal plu. L’esthétique de l’émission a été séduisante, on avait des invités cools, des très bons groupes, ca a été plutôt bien reçu. On a eu un nombre de vues satisfaisants, on a passé les 10 000 vues. Ca nous a pas mal formé car l’aventure sur plusieurs mois a été très enrichissante. Dans les points à améliorer maintenant, c’est s’ouvrir à plus de styles musicaux au sein du métal, apporter plus de précisions et mieux mettre en valeur les groupes.

Marye : As-tu sélectionné toi même les groupes représentés, ou c’est les groupes qui ont proposé leur « candidature » ? 

Arthur : Les deux ! On avait fait du repérage, et on a des artistes aussi qui nous ont envoyé leurs morceaux. Ca s’est pas mal tourné autour de ma communauté, plutôt « coreux », mais on n’a plus envie de se limiter qu’à ça.

Victor : Est-ce que tu peux nous parler de ton projet « Alternaprod », que tu as dévoilé un peu après la cérémonie des triomphes ? 

Arthur : Alternaprod, c’est un peu un projet qui dort depuis pas mal de temps. Je fais de la production vidéo, en tant que vidéaste indépendant. J’avais envie d’avoir quelque chose de propre, carré, une structure pour accueillir autre que des projets Youtube ou autre que les triomphes , un projet de prestation vidéaste. Une boite de prod, même si c’est un bien grand mot.

Victor : Dans les premiers gros projets d’Alternaprod, vous avez fait deux vidéos, tournées au Hellfest. Vous êtes parti à deux c’est ça ?

Arthur : Oui, effectivement, je suis parti avec Kévin Merriaux, qui est un monstre du game ! On est parti au culot, moi j’avais ma trame et lui tout la partie technique. Je me suis occupé de tout ce qui était rendez-vous, interaction etc.. Finalement ça s’est super bien goupillé, on est très content du résultat.

Marye : Vous avez déjà sorti un premier documentaire, qui est très bien soit dit en passant. Le deuxième, c’est sur la place de la femme dans la scène métal. C’est un sujet important à développer ?

Arthur : C’est extrêmement important ! En plus Kevin a mis l’image de Courtney Laplante de Spiritbox à la fin du premier documentaire au moment de l’annonce du thème de l’épisode. Rien que d’y penser, j’en ai des frissons ! La place de la Femme, c’est un sujet qui a déjà été survolé très vite dans les triomphes, par la catégorie « Talent féminin ». En faite, c’est impératif encore aujourd’hui de le faire, car inconsciemment, une femme va être effacé si on donne pas une catégorie pour la mettre en valeur. Donc on a essayé avec cet épisode de l’amener sous différent angles, d’aller les deux pieds dedans, même si à mon goût on survole encore le sujet, mais on était obligé car on était en festival, et le gens avaient pas forcément envie de faire un débat psychologique. J’ai hâte que ça voit le jour, et d’avoir le retour du public.

Marye : Dans ton travail, tu essayes de mettre principalement en avant la scène Française. On voit quand même que la France a beaucoup de groupes, et les festivals de cet été avaient une proportion plutôt importante de groupe Français, par exemple au MOTOCULTOR. Tu penses que la France se situe comment vis à vis de l’international ? 

Arthur : Elle commence à être pas mal reconnu. Y’a eu un article de Kerrang qui mentionne les groupes comme Landmvrks, Ten56.,  Two Trains Left.. du beau monde (article à lire ici, ndlr). Y’a pas mal de médias qui se lancent pour promouvoir ces groupes, y’a plein de choses qui prennent forme, mais maintenant il faut que ca prenne de l’ampleur. Il faut de la crédibilité à fond, et moins de truc amateur qui soit fait.

Marye : Si on enlève les gros groupes de métal type Gojira, est-ce que tu penses que le métal Français manque de reconnaissance ? 

Arthur : Oh bah tu peux même enlever Landmvrks etc… Ils commencent déjà à avoir la reconnaissance qu’ils méritent. Avant, les Français savaient pas faire de son. T’écoutais un groupe Français y’a 10 ans, ca sonnait à 10km que c’était Français, parce que ça chantait avec un vieil accent, ou alors c’était sur-produit pour camoufler plein de truc. Alors que maintenant, les groupes prennent plus de temps et font du travail propre. Les groupes ne sont plus à se dépêcher de faire les choses, et ça se ressent. Quand tu vois par exemple Solitaris, y’a quasi pas de sortie, mais quand ils sortent un truc, ça tue de fou. Leur travail est précis et c’est hyper intéressant. La reconnaissance est en train de s’installer, et ça sera validé à partir du moment où ça sera normal d’avoir des anglais et des français sur la même date.

Victor : Sans critiquer à aucun moment le travail des asso, mais pas exemple pour les concerts, il faudrait peut-être aussi des vrais organisations avec une vraie promo, avec les moyens derrières ?

Arthur : L’asso ça peut devenir énorme, comme les Resto Du Coeur, à la base c’est une asso, qui maintenant a des millions ingérés dedans. Je pense qu’il faut juste que les gens s’investissent et que le public réponde présent à tous les événements.

Marye : Pour revenir à ton travail, le fait de passer pro, ca permets de couvrir plus d’artistes et d’avoir plus d’impact et d’audience ?

Arthur : Avoir un côté plus pro complétement. J’ai fait pas mal de petites erreurs en très peu de temps et j’essaye de rebondir dessus. Je travaille pas tout seul donc ça permets qu’on puisse évoluer tous en même temps et donc dévoiler une image plus professionnelle, plus crédible, plus jolie. Le fait de devenir pro, ça arrive à crédibiliser de plus en plus, et avoir de l’impact envers les groupes, maintenant à voir comment ça va évoluer. Pour le moment, j’ai travaillé qu’avec des groupes déjà crédible. On va pas se mentir, Landmvrks ont clairement pas besoin de moi, ten56. pareil, mais le truc qui serait cool, ça serait de faire des projets comme avec Villa Scandal, des groupes qui eux n’ont pas une grosse visibilité alors qu’ils font un boulot de ouf et que leurs sons sont terribles. C’est une des branches du projet, si un groupe est chaud, bah let’s go, on y va et on créée quelque chose. Le but c’est que ca monte la visibilité des groupes, que quand ils passent en concert dans une ville, les gens se bougent pour aller les voir.

Marye : Et donc dans tes ambitions, c’est de réussir à faire décoller un groupe, et pas forcément d’aller toucher les grands groupes ?

Arthur : Les deux à vrai dire! Bah tu vois, on s’est fait refuser Gojira pour la participation aux documentaires Hellfest, et mon but, c’était autant accéder à Gojira qu’à des moins gros. J’aime pas trop le terme « petit » pour les groupes, c’est assez réducteur. On peut pas être partout et travailler avec tout le monde, mais y’a des projets qui mérite d’être abouti.

Marye : Est-ce que organiser des dates de concert, c’est quelque chose qui te plairait ?

Arthur : Non, pas vraiment, j’essaye de donner envie aux gens d’aller aux concerts qui existent dans un premier temps. Et quand on m’appelle parfois, je conseille certains groupes. Mais je ne veux pas être bookeur/organisateur. J’essaye déjà d’organiser mes dates en tant que DJ.

Marye : Dans le premier épisode Hellfest, tu fais une petite blague à Mike en disant que tu seras peut-être le prochain DJ du Hellfest…

Arthur : Oui haha. Quand on réfléchit bien, il n’y a pas beaucoup de DJ rock/métal. Avec Mike Rock, on a discuté de potentiellement faire quelques dates ensemble, ça pourrait être cool.

Marye : Oui en plus, les soirées rock, ça marche plutôt bien, par exemple les RockMy à Paris.

Arthur : Y’a potentiellement un événement comme ça à développer, déjà sur Lille. La dernière fois que j’ai fait une date ici (au distrot à l’occasion de la braderie de Lille, ndlr), c’était super bien, y’avait une bête d’ambiance. J’ai ensuite enchaîné sur de la bass-music et du drum’n’bass, et y’a eu une partie des gens qui sont parti à ce moment là, donc on en a conclut que le DJ set, c’est quelque chose qui fait bouger les gens,autre que des « concerts ». Ca prouve qu’il y a quelque chose à faire.

Marye : Tu as des coups de cœurs ces derniers temps dans la scène Française ? Un album que tu attends particulièrement ?

Arthur : Villa Scandal ! Je trouve que ce qu’ils font, ils le font parfaitement bien, ils m’ont clairement fait vibrer avec leur EP. En album, le nouveau Novelists (dont notre chronique est dispo ici) est hyper bien. Ashen prépare aussi un petit truc. The Butcher’s Rodeo vont débarquer avec de la fraicheur, et permettre de voir le groupe sous un autre angle, et une autre dynamique. Je suis curieux d’entendre les prochains sons de Hurakan aussi ! Et surement plein d’autres que je n’ai pas en tête là tout de suite.

Victor : Merci beaucoup !

 

Pour aller plus loin, n’hésitez pas à aller voir le premier documentaire dont nous vous parlons dans cet interview, ainsi qu’à vous abonner sur Instagram et Youtube pour suivre tous ses projets.

 

« Faites que le métal soit Mainstream, on continuera à en écouter, mais avec encore plus de gens ! »

 

Merci beaucoup Arthur pour ta disponibilité et ces échanges.

Merci au Distrot (Lille) pour l’accueil.

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