Bientôt un an après avoir porté son dernier album A Kiss For The Whole World en tête des charts anglaises, les Brittaniques de Enter Shikari étaient de retour à Paris pour un concert au Trianon qui s’annonçait comme un des gros évènement de cette année 2024. Fever 333, et son chanteur Jason Butler avec lequel Enter Shikari a récemment sorti un single, complétait l’affiche, en compagnie de Blackout Problems. [English version below]
Ce sont donc les Allemands de Blackout Problems qui débarquent en premier sur scène avec une détermination et une énergie détonantes. Deux jours avant la sortie de leur album RIOT, le groupe veut faire bonne impression mais en fait un peu trop à mon goût. Les musiciens haranguent le public en chantant les paroles en même temps que leur chanteur mais j’ai l’impression qu’ils jouent un peu la comédie et qu’aucun son ne sort en fait de leurs bouches. Le chanteur ne tient pas en place et parvient à faire le tour du Trianon pendant leur set de 30 minutes : dans la fosse, dans les gradins, sur la rambarde des gradins, porté par la foule… C’est évidemment plaisant de voir un tel enthousiasme mais cela n’en fait pas forcément une bonne prestation scénique. La recette musicale du groupe est en tout cas convaincante. Leur rock alternatif aux multiples touches électroniques a toute sa place en première partie d’Enter Shikari. Le groupe propose des morceaux vraiment prenant, comme BROTHER. La grande majorité des parties électroniques, comme les percussions sur GERMANY, GERMANY, sont exécutés en live et c’est toujours nettement mieux que de balancer des samples. Le groupe profite de ce concert pour annoncer leur retour à Paris en tête d’affiche du Supersonic le 4 octobre. On coche la date!
La soirée se prolonge avec Fever 333 qui jouit d’une grosse côté de popularité et qui semble très attendu par le public. On ne peut pas dire que l’énergie sur scène baisse puisque les prestations électriques et explosives, à l’image de son leader Jason Butler, font partie des marques de fabrique du groupe. J’avais trouvé leur passage au Hellfest et au Jera 2023 surfait donc je ne partais pas avec un bon a priori avant l’arrivée des Américains, mais j’ai trouvé leur set plus convaincant que l’été dernier. Leur énergie me semblait cette fois-ci beaucoup plus authentique et moins surjoué. Côté musique, je trouve toujours que leur recette a parfois la tête d’une parodie de groupe révolutionnaire et engagé mais le groupe dispose tout de même de morceaux efficaces et accrocheurs. Le public me semble en tout cas largement convaincu et l’ambiance est très chaude, en atteste le parquet du Trianon qui se transforme en trampoline. Jason Butler conclut son show comme à son habitude par un saut dans le public, cette fois-ci depuis le balcon de la salle. Même si je ne suis pas un grand fan du groupe, leur accorder seulement un set de 30 minutes me semble quand même un peu dommage et étonnant.
On approche des 21h et c’est désormais à Enter Shikari de se montrer. C’est d’abord Rou Reynolds qui se présente seul pour interpréter une version spoken word de System… qui débouche sur sa suite, …Meltdown. J’adore quand un concert débute par le ou les mêmes morceaux qu’un album, et en l’occurrence, le début de A Flash Flood of Colour (2012) est sûrement l’une des meilleurs ouvertures de la discographie du groupe. Le choix initial est donc déjà très bon, mais revisiter System… en version parlé avant l’explosion de …Meltdown avec l’arrivée du groupe entier est vraiment ingénieux. Le groupe place la barre très haute avec cette arrivée triomphale mais la gardera à cette hauteur pendant tout le long de leur set.
La prestation du groupe s’appuie sur un écran géant situé au fond de la scène et sur des jeux de lumière très travaillé. Enter Shikari exploite au maximum les possibilités de l’écran et chaque morceau du set a le droit à son clip vidéo associé, en harmonie avec l’esprit et le sens de la chanson en question. Les lights suivent également ces différentes ambiances imposées par les morceaux, ce qui permet au public de se plonger entièrement dans l’univers du groupe comme la thématique de l’espace, récurrente dans les compositions du groupe. L’interprétation de Jailbreak est une bonne illustration de la capacité du groupe à donner vie à leurs chansons. Des faisceaux de lumière verticaux se forment devant la scène, comme des barreaux de prison, que Rou viendra éteindre un à un, en suivant l’esprit des paroles du morceau, pour finir par se jeter dans la foule sur la fin du morceau. Brillant! Tout cela rend d’autant mieux que le concert prend place dans la superbe salle qu’est le Trianon.
Les transitions sont également parfaitement maîtrisés, le concert ne connaît quasi également aucun temps mort. Tout semble maîtrisé dans les moindres détails. On se régale également du côté de la setlist car comme à son habitude, le groupe pioche dans l’entièreté de sa discographie pour ravir son public, y compris avec des morceaux rarement joués ces derniers temps. Je pense notamment à Torn Apart et son magnifique refrain, ou le magistral The Sights. L’équilibre est par ailleurs trouvé entre morceaux énergiques aux fortes touches éléctro comme Sssnakepit ou The Jester qui font bouger tout le public et les chansons plus esthétiques et calmes comme le désormais classique satellites**. Tous ces morceaux sont par ailleurs repris avec perfection par les quatre membres du groupe. Rou sort tout de même du lot; entre chant, trompette, communication avec le public, danse, clavier, scream et spoken word, le leader du groupe est au four et au moulin et semble être capable de tout. Le concert se conclut sur le cultissime Sorry, You’re Not a Winner puis sur le morceau éponyme et phare du dernier album du groupe, tel un baiser d’adieu qui met fin à une soirée idyllique.
Enter Shikari a vu les choses en grand suite au triomphe de son septième album A Kiss For The Whole World avec un concert grandiose, digne d’un véritable spectacle. Les Britanniques semblent se réinventer à chaque tournée et continuent de prouver qu’ils sont une figure de proue du rock alternatif et indépendant.
Almost a year after topping the UK charts with A Kiss For The Whole World, Enter Shikari were back in Paris for a show at the Trianon for what was going to be one of the highlights of 2024. Fever 333, whose singer Jason Butler just released a single with Shikari, were also on the bill, as well as Blackout Problems.
The German band took the stage first with determination and explosive energy. Two days before the release of their album RIOT, Blackout Problems want to make a good impression but kind of overdo in my opinion. The musicians stirs up the crowd by singing the lyrics with the singer bu it looks like they’re putting on an act and that no sound came out from their mouth. The singer cannot stood still and manage to visit the whole Trianon in their 30-minute set : in the pit, on the terraces, on the barrier of them, carried by the crowd… Of course it’s great to see such enthusiasm but it doesn’t necessary make a good stage performance. Still, the musical performance of the band is really satisfactory. Their alternative rock with multiple electronic inputs makes sense with opening for Shikari. The band has some catchy tunes like BROTHER. Most of their electronic parts, like the percussions on GERMANY, GERMANY, are played live and it’s always far better than putting them on samples. The band seizes the occasion to announce their return in Paris on October 4th at the Supersonic. Mark your calendar !
The evening continues with Fever 333, who enjoys a rising popularity and looks particularly awaited by the crowd. No drop of energy with them : electric and explosive shows, embodied by their leader Jason Butler, are trademarks for the band. I found their shows at Hellfest and Jera 2023 to be overdone and overrated so I did not have a good feeling at first glance for their set, but I was finally more enthusiastic about their performance than the previous times. Their energy seemed more authentic and less overacted. I still think that their music looks sometimes like a parody of a revolutionary band but I got to admit that they have some catchy and efficient songs. The public seems to love the show as the atmosphere was really hot and the wooden floor turned into a trampoline. As usual, Jason Butler ends the show with a jump on the crowd, this time from the balcony. Even if I’m not a big ban of the band, a 30-minute set seems too short and quite disappointing.
It’s getting close to 9pm and it’s now time for Enter Shikari to show up. Rou alone takes the stage first to perform a spoken word ersion of System… followed logically by … Meltdown. I particularly like shows beggining with the same song(s) that on albums and on this case, the beggining of A Flash Flood of Colour (2012), is one of their greatest album-opening. The initial choice was very good, and revisit System… as a spoken word before the full-band explosion of …Meltdown is very ingenious. The band sets the bar high with their triumphant arrival but will manage to keep it at this level for the whole show.
The band’s show relies on a big screen at the bottom of the stage and very sophisticated lights. Enter Shikari takes the maximum of their screen and every song has a special clip that respects the spirit and the meaning of each song. The lights also follow the different atmospheres, which allow the public to deep dive in the band’s universe, like their recurrent allusion of space. The performance on Jailbreak is a good illustration of how the band give life to their songs. Vertical beams appears in the front of stage, representing the bars of a prison cell, that Rou would eventually turned off one by one, alllowing him to stage dive in the crowd at the end of the song. Brilliant! And the whole thing is even better on such a splendid venue that is the Trianon.
Transitions are also perfect, as the show has almost no time out. Every detail looks under control. The setlist is also filled with great choices and as usual, the band used their whole catalogue to satisfy their public. With Torn Apart and its wonderful chorus or the magic The Sights, the band brought back some songs that weren’t played recently. There’s balance between very energetic and electronic-driven songs like Sssnakepit or The Jester and calmer and more beautiful songs like the new classic satellites **. All of these songs are played perfectly by the 4 musicians. Rou still comes out on top : singing, playing trumpets, communicating with the crowd, dancing, playing keyboards or screaming, he seems to know how to do everything! The show ends with the famous Sorry, You’re Not a Winner and with the self-titled song of their last album, like a big kiss goodnight after an idyllic night!
After the success of their seventh album A Kiss For The Whole World, Enter Shikari took their show to the next level with a spectacular performance. The English band seems to reivent themselves tour after tour and keeps on proving they’re a figurehead of the alt-rock and independant scene.
