Ce vendredi 21 avril parisien proposait un certain dilemme musical : on retrouvait du côté du Zénith les très bons suédois de Sabaton et du côté du Glazart et les circle-pit hip-hopeur de Moscow Death Brigade. Mon choix s’est finalement tourné vers les légendaires Selecter, groupe pionnier du ska 2-tone. Il se trouvait par ailleurs que ce 21 avril s’avérait être également la sortie du seizième et dernier album de la bande de Pauline Black, intitulé Human Algebra. Ce show s’avérait donc spécial et après avoir rempli le Trabendo en 2019, les Britanniques s’attaquent à la mythique Elysée Montmartre.
En première partie, on retrouve le jeune groupe français de ska / rocksteady The Mercurials. Je les avais déjà trouvé très bon en première partie de 8°6 Crew et de Los Tres Puntos en janvier dernier, du côté de la Bellevilloise. Les originaires de Montreuil devaient faire face ce soir à une audience plus importante et à une affiche encore plus prestigieuse. Et force est de constater que le groupe a su remonter ce défi, en proposant ses morceaux très modernes et accrocheurs. On retrouve parmi les morceaux du groupe le titre Hey Girl, qui est à ma connaissance le seul enregistrement sorti par le groupe jusqu’à présent. On attend désormais que les Mercurials nous gratifie d’autres sorties de morceaux!
On reste dans le ska français mais on remonte quelque peu le temps avec Jah On Slide, formé à la fin des années 90 et actif principalement lors des années 2000. Le groupe propose du ska classique, dans la lignée du style 2-tone, avec un tempo plus rapide que leurs prédécesseurs. Ils ne manqueront d’ailleurs pas de placer une petite référence aux Specials lors d’un morceau. Les paroles du dernier morceau (« Everybody dance on ska ») permet au public de commencer à se mouvoir et surtout de se préparer à la suite des évènements.
Emmené par le duo de chanteurs original Pauline Black / Gaps Hendrickson, les Selecter arrivent sur scène vers 21h20 et s’introduisent avec leur reprise du theme des Avengers. Le premier morceau culte du groupe arrive avec Three Minute Hero, le morceau qui ouvre l’album tout aussi culte Too Much Pressure (1980). Et plus de 40 ans plus tard, le morceau et son interprétation n’ont pas pris une ride, les deux chanteurs récitent parfaitement leur partition et l’alchimie entre Pauline et Gaps reste intacte. On retrouvera inévitablement dans la setlist d’autres morceaux issus de cet album de référence, mais le show s’articulera également autour de l’album Celebrate The Bullet (1981), dont Pauline Black rappellera que le titre se veut cynique et que le message initial de l’album est pacifique. S’enchaineront alors quatre morceaux issus de cet album dont les très rarement joués Bristol and Miami et Deep Water. Sur (Who Likes) Facing Situations, qui est un morceau sur lequel seul Gaps chante, on peut noter que Pauline Black vient accompagner le claviériste Lee Horsley dans un moment sympathique alors que certains chanteurs en auraient profité pour quitter la scène le temps du morceau. Le nouvel album Human Algebra sera également mis en avant, avec la performance des deux singles issus de l’album. On peut s’appercevoir que Pauline Black n’a rien perdu de sa superbe voix sur le morceau éponyme Human Algebra et que le groupe a toujours une créativité intacte sur War War War. Ce nouvel album marque par ailleurs le retour de Charley ‘Aitch’ Bembridge, le batteur originel du groupe, qui n’avait pas officié dans la bande depuis 1981 et la première séparation du groupe.
L’ensemble des musiciens joue parfaitement leur partition mais c’est Pauline Black qui sort tout de même du lot. Son enthousiasme est contagieux, sa prestance scénique est source d’admiration et sa voix toujours aussi claire. Elle semble également proche du public, que ce soit sur scène en échangeant parfois avec certaines personnes de l’audience, mais également en dehors de la scène. Nous pouvions en effet la rencontrer à la table du merchandising pendant les premières parties mais également quelques minutes à la fin du concert afin de se prendre en photo avec elle ou de se faire signer son autobiographie Black by Design : A 2-Tone Memoir qu’elle vendait pour l’occasion.
Le show touche à sa fin sur l’inévitable et fantastique On My Radio, pendant lequel l’ambiance montera d’un voire plusieurs crans comparé au reste du concert. Il faut dire que ce morceau est particulièrement dansant et qu’il demeure un morceau mondialement connu, bien plus qu’aucun autre titre du groupe. C’est sur Too Much Pressure que s’achève le show, un morceau fabuleux qui met en avant la complicité et la complémentarité des deux chanteurs. On peut regretter que le show touche déjà à sa fin mais le couvre-feu sonore exigé par l’Elysée Montmartre est fixé à 22h30, ce qui empêche le groupe de jouer des autres classiques issus de Too Much Pressure comme Murder ou Time Hard (Everyday), un de mes morceaux préférés du groupe. Le concert n’en reste pas moins un vrai moment de plaisir pendant lequel le public aura skanker à de nombreuses reprises. Le tragique décès, en décembre dernier, de Terry Hall, chanteur des Specials, groupe également pionnier du 2-tone, nous rappelle que ces groupes légendaires comme les Specials ou les Selecter ne sont malheureusement pas éternels et qu’il faut profiter de ces concerts et de la possibilité d’expérimenter ces événements tant qu’on le peut.
Merci aux Selecter pour l’accréditation et merci à Pauline Black pour sa gentillesse!
