Après avoir fêté les 40 ans des Ludwig en fin d’année dernière au Trianon, c’est à un autre groupe de légende du punk français de souffler sa quarantième bougie : Les Shériff ! Pour l’occasion, ils sont venus poser leurs valises au Bataclan et ont réussi à faire le plein en ce vendredi soir.
La soirée commence avec Le Réparateur. Derrière ce nom peu évocateur se cache un duo composé d’un chanteur-guitariste et d’un batteur. La salle se remplit au fur et à mesure de leur concert et le duo finit par jouer devant une salle très bien remplie. Le Réparateur propose du punk rock classique avec des paroles un peu débiles. J’ai toujours du mal avec ce genre de groupe minimaliste et « à l’arrache » et celui-là ne fait pas exception. Je souscris pas trop à l’humour potache et vulgaire, et encore moins dans la musique… Difficile donc de trouver mon compte lors de ce premier show de la soirée. D’autant plus que j’ai l’impression que le chanteur joue la comédie en faisant semblant de se prendre les pieds dans leurs câbles ou d’oublier les paroles de ses chansons… Pas pour moi !
On enchaîne avec Poésie Zéro et je ne suis pas plus emballé. On reste sur un humour particulier, entre parodie et débilité assumée et c’est toujours pas ma tasse de thé. D’autant plus que musicalement on est sur un style assez spécial avec une grosse importance de l’électronique pour la rythmique, puisqu’il n’y a pas de batterie. On ne retrouve d’ailleurs seulement qu’une guitare comme instrument présent sur scène… C’est un peu léger à mon goût. Je ne suis de base pas un grand amateur de Poésie Zéro, mais je trouve d’autant plus dommage qu’ils soient à l’affiche étant donné qu’ils étaient déjà en première partie des Shériff lors de leur passage au Trabendo en juillet 2022…
Il est cependant indéniable que le groupe est en plein essor au vu de l’ambiance pendant leur concert et du beau nombre de personnes qui connaissent et chantent les paroles. Il faut dire que le groupe commence à se faire une place sur la scène française avec notamment des passages dans des festivals de renom (Xtreme Fest, Hellfest, Rock Your Brain…).
Il est bientôt 21h et on attend désormais les Shériff qui nous présentent leur nouveau backdrop reprenant le visuel de l’affiche avec le gâteau d’anniversaire marqué du nombre 40. Les cinq compères débarquent enfin sur scène avec la désormais phrase culte qui ferait rougir Motörhead « Bonsoir tout le monde, on est Les Shériff, et on vient de Montpellier! ». Le show commence avec surprise par Sortez les bulldozer, un morceau rarement joué mais un choix judicieux. Ce ne sera d’ailleurs pas la seule surprise du côté de la setlist avec la présence de plusieurs morceaux qui n’avaient pas été joués depuis longtemps. On pense notamment au très beau Tant de temps ou à Allô la police. C’est un peu dommage qu’Olivier ait besoin d’une feuille avec les paroles pour chanter certains de ces morceaux mais on lui pardonne, car c’est vraiment une bonne chose de ressortir certains morceaux issus de la riche discographie du groupe pour ce concert évènement.
La recette des Shériff reste la même et le public y souscrit toujours autant. Les morceaux sont annoncés par Olivier en reprenant les paroles du refrain et les chansons s’enchainent dans un rythme élevé. Quelques pauses tout de même pour que tout le monde reprenne son souffle mais l’endurance reste de mise pour les 5 montpelliérains, malgré l’âge. Cela donne une très belle setlist composé de 29 morceaux, le tout en 1h30! De quoi ravir à la fois les grands connaisseurs du groupe avec des deep cuts, le « grand public » avec les classiques du groupe mais également les éventuels fans plus récents avec des morceaux issus du dernier album Grand bombardement tardif (2021). On retrouve parmi ceux-ci l’hommage à leur ville natale sur A Montpellier, mais également Loin du chaos, duquel le prochain album live du groupe (Près du chaos, qui sortira le 10 mai 2024) tire son nom.
Malgré cette soirée anniversaire, les Shériff n’en font pas trop sur ce quarantième printemps et ne se détourne quasiment pas de leur formule habituelle, pour le plus grand plaisir d’un public qui est en terrain connu. Et il faut dire que l’ambiance était particulièrement chaude en ce vendredi soir, que ce soit dans le pogo ou pour chanter en chœur : le public du bataclan a clairement été à la hauteur de l’évènement. Ce n’était pourtant pas une mince affaire de remplir cette salle de 1500 personnes, alors que le dernier passage du groupe était au Trabendo, une salle deux fois plus petite. Le groupe est également en terrain connu au Bataclan, puisque la tournée de reformation du groupe (en 2014) était passée par la salle parisienne. La preuve que la musique des Montpelliérains continue de trouver son public, malgré le temps passé!
Olivier se voit offrir une belle batte de base-ball à l’effigie du groupe lors du rappel, un beau clin d’oeil en référence au classique A coup de battes de base-ball qui fait évidemment partie des incontournables joués ce soir. Au même titre que Les 2 doigts (dans la prise), Jouer avec le feu ou La saga des Shériff. Ce dernier donnera quant à lui son nom à la biographie du groupe qui paraîtra le 2 mars : une très bonne initiative pour se plonger dans l’histoire de la bande, qui est à coup sûr passionnante! Le concert se termine sur une touche humoristique involontaire avec le faux départ de l’indémodable 3,2,1… Zéro, qui a du être redémarré car Olivier en avait oublié les premières paroles. Comme quoi, les Shériff, malgré ce show dantesque et leur statut de légende, restent malgré tout humains…
Devant le public du Bataclan survolté, les Shériff ont fêté dignement leur quarantième année qui s’annonce chargée, entre leur tournée anniversaire, la sortie d’un album live et d’une biographie. Fidèle à leur recette désormais traditionnelle, les Montpelliérains ont fait honneur à leur riche discographie en piochant des morceaux de toutes les époques du groupe, avec toujours autant d’efficacité.
