En cette fin d’année 2023, il ne nous restait que quelques jours pour fêter les 4O ans d’existence des Ludwig Von 88, qui, comme son nom ne l’indique pas, ont vu le jour en 1983. Pour marquer le coup dans la capitale, les Ludwig ont posé leurs valises pleines de déguisements au Trianon pour deux concerts anniversaire. Pour la première de ces deux soirées, le groupe était accompagné de René Binamé.
Le groupe belge arrive sur scène vers 19h30 alors que le public est encore assez peu nombreux. Les musiciens se présentent autour de Binam’, le batteur et chanteur du groupe. La scène étant déjà installée pour les Ludwig, le groupe dispose d’assez peu de place sur la scène du Trianon. Les belges proposent au public peu connaisseur un set de 45 minutes constitué à la fois de reprises (de morceaux peu connus si je ne m’abuse) et de chansons originales. Le style du groupe colle plutôt bien à la soirée : un mélange de chansons politiques et de chansonnettes presque enfantines. Les connaisseurs sauront d’ailleurs se souvenir que René Binamé et Ludwig Von 88 avaient sorti un split ensemble en 1998 (Saint-Valentin 98). Ce n’est donc pas un hasard si on retrouve le groupe belge ce soir et on comprend que les Ludwig aient souhaité partager la scène avec des camarades de longue de date!
La scène étant déjà prête, on attend seulement 20 minutes avant de retrouver les Ludwig Von 88. L’année a été chargé pour les Ludwig qui ont vu les choses en grand afin de fêter « 40 ans de punk approximatif », pour reprendre leurs termes. Tout au long de l’année et plus précisément toutes les semaines sortait un nouveau morceau du groupe. Ces différents morceaux ont finalement été regroupés selon leur saison de sortie dans 4 albums. Ce qui donne tout de même plus de 50 morceaux sur l’année! Le groupe a également été actif sur la scène avec 40 concerts anniversaires dont un passage au Hellfest en juin dernier. Cette année chargé se termine donc avec ces deux dates dans la magnifique salle du Trianon.
Le groupe débarque avec Sur la vie d’mon père et le public n’attend pas de se laisser convaincre pour exulter. Le groupe a apporté comme à son habitude ses décorations traditionnelles, entre peluches d’animaux, fleurs artificielles et garde robe bien fournie afin que les membres du groupe puissent se déguiser en fonction des morceaux. Ce qui est moins habituel mais plus que le bienvenue est la présence d’une section cuivre, qui se présente à nous dès le troisième morceau, Mon coeur s’envole. Pour avoir déjà vu plusieurs fois le groupe auparavant, j’ai toujours trouvé regrettable de ne pas entendre en live les trombones ou trompettes qui sont présents et très importants sur certains morceaux. On prend donc d’autant plus notre pied ce soir avec la présence de ces 5 musiciens supplémentaires! Cela nous permet par ailleurs de profiter d’une version encore plus fidèle de New Orleans, présenté ironiquement comme le « tube de la soirée » par Karim Berrouka. Au delà de la blague, ce morceau reste un vrai chef d’œuvre dont les paroles résonnent comme de la poésie à mes oreilles.
Sans en faire trop sur leur quarantième anniversaire, le groupe affiche son enthousiasme habituel, symbolisé par Karim au chant qui ne tient pas en place. Le public ne tient pas en place non plus et l’ambiance est vraiment très bonne. Le public reprend en chœur les chansons « à chanter » comme le reggae Pocahontas (chaque fois) ou sur le classique HLM, et se déchainera sur les morceaux plus punk comme Louison Bober For Ever ou Guerriers Balubas. Ce dernier morceau reste un incontournable du répertoire du groupe et son riff de guitare réalisé par Bruno Garcia représente toujours un grand moment d’un concert des Ludwig. On retrouve également quelques chansons sortis tout au long de l’année comme les militantes Job de merde ou Louise sur les barricades. Le show reste centré autour des deux albums phares du groupe qui sont également leurs deux premiers à savoir Houla la ! (1986) et Houlala 2 : La Mission (1987). Les déguisements suivent en fonction de ces morceaux et on retrouve donc les membres du groupe avec un casque de soldat sur les morceaux antimilitaristes Marche et Sur les sentiers de la gloire, des maillots de cyclisme sur Louison Bobet For Ever et des masques d’animaux pour 30 millions d’amis. Malgré les années, je trouve ça toujours aussi bien que le groupe continue à utiliser ses déguisements, qui sont devenus presque traditionnels. Au delà du comique lié au déguisement, tout cela fait partie intégrante de l’identité des Ludwig et on imagine mal un concert sans toutes ces petites décorations et artifices.
Au terme d’un concert de 1h40 avec deux rappels, le show se termine comme de coutume sur un Houla la! à rallonge où seront conviés l’ensemble des musiciens de la soirée, dont notamment François, l’ancien bassiste du groupe qui est venu épauler ses anciens camarades sur quelques morceaux.
A l’occasion de leurs 40 ans, les Ludwig Von 88 ont conclu de belle manière leur très chargée année 2023 avec un premier concert au Trianon toujours aussi plaisant. Sans vouloir en faire trop sur cet anniversaire, les pionniers du mouvement punk / alternatif français ont proposé un show plein d’énergie et de fantaisie, dans leurs habitudes. La section cuivre invitée pour l’occasion aura permis de marquer encore plus le coup et de rendre un encore meilleur hommage à tous ces morceaux iconiques.
Merci à 3C pour l’accréditation et au Trianon pour l’accueil!
