Pour la dernière date de leur tournée Européenne et à quelques semaines de la sortie de leur 5ème album, les Gallois de Neck Deep faisaient halte dans notre capitale, à la machine du moulin rouge. Pour les accompagner, Opus Live a misé sur deux valeurs sûres issues de la scène alternative française à savoir Oakman et Two Trains Left.
La soirée commence avec Two Trains Left, dont je rate le début du concert (mais pour une bonne raison puisque vous pouvez retrouver une interview avec Oakman). Je profite tout de même de la bonne moitié du set du groupe que je trouve toujours aussi efficace. Le groupe reste fidèle à sa recette : du pop punk classique, mélodique et dynamique. Depuis le très bon As Safe As Yesterday (2021), Two Trains Left a sorti un bon nombre de singles qu’on retrouvera dans la setlist de la soirée. Même si je m’attache habituellement plus aux morceaux lorsqu’ils sont sur un album ou un EP, ces nouveaux morceaux sont tout aussi efficaces que ceux présents sur As Safe As Yesterday. Ce qui ne présage que du bon pour, je l’espère, la sortie d’un album prochainement ! J’aurai quand même bien troqué un de ces singles du groupe pour All My Best, qui est selon moi le morceau qui ressort le plus de leur EP et qui représente le mieux l’esprit du groupe.
C’est ensuite au tour des Lyonnais de Oakman de monter sur scène. Le groupe vient de sortir son single Missed Connections quelques jours avant le concert et c’est avec ce morceau que les trois musiciens débutent le concert. Le morceau est dans le même esprit et la même lignée que ceux présents sur le dernier EP du groupe SCP et c’est forcément une éloge de faire cette comparaison. Le groupe a le sens du détail et on retrouve sur scène certaines décorations issues du clip de Missed Connections. La prestation vocale de Marine est toujours remarquable, alors qu’elle doit également jongler entre guitare, clavier et communication avec le public. Le morceau SCP, sur lequel la chanteuse invite le public à sortir les flashs de téléphone, est déjà un magnifique morceau, mais sa prestation live lui donne une dimension encore plus spéciale. Oakman prouve une nouvelle fois qu’il maîtrise à merveille sa formule à mi-chemin entre pop-rock, pop-punk et synth-pop. Le trio termine son (trop) court set avec Clear Enough, comme à leur habitude.
Alors que c’était Static Dress qui officiait en tant que première partie pour le reste de la tournée de Neck Deep, nous avons eu le droit à un début de soirée 100% français. On peut d’une part estimer que nous n’avons pas perdu au change mais aussi que Two Trains Left et Oakman étaient tout à fait légitimes et adaptés à cette soirée. Pour ces groupes qui n’ont pas forcément encore les opportunités de faire des grosses tournées, c’est toujours important de leur donner de la visibilité sur ce genre de dates. Merci donc à Opus Live pour ça!
On s’approche des 21h et le public attend désormais l’arrivée de Neck Deep sur scène. Le groupe commence son set avec Sonderland, le morceau qui ouvre le dernier album en date du groupe, All Distortions Are Intentional (2020). Avec ses sonorités plus pop-rock et alt-rock, cet album demeure à mes yeux un peu à part dans la discographie du groupe. Il faut aussi dire que sa sortie en juillet 2020 n’aide pas à en faire un album « normal ». Ceci dit, Sonderland reste très efficace en tant que show opener. Le concert rentre tout de même dans une autre dimension lorsque le groupe reprend Kali Ma, un des nombreux classiques du groupe présents sur son album phare, Life’s Not Out To Get You (2015). L’énergie qui se dégage du morceau ressurgit sur le public qui reprend à l’unisson les paroles de ce titre en s’agitant presque autant que Ben Barlow.
Et pourtant, on ne peut pas dire que le chanteur Gallois soit très calme ce soir. Entre discours pro-palestinien et anti-gouvernement avant de jouer Citizens of Earth, un petit joint partagé avec un membre du public (clin d’oeil au morceau Lowlife) et des high-fives à la pelle, on peut dire que Ben est en roue libre. Et c’est génial. On sent qu’il est à l’aise, spontanée et qu’il partage le plaisir et l’énergie du public. Une scénographie minimaliste, pas d’artifice ou de jeux de lumière incroyables, pas de barrière entre la scène et le public : Neck Deep continue de jouer la carte de l’intimité pour ses concerts. Et ce alors que le groupe a atteint une renommée et une popularité importante : en attestent ses concerts parisiens qui ne cesse de se produire dans des salles de plus en plus grandes. Ce choix me va à ravir, tout d’abord car je trouve que le pop-punk de Neck Deep, qui évoque et incarne la fougue et la magie de la jeunesse, se prête complètement à des shows plein d’énergie et de simplicité. Mais la réussite de ce genre de concert est également très dépendante du public, et celui-ci a largement contribué à la qualité de notre soirée. Alors qu’il est courant que le public abuse d’une scène sans barrière, ce ne fut pas le cas ce soir. Pas de type bourré qui reste planté une heure sur scène, personne qui abuse de la proximité avec les musiciens, bref, une atmosphère bienveillante, entre stage-dive et singalongs partagé par un public bien connaisseur du répertoire du groupe.
En parlant du répertoire du groupe, celui-ci va s’agrandir avec l’arrivée du cinquième album du groupe en janvier prochain. En attendant, le groupe a déjà sorti plusieurs singles que nous avons eu le plaisir d’entendre en ce lundi soir, dont le dernier en date, le très beau It Won’t Be Like This Forever. Le set du groupe reste majoritairement composé des morceaux de LNOTGY, pour notre plus grand plaisir car des morceaux comme Can’t Kick Up The Roots ou Gold Steps, sont devenus de vrais hymnes pop-punk. Il aura fallu attendre le rappel pour que le groupe joue des morceaux issus de The Peace and The Panic (2017) mais l’attente en aura valu la peine. A commencer par Motion Sickness, le morceau avec lequel le groupe débuta son rappel. L’énergie qui ressort de ce morceau, et plus particulièrement de l’alchimie entre son riff effréné et sa batterie tonnante, est vraiment incroyable. Le guitariste Matt West y posera d’ailleurs ses meilleurs acrobaties dont ses désormais classiques tours sur lui-même. Le concert se clôture sur ce qu’on peut considérer comme le tube du groupe, à savoir le magnifique et toujours efficace In Bloom, qui oblige chacun à finir les 1h20 du concert des Gallois avec un large sourire sur le visage.
Au terme d’une soirée où la scène pop-punk française aura été mise en valeur avec Oakman et Two Trains Left, les Gallois de Neck Deep ont confirmé qu’ils demeuraient un des fers de lance de la scène pop-punk actuelle. La bande de Ben Barlow a proposé un concert sans artifice mais avec une énergie folle et une vraie proximité avec son public.
Merci à Opus Live pour l’accréditation et à la machine du moulin rouge pour son accueil!
