Le 02 Février 2023 avait lieu le concert de LS Dunes, accompagné de la chanteuse Kayleigh Goldsworthy, pour une soirée à réchauffer les cœur, en plein hiver. Plaid, bougie et chocolat chaud ? Pas exactement. Mais chaleur humaine, oui.
L’ambiance est intimiste, presque confidentielle. La date a des allures de secret show, tant peu de promotion a été faite. Il faut dire qu’avec les figures présentes dans ce super-groupe, il ne devrait pas avoir à en faire : Franck Iero (My Chemical Romance), Anthony Green (Saosin/Circa Survive), Travis Stever (Coheed and Cambria), Tucker Rule (Thursday/Yellowcard) et Tim Payne (Thursday). Rien que ça.
Si nous nous attendions à des aficionados de la première heure, c’est étonnamment un public très jeune que nous trouvons dans cette petite salle. Tant mieux, la relève est là, et le bon goût musical ne sera pas perdu dans le flot des générations.
En parlant de jeunesse, c’est la chanteuse Kayleigh Goldsworthy, âgée d’une vingtaine d’années, qui nous berce de ses douces histoires en guise de première partie. ses morceaux sont colorés, pailletés, dignes d’un film de teenage romance sur la West Coast, et ça fait du bien. La musicienne, accompagnée de sa guitare nous conte cette belle histoire avec aisance, elle utilise sa magie pour nous dérider, nous sortir de la grisaille parisienne. Sa candeur est rafraîchissante, et ses chansons si lumineuses qu’elles nous ramènent tout droit en enfance, comme un Boomerang, où rien ne semble pouvoir nous arriver, comme dans les Disney. Lâcher prise et se laisser aller au fil de son récit dont prises de parole entre chaque titre en est la narration, est si facile. Nous vivons avec elle les péripéties de notre héroïne : celle d’un trajet un peu trop alcoolisé en avion (« Jamie »), d’un petit fantôme (« Little Ghost »), de peines de cœur, de relations toxiques, et celle d’un amour véritable qui réside dans le fait de souhaiter le meilleur à la personne aimée (« You’re Good »). Et comme tout bon film d’ados, la protagoniste réalise son rêve, qui n’est finalement pas trop ambitieux (« Overambitious ») : celui de jouer entourée des musiciens de LS Dunes, pour un dernier morceau.
La morale de l’histoire est belle, tout comme les valeurs qui sont présentes tout au long de cette demi heure. Ce show fut teinté d’innocence, et a été pour nous une véritable bulle d’oxygène, hors du temps. Des notes de printemps en plein hiver, un retour en enfance, un film de Noël.
Mais cette belle histoire s’écrit en deux temps. Et dans la deuxième partie, l’écrivain de cette soirée a décidé d’inscrire non pas l’histoire d’un prince charmant, mais de plusieurs rois. Ces derniers règnent sur le royaume de la musique emo. Ils ont conquis plus d’un cœur en de nombreuses années, et surtout nos cœurs adolescents. Dans cette nouvelle quête, les héros unissent leurs pouvoirs afin de sauver les âmes de jeunes adultes en perdition. Prenant un tournant plus fantastique que sa première partie, cette tête d’affiche nous conduit d’entrée dans une épopée enivrante avec une situation initiale aussi fracassante que « Bombsquad », suivie de « Like Forever ». Leurs titres ont quelque chose de très familiers, comme s’ils avaient accompagné notre vie jusqu’ici, telle la bande son de nos existences et de nos tourments passés et présents. Armés de leurs instruments, les musiciens exécutent un plan séquence incroyable du début à la fin du concert, sans une fausse note, tandis que la voix angélique d’Anthony fait un monologue face caméra pour nous délivrer des messages importants sur l’existence, sur les souffrances que nous pouvons traverser, sur les contre nos addictions et pour la santé mentale. Le public est scotché devant cette écriture théâtrale. Le casting est vraiment parfait. Ces princes de la peine continuent de gratter au plus profond de notre être avec « Grey Veins » et la très organique et imagée « It Takes Time », dont la basse chatouille nos viscères. Au travers d’une setlist bien menée, et au delà de l’apparence sombre des titres, les musiciens nous offrent une expérience cathartique, joyeuse, pleine de force, de puissance. La foule hurle cette douleur à pleins poumons, cramponnée au bras du frontman sur « Permanent Rebellion ». Au rythme de cette musique qui résonne en nous, nous mettons à distance nos peines, grâce à des textes écrits avec le cœur, plein d’authenticité, et qui ont une portée suffisamment universelle pour que nous puissions nous reconnaître dedans. Les morceaux de LS Dunes nous font nous sentir indéniablement vivants, tellement vivants que nous sommes à deux doigts de faire revivre nos Past Lives. La musique de LS Dunes est une ode spontanée à la vie, et cela ne manquera pas de transparaître dans l’attitude des garçons qui ne manqueront pas de faire des blagues, sur Tucker, ou sur la moyenne d’âge du fond de la salle où se sont réfugiés « les gens de mon âge » affirme le chanteur. Cette authenticité, cette honnêteté, est sans doute ce qui fera vibrer nos âmes à l’unisson ce soir, et nous rappeler que nous sommes tous des êtres humains, traversant des difficultés similaires, ayant besoin de douceur de la même manière (que nous aura offert Kayleigh), et qu’ensemble, nous sommes plus forts que la vie, tout comme ce super-groupe sublime le talent de chaque membre individuellement pour en faire quelque chose de plus grand encore.
Les crédits de fin défilent, mais ce n’est pas fini, il nous reste les scènes bonus, avec la déchirante « 2022 », symbole de victoire pour le vocaliste puisque nous sommes en 2023, ainsi que « Sleep Cult » et son « Sorry that I Wish that I was dead » sur laquelle nos monarques feront revenir Kayleigh pour les accompagner au violon, et laissera présager une suite potentielle à cette aventure, parce que la santé mentale est un combat permanent, et qu’il ne fait aucun doute que ce nouveaux titres seront là pour nous soutenir dans les moments les plus difficiles.