Le 15 décembre avait lieu une date infernale au Backstage By The Mill, en compagnie de Allt, Humanity’s Last Breath et Bleed From Within. Une soirée dont on ne sortira pas indemne.
Les suédois du groupe Allt entrent sur scène. Très vite, nous sentons nous capacités altérées, comme s’il y avait eu une Rupture dans notre système cognitif. Et alors que nous nous sentons Paralyzed par cette soudaine agression qui bouleverse notre harmonie, la formation nous chahute avec des titres brutaux, énergiques, à la limite du djent dans les riffs brillants de Florm et Nordstorm, qui ne nous laisseront que peu de répit. Pourtant, nous aurions bien besoin d’une halte, d’un peu de quiétude (Quietus). Le public est déchaîné. Le chanteur Malmgren incite au wall of death et il fait chaud, très chaud, si bien que le frontman retire précipitamment son T-shirt. Tous les signes d’un évanouissement prochain sont là. S’il y a un équilibre dans leurs arrangements, nous perdons le notre dans la bousculade du pit. Notre vue s’obstrue avec « Blindsight ». En un clin d’œil, c’est terminé nous nous. Un évanouissement de notre bien être. Avec ce set maîtrisé, bien qu’un ton en dessous de leurs productions studio, notamment en raison d’un son écrasant, les garçons ont semé la graine de notre propre destruction.
Et notre mal-être ne va pas aller en s’arrangeant avec l’arrivée de Humanity’s last breath. Les sonorités religieuses de leur entrée nous laisse entendre que notre heure a sonné. Dödgud signe le début de notre fin. Le frontman, semblable à la faucheuse avec sa capuche noire sur la tête, initie le chaos dans la salle dès les premières notes. Notre respiration s’accélère à mesure que le set avance. Il devient difficile de respirer, notre mal être descend dans nos poumons. « Bellua Pt. 1 », « Tide », « Human Swarm », « Abyssal Mouth »… les titres s’enchaînent sans nous laisser de répit. La fosse est à bout de souffle. L’utilisation outrageuse de la double pédale ne le permet pas, il faut dire. Les suédois nous offrent une performance sombre et dissonante à souhait, avec un son qualitativement meilleur que leurs prédécesseurs. La formation termine sur « Vanda » puis « Earthless ». Nous n’avons pas vu le temps défiler. Pas le temps de dire « ouf ». Et cela est inquiétant pour la suite. Ce soir sera sûrement notre dernier souffle.
Ouvrant sur « I am Damnation », les écossait de Bleed From Within donnent le ton. Le tourbillon de notes nous donne le vertige. Le public débite les paroles, hurlées si fort que nous pourrions croire à une aphasie. Dans le pit, on se heurte si fort que nous en sommes à nous demander s’ils n’ont pas un trouble de la sensibilité du corps, ou en tous cas de la coordination. Leur musique provoque tous les symptômes d’une hémorragie cérébrale. Et cela n’est pas sans inquiéter le frontman qui, suite à la chute d’un fan, interrompt son discours pour demander à ce que nous prenions soin les uns des autres, et insister sur le fait que cet endroit doit être une safe place. Leur bienveillance nous ramène à la raison, et soigne peu à peu ce sentiment de perte de moyens. Régulièrement, Scott Kennedy, au chant, nous rappelle à quel point ils sont heureux d’être là, et de ce que le public leur rend. Leurs paroles soignent nos maux, causés par les morceaux agressifs qui nous ont menés à nous sentir ainsi ce soir. Mais quelque chose ne va pas. Sont-ils des anges, ou des infirmiers qui essaient de nous sauver sur terre ? Sur la sublime Levitate, nous nous sentons quitter le sol. Pour cette dernière, le vocaliste d’Allt se joint à Scott pour ce voyage. Nous nous retrouvons Into Nothing et il va falloir trouver notre chemin (Pathfinder). Nous sommes tombés de si haut que nous avons probablement une Fracture. Sommes nous dans un Afterlife ? Sommes nous au Paradise ou sommes nous guéris ? Nous ne le savons pas vraiment, mais quoi qu’il en soit, rien ne sera jamais plus comme avant, c’est The End of All We Know.
Nous parvenons finalement à nous en sortir vivants, non pas sans dommages neurologiques, ni sans séquelles physique. Les trois groupes nous ont offert des performances d’une violence inouïe, d’une urgence folle, dont personne ne sortira indemne.