Le 4 octobre dernier avait lieu le concert de Our Hollow Our Home au Klub. Pour avoir un aperçu de cette soirée mouvement, on vous invite à lire, faites comme à la maison !
Dans notre capitale, la scène metalcore est un petit monde… pour ne pas dire que c’est quasiment un club. En cela, il semblait logique de proposer le Klub pour être l’hôte de cette soirée.
Il est temps de faire tomber les remparts de l’anonymat pour TheCityIsOurs, qui prennent possession des lieux pour leur premier concert en France. Ce groupe malheureusement encore très méconnu en France est déterminé à prendre d’assaut ce nouveau public qui s’offre à lui et n’hésite pas une seconde avant de s’élancer à la conquête de cette petite salle, dans laquelle ils semble immédiatement très à l’aise. D’entrée, Oli, le frontman vient à la rencontre de ce peuple inconnu : « allez, approchez vous ! On ne va pas laisser cet espace vide ! », avant de s’élancer lui-même dans la fosse. La glace est très vite brisée. En effet, les garçons débordent d’énergie et cela est contagieux : la foule reprend le refrain de titres tels que la fédératrice So Sad ou encore A Reason, qui leur étaient pourtant inconnues quelques minutes auparavant. Pour autant, l’alchimie prend très vite, et les paroles entrent rapidement en tête. Nous sommes assiégés de growls, de break-downs, mêlés à des textes touchants. On sent les membres impliqués dans l’apprivoisement de ce nouveau public. Mikey (guitare/chant) s’élance à son tour, suivi par Oli. Leur performance est propre et qualitative. Armé d’une voix puissante, le frontman s’offrira même le luxe d’un chant a cappella, envahissant tout l’espace de la petite salle de par sa résonance. L’audience accueille chaque morceau avec davantage de ferveur, et lorsque leur performance se termine, une forme de tristesse se fait sentir. Les musiciens ont certainement conquis des cœurs ce soir, et l’espace d’un set, la ville, notre communauté représentée par l’espace de cette salle, aurait presque semblé leur appartenir. Il est temps pour eux de rejoindre les habitants du Klub pour assister à l’avènement de cette nouvelle ville fictive, qu’ils ont contribué à ériger.
Certains oiseaux sont signe de mauvais présage. Aviana, bien que suédois, ont un nom qui signifie « oiseau », et il faut croire que ces derniers soient de mauvais augure. Si quelques secondes auparavant, les garçons dansaient sur de l’électro au fond de la salle, le vent semble tourner lorsque ces derniers, les visages cachés par des masques démoniaques, montent sur scène. Dès les premières notes, les musiciens sèment le chaos. Leurs instruments en guise d’armes, ils fendent l’air de mélodies agressives, lourdes, bien plus denses que ce que proposait TheCityIsOurs. Contrairement à leurs prédécesseurs, ils ne sont pas venus en paix, mais imposer leur culte. Ils savent précisément ce qu’ils veulent. Leur musique est rodée, taillée au millimètre près. C’est une inquisition. Le chant de Joel est incisif, et ses sceams nous crucifient sur place. Ils nous assènent de leur Rage, si bien que même les ailes des anges seraient lourdes (Heavy Feather) devant tant de négativité. La puissance de leur setlist est d’une force telle qu’elle emporte tout sur son passage. Nous sombrons dans l’Oblivion. Nous comprenons vite que ce serait une hérésie de ne pas de laisser prendre au jeu et se confondre dans la masse de corps qui se bousculent dans le pit pour acclamer ce nouvel ordre. Mais si Aviana se pose en despote, ils aiment pour autant le peuple qu’ils viennent d’asservir : régulièrement, les membres envoient des cœurs avec leurs mains au public, et le frontman ne manque pas de leur sourire, comme une sorte d’Anomaly dans leur processus. Peut-être la faille pour s’en sortir, que leur amour pour leur public fait qu’ils seront leur pire ennemi (My Worst Enemy) les conduisant à être détrônés. Dans la fosse se créée une masse de corps, de plus en plus unis, comme une force résistante, une force transcendante qui, dans l’Obsession de leurs musique, aura trouvé un moyen de s’unir et de trouver davantage de force et de plaisir en étant ensemble. C’est alors que les démons quittent la scène, laissant un sentiment partagé entre le vide dû au fait que ce soit terminé, et joie extrême de ce moment vécu.
En Groenlandais, Aviana signifie « famille ». Peut-être que la violence de leur musique aura permis de créer une famille, qui se sera formée à travers une passion commune, pour passer un moment de grande qualité.
Sur ces ruines, ce vide laissé par la performance dévastatrice d’Aviana, c’est au tour de la tête d’affiche Our Hollow, Our Home de jouer. Mais sur ces ruines, les Monarchs qu’ils sont feront leur royaume, et reconstruirons une demeure plus paisible. Les anglais offrent à leur peuple une lueur d’espoir, la croyance en un monde meilleur possible, avec notamment leur titre Better Daze. Ils agissent comme des guérisseurs de nos maux, armés de paroles importantes, à propos de la santé mentale, de l’anxiété (Remember Me), des malheurs de la vie, afin que chacun puisse s’y reconnaître et puisse rejoindre la meute, en comprenant que nous ne sommes pas seuls, et que nous serons plus forts ensemble. Ainsi, ils offrent aux loups que nous sommes, un trône (Throne To The Wolves). Ainsi, dans la petite salle du Klub, un troupeau s’est formé devant la scène, se bousculant devant leur chef de meute, qui hurle des paroles, tapant les mains, souriant à ses compagnons de route, fédérant ainsi un groupe voué à faire un bout de chemin ensemble. Nous sommes une famille prête à défendre notre ville dans toute éventuelle bataille (Battle X City), notamment celle de la vie. A l’unisson, les voix reprennent en chœur les chants d’Idlewaves, Shatterdome, de Seven Years (Shine A Light On Me). Cette dernière résonne d’une manière très particulière, tant pour les émotions vécues par Tobias, au chant, particulièrement communicatives durant ce morceau si particulier, que pour cette nouvelle page qui s’écrit ce soir : celle d’une famille qui naît. Our Hollow Our Home a ce pouvoir de faire naître à partir des cendres, de trouver de l’espoir dans néant. Tobias vit les morceaux comme s’il se sacrifiait en vivant cette douleur pour nous en sauver et nous offrir une catharsis à travers ces derniers. Les musiciens nous ont offert un set d’une grande qualité, avec des morceaux parfaitement exécutés, et dans une atmosphère particulièrement positive et enivrante. Ils on su faire vivre leur idées, les partager avec tout leur cœur, et ces dernières ont vibré à travers nous avant d’y élire domicile. Il semblerait que l’adage « Home is where the heart is » n’aura jamais été aussi vrai que ce soir.
Ce soir, la cave du Klub a bien été leur maison, notre maison. Nous avons rempli ce vide avec nos chants, avec ce moment de partage, de chaleur humaine et d’amour presque palpable.