Euroblast 2019

                                                                                                         EUROBLAST 2019

 

La première fois que je suis allé à l’Euroblast, c’était pour l’édition précédente en 2018. J’y étais allé principalement pour les légendes de Vildhjarta qui y jouaient leur premier concert en 4 ans de silence, ainsi que pour de nombreux autres groupes qui m’attiraient l’oeil. Cette année, je ne comptais pas y aller, l’affiche n’attirant plus autant mon attention (malgré sa grande qualité), et un festival reste quand même assez coûteux, surtout l’Euroblast qui est situé en ville, ce qui nécéssite donc un certain investissement en terme de logement. Mais au dernier moment, j’ai eu la possibilité de me rendre au festival à moindre coût, par l’intermédiaire d’une amie qui était dans l’équipe des bénévoles et m’a obtenu des réductions sur les différentes dépenses liées au festival. Je ne la remercierai jamais assez pour cette opportunité, car cette édition de l’Euroblast était tout simplement le meilleur festival auquel j’ai jamais assisté. J’y allais en effet sans trop d’attentes pour les groupes, et connaissant déjà les lieux et l’ambiance, et ce furent 4 jours merveilleux passés en compagnie de personnes toutes aussi merveilleuses, dans un cadre fantastique.

Mais d’abord, un peu de contexte :

l’Euroblast est situé dans l’Essigfabrik, une usine désaffectée sur les bords du Rhin à Cologne. Deux stages ; la main située dans un grand hangar, et la side, située dans une sorte de cave sous le hangar de la main stage. Et entre les deux, une cour d’usine, remplie par des stands de nourriture divers et variés (mais surtout délicieux), les stands de merch, une petite tente pour les masterclass, ainsi qu’un stand de guitares, le tout parsemé de quelques bancs et transats pour les festivaliers. Le lieu est assez petit pour un festival sur 3 jours, l’usine doit avoir une capacité de 2000 festivaliers maximum. Et pourtant, à aucun moment on ne se sent opressé par la foule, car les festivaliers ne sont qu’amour et bienveillance. Des gens venus du monde entier (principalement d’Europe néanmoins), tou.t.e.s passionné.e.s par la musique qu’iels sont venus écouter. Vous pouvez demander à n’importe quel festivalier quel groupe il est venu voir en particulier, il commencera par vous en donner 5, et vous expliquera pendant une heure pourquoi il a si hâte de les voir.

Passionnés, respectueux, et de bonne humeur, l’équipe comme les festivaliers entretiennent une réelle ambiance familiale pendant tout le festival. J’avoue que j’étais assez sceptique quand j’ai entendu parler de cela ;ayant déjà fait mon lot de festivals metal, j’ai toujours été plutôt méfiant vis-à-vis de l’ambiance « grande famille du metal ». Mais c’était sans compter sur le fait que la scène djent est une scène de niche, souvent à l’écart de la communauté metal généraliste. Et ça n’est pas plus mal, cela écarte d’emblée les festivaliers ivres morts à midi qui hurlent 8 fois la même blague de mauvais goût en urinant en plein milieu du camping en ne jurant que par Alestorm et Slayer. Et pourtant, dès mon premier Euroblast, j’ai été conquis par une réelle ambiance familiale et fraternelle, sur laquel le festival joue beaucoup. J’ai fait dans ce festival de magnifiques rencontres, et c’est toujours un plaisir de revoir les mêmes visages familiers d’une année à l’autre. Mais assez parlé de ça, le mieux est d’y aller pour le voir, maintenant place au concret : les performances musicales.

Jeudi Soir – Soirée Warm Up

J’étais à Cologne depuis l’après-midi, ayant déjà rencontré de sympathiques nouveaux compagnons de festival dans le wagon, et je me rendais à la soirée Warm Up du festival, organisée dans une salle de concert à Cologne (hors de l’enceinte du festival). Et que ça soit en terme de lieu, de groupes, ou de performance, ça change d’un warm up sur la scène du camping au Motocultor je peux vous le dire.

C’est le groupe Svynx qui ouvre le bal, un power trio blues/prog avec quelques petites touches math et funk par ci par là, avec une belle énergie et un bon son (normal pour l’Euroblast), une très bonne entrée en bouche.

Puis suit Mobius, le groupe de Prog moderne djent français originaire de Lyon, jouant un set instrumental car leur chanteuse était malade. Une super performance, un jeu vraiment carré portant bien leur compositions tantôt énergiques tantôt jazzy, avec de jolis éléments de musique indienne et asiatique, mais parfois un peu longs, l’absence de voix se faisant malheureusement ressentir.

On enchaîne alors avec Soulsplitter, un collectif allemand assez récent et conceptuel qui venait de sortir son premier album « Salutogenesis », et le concert était vraiment au-delà de ce que je pouvais attendre. Le groupe a joué l’album en entier d’une traite sans interruption, différents chanteurs et chanteuses s’enchaînaient selon les morceaux (4 vocalistes au total, soit jusqu’à 8 membres sur scène), l’un d’entre eux racontant une histoire pendant les interludes entre les morceaux, et seigneur qu’est-ce que ça groovait. Des musiciens hors pairs délivrant un prog frais et bien écrit, groovy et varié, j’étais aux anges.

La soirée se termine avec les légendes espagnoles du Post-Rock, j’ai nommé Toundra. Super jeu, gros feeling avec la foule, gros son et gros set (une heure et demi, et oui post rock oblige), et à l’instar des autres groupes de la soirée, de magnifiques sourires sur les visages des musiciens, qui sont tout simplement heureux d’être là face à un public de passionné.e.s. Un show parfait en somme, et ce n’était qu’un avant-goût de ce que le festival avait à offrir.

 

Vendredi – Jour 1 (Baguette day)

Comme je l’ai mentionné précédemment, j’allais à cette édition de l’Euroblast dans un état d’esprit vacancier, je n’avais pas vraiment de planning prévu par rapport au running order, et n’avyant pas écouté les groupes de l’affiche que je ne connaissais pas, j’étais là en toute confiance et en prévoyant de faire de belles découvertes, convaincu que j’allais passer un excellent week end. C’est pourquoi j’ai donc privilégié les groupes de la main stage et vu très peu de la side stage, ce report ne couvrira donc que la moitié de l’affiche environ (ce qui fait quand même 26 groupes). J’arrivais assez tôt sur le site du festival, et je redécouvrais le plaisir d’être ici. Revoir les visages familiers rencontrés l’année passée, discuter avec les musiciens qui se promènent librement sur le site du festival, aller essayer des guitares monstrueuses au stand de Vola et Overload guitars pendant des heures.. Même hors temps de concert, on ne s’ennuie jamais à l’Euroblast.

Il était 13h, et le premier groupe à passer était Kin Beneath Corus, un groupe grec invité à l’Euroblast à la suite d’un concours. Le groupe formé depuis 2010 nous a envoyé un metal moderne ultra punchy avec des éléments death, hardcore et metalcore, teinté de passages plus progs et ambiants. Gros riffs, gros son, et un très bon chanteur, on n’attendait pas un concert aussi qualitatif en ouverture de festival.

Suite à ça je suis allé devant la main stage pour aller voir Siamese. J’avais déjà entendu un court extrait il y a quelques temps, et j’avais trouvé ça tout bonnement horrible, une sorte de mélange entre pop et djent avec des violons kitsch, je me suis dit que je ne pouvais pas rater une telle immondice. Et franchement, j’ai pris une claque. Siamese était l’un des concert que j’ai le plus apprécié de tout le festival, et ce dès les premières notes. Une performance au top, la main stage leur allait comme un gant, le chanteur était wholesome et chaleureux et nous a démontré des capacités et une maîtrise vocale de dingue (en clean comme en saturé), les instrumentistes jouaient super carrés, les compos étaient béton, fin rien à dire, vraiment un groupe taillé pour le live. L’un des guitaristes a effectivement abandonné sa guitare pour un violon pendant une bonne partie du set (un violon en forme de tête du Joker…..la société tout ça…..), et même si ses interventions étaient effectivement d’un goût certain (ou plutôt incertain), force était de constater que les Danois déchiraient tout.

Après cette excellente surprise s’enchainaient trois groupes français sur la main stage, Klone, suivi de Uneven Structure, puis Kadinja. Ce n’est pas anodin, car il y a beaucoup de festivaliers et de groupes français à l’Euroblast, et franchement, ce trio a bien représenté et porté à l’honneur la tradition musicale de la baguette. Klone ont ouvert la danse avec leur dernier album « Le Grand Voyage », délivrant une sorte de valse planante et sublime, avec un chanteur et un ensemble au top de sa performance. Je les avais déjà vus deux fois, celle-ci étant incontestablement la meilleure.

Viens alors le tour de Uneven Structure, le groupe originaire de Montpellier, qui venait présenter son dernier album « Paragon ». Même si l’album ne m’a pas particulièrement marqué en CD, il est redoutablement efficace en live. Le groupe s’arme de grooves plus bouncy et directs pour se concentrer sur une grosse performance scénique, laissant de côté les morceaux longs et atmosphériques de leurs précédents album. Ils ont quand même joué la fameuse suite des trois premiers morceaux de Februus « Awaken/Frost/Hail », ça c’est obligé. D’ailleurs j’ai bien pleuré pendant l’enchaînement des morceaux, ce groupe a le don de me mettre en transe et de me faire ressentir beaucoup d’émotions à chaque fois que je les vois (3 ème fois en l’occurence). Le groupe jouait avec un nouveau bassiste, un jeune anglais ayant à peine dépassé la vingtaine, et jouant merveilleusement bien, aux doigts (fait assez rare pour un bassiste de djent ou de prog moderne), utilisant diverses techniques comme du slapping et du thumping, jouant à des moments où la basse ne se fait pas trop entendre normalement, il apporte réellement quelque chose au groupe.

S’ensuit Kadinja, qui jouaient à l’Euroblast pour la 3 ème année consécutive, fait assez rare pour les groupes de ce festival. Je les voyais pour la 11ème fois (c’est pas mon groupe préféré pour rien), et ce groupe me fascine dans sa capacité à s’améliorer à chaque fois tout en délivrant une super performance. Forts de leur tournée asiatique qui leur a donné une autre envergure, les français ont ouvert le set avec leur dernier album « DNA », albums de reprise de morceaux Néo-Metal des années 90, à la sauce Kadinja. Et ça groovait sale, je peux vous le dire. Un bon petit « Hot Dog » (de Limp Bizkit à la base) a directement mis toute la foule dans l’ambiance, et moi-même je ne les ai jamais vu autant kiffer sur scène. Point fort du concert, les lights (gérées par Tom Gadonna, batteur de Stömb), probablement les meilleures du festival, plongeant la foule et la scène dans un nuage de fumée orange parsemé de stroboscopes, sur des breakdowns à vous procurer une descente d’organes, c’était vraiment la guerre. Il ne leur manquait plus que ça pour avoir une envergure de groupe de tête d’affiche de festival, rôle qu’ils ont merveilleusement bien endossé.

Après cet enchaînement assez intense émotionnellement, je me devais de faire une pause, et ne suit revenu sur la main stage que vers 21h, pour voir les headliner de The Hirsch Effekt, groupe de «  » »Mathcore » » » (entre beaucoup de guillemets car leur musique est beaucoup plus variée que celà, allant du punk à la pop et au mathcore, en passant par la musique classique, le tout avec des éléments post hardcore et emo) que j’avais particulièrement envie de voir. Je me suis pointé 20 minutes en avance au premier rang alors vide, attendant tranquillement que le groupe commence. Je n’étais clairement pas prêt pour la claque monumentale que j’ai prise. Le groupe commence directement avec un morceau math cathartique et frénétique, derrière moi la foule se met instantanément à hurler les lignes de chant et les onomatopées du bassiste-chanteur, me grimpant presque dessus pour se rapprocher de la scène. On peut dire que le ton est donné. Le groupe a joué avec une énergie dantesque pendant une heure vingt (soit le temps de 10 morceaux, histoire de vous donner un ordre d’idée sur la longueur des morceaux), aujourd’hui je n’arrive toujours pas à comprendre comment trois personnes peuvent envoyer autant d’énergie. Un guitariste et un bassiste tous deux chanteurs, chantant en clair comme en saturée avec des voix incroyables, un son massif et un jeu extrêmement clean, grimpants sur les amplis et sautant partout, avec une attitude scénique frénétique, on était vraiment au niveau d’un live de The Dillinger Escape Plan, et je pèse mes mots. Une heure vingt de chaos math teinté de longs passages mélodiques et d’envolées pop, avec un interlude guitare sèche et violoncelle de 10 minutes (le bassiste laissant sa basse pour un cello), vraiment l’une des plus grosse si ce n’est la plus grosse claque du festival à mes yeux.

Après ce live qui m’a presque laissé en état de choc, je suis parti hagard vers la side stage où le dernier concert avait lieu. C’était un petit groupe Allemand portant le doux nom de « Verderver » (à ne pas confondre avec le groupe espagnol), jouant une sorte de metal moderne death/groove, le tout avec des moments électro dancefloor assez enervés (le groupe n’avait pas de batteur mais une batterie programmée) délivrant un ensemble complètement barré, me rappelant le groupe russe Vector Of Underground. Le concert était catastrophique et génial à la fois. Les musiciens ne jouaient pas très bien et leur son n’était pas très bon, mais l’ensemble musical était parfait et jouissif, et ils étaient à 100% dans leur musique. Ce groupe m’a totalement fait penser au groupe parodique Français Fkliemwo, où le but n’est pas de jouer une musique cohérente mais d’être à fond dans un délire complètement barré en passant un bon moment avec la foule, et c’est exactement ce dont j’avais besoin. C’est ça aussi l’Euroblast, voir des légendes du prog metal donner le show de l’année sur la main stage, puis aller sur la side stage à une heure du matin pour déconnecter son cerveau et s’enjailler sur du party metal avec la moitié de l’équipe du festival (le tout pas du tout à jeun ni sobre). Une parfaite fin pour un premier jour riche en émotions.

 

Samedi – Jour 2

Deuxième jour, on commence tranquillement la journée avec Shokran la bonne valeure sûre, et même si leur bassiste n’était pas là pour nous régaler de sa technique, le groupe a fait une super presta, nottamment grâce au chanteur qui était vraiment au top contrairement à la dernière fois où je les avais vus.

Suite à ça, Ghost Iris, groupe que j’attendais pas mal car cela faisait plusieurs fois que je voulais les voir et que je les loupais. Et je n’ai pas été déçu, le concert était top, mais surprenant. Le groupe a joué beaucoup de morceaux de son dernier album « The Apple Of Discord », plus axés sur des gros riffs metalcore/djenty agressifs et bouncy, et une grosse attitude “rentre dedans”. Des bass drops à décorner les boeufs, un gros son, une scénographie et un jeu carrés au poil de cul près et un chanteur avec une voix démoniaque, les danois n’étaient clairement pas là pour rigoler. J’étais surpris (agréablement certes, mais quand même surpris), je m’attendais à ce que le groupe joue beaucoup plus de morceaux issus des précédents albums, beaucoup plus « frais » et majeurs avec pas mal de chant clair et beaucoup de mélodies et de riffs bien progs. Même si ils ont joué « Pinnacle », j’aurais aimé avoir plus de morceaux de cette époque, mais le groupe a balancé une super presta néanmoins.

Ensuite, venait le tour des très mystérieux et très attendus Sleep Token, les fervents serviteurs de « Sleep », l’entité du sommeil qu’ils vénèrent à travers leur musique. Mais attention, les anglais ne sont pas là pour dormir. Je n’avais jamais écouté, et j’ai été bluffé par la performance des londoniens. Costumes, lumières, gros son, et surtout un super jeu de scène. Le chanteur avait une voix parfaite tremblante d’émotion et une gestuelle frénétique et sensuelle à la fois, leur musique emportait vraiment vers d’autres horizons. Seul bémol, j’ai trouvé l’attitude des autres membres un peu décallée. En effet, le guitariste et le bassiste ont l’air d’être bien en colère, lançant des coups de pieds et coup de poings dans tous les sens comme des musiciens de hardcore. Même si les membres ont vraiment l’air en transe, ça procure un effet étrange de voir les musiciens frapper l’air autour d’eux pendant les moments assez calme de la musique. Aussi, l’ambiance changeait assez peu, c’est pourquoi je n’ai vu que la moitié du concert, étant lassé au bout de 25 minutes, j’avoue que j’avais l’impression de voir le même morceau depuis le début.

Je suis donc descendu à la side stage en avance pour être au premier rang pour Cold Night For Alligators. Les danois ont envoyé une performance à couper le souffle, balançant un gros metal prog djent teinté d’éléments math, accordant à l’auditeur quelques lignes de chant clair pour respirer, puis le replongeant dans des riffs acérés et groovys. Grosses lights, beaucoup de fumée, un chanteur qui descend chanter dans une foule en délire, des musiciens au top avec le sourire, un cocktail beau et explosif, à l’image du groupe.

Après, c’était au tour des danois de VOLA (beaucoup de danois cette année décidément) de faire leur traditionnel show sur la main stage de l’Euroblast. En effet ils jouaient pour la 4 ème année consécutive, du jamais vu pour le festival. Et leur set était parfait, comme à chaque fois. Un chant au top, un son et un jeu plus que carré, la base quoi. Ils n’ont malheureusement toujours pas joué « Inmazes », la fameuse track éponyme de leur album de 2015, leur setlist ayant tendance à être un peu redondante je dois l’avouer.

Suite à VOLA, je suis retourné à la side stage pour voir les américains d’Arch Echo, qui ont tartiné toute la salle de grooves et d’accords enrichis, plongeant toute la salle dans la bonne humeur la plus totale. Un batteur qui tabasse tout, un bassiste bien constant, deux gratteux qui se répondent à travers leurs suites mélodiques, et un claviériste enfievré qui relève la composition générale, les petits gars de Berklee n’avaient rien à prouver. Seul bémol, le son, qui aurait pu être mieux défini et plus puissant.

Et pour clôturer la soirée vint le tour d’un des headliner du festival, les géants américains de Between The Buried And Me, qui jouaient ce soir non pas un set mais deux ! Un premier set classique, avec une setlist similaire aux autres dattes de leur tournées actuelles, et un deuxième set comprenant des morceaux issus de leur 20 ans de carrière. Le groupe a joué un premier set bien tenu, bien que la voix du chanteur un peu faible, avec un public très réceptif et envouté par la performance. Puis, petite pause, et s’ensuit alors un deuxième set d’une heure, ouvrant avec « More of Myself to Kill », premier morceau du premier album, puis « White Walls » issu de l’album « Colors ». Le ton est donné, et les légendes du prog nous ont prouvé qu’ils pouvaient toujours balancer la purée et les blast beats sans difficulté. Plus aucune faiblesse de voix pour les screams et growls, un gros son et une grosse énergie, cette fin de soirée était un réel florilège de riffs et d’harmonies. Même si je n’ai jamais été un grand fan de ce groupe, force est de constater qu’ils méritent amplement leur statut.

 

Dimanche – Dernier Jour

Viens déjà le dernier jour du festival. Je me réveille tranquillement en allant voir Thrailkill sur la main stage, qui fut l’un des meilleurs shows du festival. Ce dernier jour commence fort. Le guitariste Wes Thrailkill était accompagné d’un bassiste et d’un batteur tous deux extrêmements talentueux avec qui il avait joué il y a plusieurs années pour un projet appelé “Mammoth”, projet dont ils ont d’ailleurs interprété plusieurs morceaux à ma grande surprise et encore plus grande joie. Délivrant un jazz-rock-fusion-prog terriblement groovy, excellement bien exécuté, joué avec feeling et groove et surtout avec le sourire, c’était clairement l’un des meilleur concert du festival. Les américains n’avaient pas joués ensemble depuis 4 ans et étaient simplement là pour passer un bon moment ensemble, se permettant des reprises de thèmes de Mario version jazz fusion, l’ambiance était vraiment chaleureuse et c’était très plaisant d’avoir une formation jazz dans le cadre de festival.

Après ce concert extrêmement qualitatif, s’en est suivi le seul mauvais concert de l’Euroblast. Je parle bien évidemment de The Haarp Machine, le projet du guitariste Al Mu’min. Le terme “chaotique” me semble approprié pour définir ce projet en tant que groupe. Après un premier album sorti en 2012, Al Mu’min a vu tous les membres de son projet quitter le groupe. Un deuxième album était censé sortir, avec un line up plutôt alléchant : Al à la guitare, Andrew Ivashchenko de Shokran au chant, Steve Woodcock de Xerath à la basse, et Travis Orbin (Ex-Periphery) à la batterie. Un single était même sorti en 2018, “The Nadir”, mais Al a encore vu ses musiciens quitter le projet du fait de “différences artistiques”, excuse officielle pour cacher le fait que Al est apparemment une personne exécrable. Ce qui ne l’a pas empêché de monter un line up plus que solide pour l’Euroblast : Kevin Heiderich (Session live pour Defeated Sanity) et Yo Onytian (Session studio pour Rings Of Saturn) aux guitares, et Chason Westmoreland (Session live et studio pour Oceano, The Faceless, Whitechappel, Allegaeon, Fallujah) à la batterie. Et Al Mu’min alors ? Au chant. Oui, au chant. Il l’a annoncé au début du live, sur scène, ce qui a surpris les fans du groupe. Apparemment il en “avait marre de faire de la guitare”. Le concert met un peu de temps à commencer, car Mu’min n’a pas voulu faire de soundcheck, décrétant qu’il “n’en avait pas besoin”. Petits problèmes techniques du côté du batteur, il faut relancer le sample d’intro au moins 6 fois, déjà c’est râpé pour l’immersion. Et le son n’était (sans surprises) pas au rendez-vous, un tone de guitare vraiment mauvais et une égalisation du son aux fraises, on ne comprend rien de ce qui est joué. De plus, Al chante terriblement mal, en voix claire comme en saturée. On entend soit des cris plaintifs soit des beuglements, on ne discerne aucunes paroles, Al n’a aucune prestance et n’a aucune interaction avec la foule, qui a d’ailleurs décidé de quitter la salle au bout de deux morceaux. C’était triste de voir des musiciens aussi doués gâcher leur talent dans un tel projet. Le groupe et son frontman (Mu’min) étaient déjà un “meme” internet depuis quelques années, mais ce concert a achevé la canonisation au Panthéon des concert les plus pitoyables. Je suis sorti de la salle après 5 morceaux et une bonne tranche de rire, pour découvrir avec surprise qu’en dehors de la salle, littéralement tout le festival se moquait des capacités vocales de Mu’min, imitant en coeur ses beuglements. C’était un spectacle particulier mais amusant.

Suite à cette mascarade, je suis allé voir Tides From Nebula, qui ont délivré un show magnifique. Une mer de petites lumières rouges sur fond noir, de belles lumières parfaitement en accord avec la musique douce et planante du groupe, un son parfait, une basse lourde et compacte et une guitare envoutante, et des musiciens à 100% dans leur musique, descendant même jouer dans le public pour partager au mieux cette communion avec la foule. Le jeu des musiciens et leur son était tellement uni et carré qu’on avait l’impression d’entendre le mp3 jouer, c’en était impressionnant. Vraiment un moment magnifique, de quoi se remettre sur pieds après The Haarp Machine.

Viennent ensuite les français de Betraying The Martyrs, qui ont investi et retourné la scène comme à leur habitude. Gros son, breaks et bass drops à faire trembler le sol, des lights au top, une super presta scénique, des voix aux top assurées par Victor le claviériste et Aaron Matts le chanteur, qui s’est d’ailleurs lui aussi moqué à de nombreuses reprises de Mu’min, imitant ses performances vocales, blague reprise par l’intégralité du publique dans la salle (des centaines voire un millier de personnes). Le groupe a présenté son dernier album et a joué aussi ses classiques, montrant une fois encore que la scène est vraiment leur terrain de jeu et qu’ils sont taillés pour le live.

Pour la suite, un peu de douceur, et c’est au tour des géants australiens du Power-Prog de jouer, j’ai nommé Voyager. Un jeu parfaitement assuré par les musiciens, un son au poil, le chanteur assure ses parties à la perfection et à une maîtrise vocale incroyable, même si on peut ne pas aimer son style vocal assez kitsch (power oblige), force est de constater qu’il a un coffre et une maîtrise hors du commun. Voyager ayant écumé des scènes du monde entier, leur talent n’est plus a prouver, et le groupe a envoyé une grosse énergie pendant presque une heure de set.

Et pour continuer dans la douceur, j’ai été voir Tides Of Man, groupe américain de Post-Rock aux relents indie et prog, qui m’a plongé dans une merveilleuse torpeur, à l’aide d’un son lourd et chaud mais où toutes les notes cristallines de guitares et de piano ressortent à la perfection et nous envoient dans les étoiles. Des tones incroyables, un jeu parfait, un côté atmosphérique plus que prononcé, le groupe a plus que tenu sa réputation.

Puis enfin, le dernier Headliner du festival, les géants de Car Bomb. Les new-yorkais venaient présenter leur nouvel album “Mordial”, moins démonstratif que le précédent “Meta”, laissant à l’auditeur plus d’espace pour respirer et mieux comprendre la musique, tout en continuant à surprendre. Et en live, ce but était précisément atteint. Il est en effet plus facile de bouger sur les nouveaux morceaux, qui ont des rythmiques moins compliquées et plus catchy et groovy. Mais le groupe n’a pas joué son dernier album en entier, au contraire. Ouvrant avec un terriblement efficace “Finish It”, la folie musicale nous prend directement aux tripes, pour ne jamais s’arrêter avant la fin des 1h20 de concert. De beaux moments à la Deftones surviennent pour laisser respirer l’auditeur, avant de rendre la foule encore plus en délire avec des moshparts et side-to-side distordus et agressifs, le tout avec un son massif, comme à chaque fois. Le morceau Dissect Yourself a probablement été le pic d’intensité du concert, avec un pit en délire et des moshers déchainés. Le bulldozer américain qui vient tout détruire et vous donner envie de tout détruire, c’est ça Car Bomb.

Mais là n’est pas la fin, car il reste l’after party ! Pendant que la plupart des festivaliers, bénévoles et artistes quittent le festival, il se produit une after party dans la side stage, de minuit à 4h du matin. Pendant la première heure, c’est le père de l’organisateur du festival qui mixait une sorte de techno hardcore non identifiée et très très énervée, puis c’était au tour de Rémi Gallego (la tête pensante du groupe The Algorithm) de venir mixer pendant 3 heures, d’abord de la grosse dubstep énervée, puis de la Drum N’ Bass super groovy, et finalement une dernière de gros djent. Une cave remplie par des festivaliers et bénévoles, tous en train de headbanger en coeur devant un mur de son blastant du Meshuggah à fond avec des lumières épileptiques, c’était vraiment la fin la plus parfaite que j’aurai pu imaginer pour ce festival. Juste de l’amour et de la musique, plus de frontière avec les gens qui sont autour de nous. Que ça soit le guitariste d’un groupe que vous avez vu, un membre de l’équipe de bénévoles qui vous a servi à manger tout le week end, ou quelqu’un que vous connaissez depuis à peine une heure, à ce moment précis, c’est un membre de votre famille. La famille Euroblast. Ce festival représente vraiment un esprit familial que je n’ai connu nul part ailleurs, et c’est non sans nostalgie que j’ai pris mon train pour paris le lendemain, signant mon retour à la vie de tous les jours et à la morosité parisienne. Au revoir Euroblast, merci pour tout ce que tu m’a apporté, merci pour les liens que tu m’a permis de créer, pour les moments que tu m’a permis de passer, pour les gens que tu m’a fait rencontrer, et à l’année prochaine. D’ici là, porte toi bien.

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