17 septembre 2011, voilà la date du dernier show d’Avril Lavigne en terre française. Autant dire qu’il s’en est passé des choses dans la vie de la canadienne depuis ce concert, entre la sortie de 3 albums, son combat contre la maladie de Lyme et des déboires amoureux sur lesquels je ne reviendrai pas. Un concert qui était donc particulièrement attendu, d’autant plus qu’il était initialement programmé le 26 mars 2020, puis reporté au 23 mars 2021, pour finalement être déplacé et maintenu ce 12 avril 2023 au Zénith. Paris avait par ailleurs l’honneur d’être la première date de la Love Sux Tour 2023, sur laquelle Avril a invité phem et girlfriends.
C’est donc phem et son pop-rock aux fortes touches électroniques qui se charge de monter en première sur scène. Je n’avais pas été particulièrement emballé par son set en première partie de Waterparks en juin dernier à la Maroquinerie et celui-ci ne m’a pas beaucoup plus convaincu. Dès le premier morceau je suspecte la chanteuse de faire du play back et les 20 minutes du set de la brittanique ne m’ont pas convaincu du contraire. L’utilisation abusive de sample, que ce soit pour des chants supplémentaires ou pour de l’instrumental rend le show beaucoup trop artificiel. Si bien qu’on arrive plus tout à fait à discerner ce qui est joué par les deux musiciens (très peu mis en avant d’ailleurs) et ce qui est sur bande enregistrée. On ne pourra cependant pas lui retirer son attitude enthousiaste et pleine d’énergie qui semblait, elle, véritable.
girlfriends prend le relai vers 20h15. Le groupe, initialement composé simplement de Travis Mills à la guitare et au chant et de Nick Gross à la batterie, se présente accompagné d’un second guitariste pour l’occasion. Le jeune groupe nous propose son pop-punk classique mais plutôt efficace et assez bien senti avant un concert d’Avril Lavigne. Les morceaux proposés par le groupe sont principalement issus de leur premier album éponyme (2020) et c’est judicieux car cet album vaut le détour, comme en atteste le morceau Jessica qui débute le show ou Where Were You, un morceau sur lequel l’inévitable Travis Barker a collaboré. girlfriends convainc donc musicalement, mais également scéniquement. On sent que Travis Mills est à son aise sur la scène du Zénith et on comprend pourquoi quand on sait que l’américain a un passé de rappeur solo mais également d’acteur. La présence du second guitariste lui permet d’ailleurs d’abandonner sa guitare et de confirmer qu’il est un véritable frontman charismatique. Bref, une bonne première partie à la hauteur de l’évènement qui nous attend.
Une petite demi-heure d’entracte et les lumières s’éteignent enfin, laissant nos yeux se river sur le grand écran situé en fond de scène. Alors que résonne la version d’Avril Lavigne du morceau Bad Reputation de Joan Jett, nous voyons défiler différentes photos et séquences vidéo retraçant la carrière de la Canadienne : ses différents styles vestimentaires et capillaires qui ont forgé son identité, ses différents logos et plusieurs passages de ses clips. Et alors que les souvenirs se ravivent et nous mettent définitivement dans l’ambiance, les projections du grand écran laisse place à un faisceau de lumière dans lequel se présente la rayonnante Avril Lavigne, ballons noirs à la main, rappelant la pochette de son dernier album Love Sux (2022). Et c’est d’ailleurs sur le lead single de l’album que commence le show à savoir Bite Me, un morceau qui marquait, lors de sa sortie en novembre 2021, le retour à un style pop-punk pour la Canadienne. Si le public ne se lâche pas encore totalement sur ce premier morceau, il est de suite plus enthousiaste et reprend à l’unisson What The Hell, l’un des nombreux hits d’Avril Lavigne.
La prestation vocale d’Avril est parfaite, tout comme celle de ses musiciens, qui seront régulièrement mis en avant entre les morceaux lorsque la chanteuse se retire en coulisse. Je suis d’ailleurs assez surpris et presque déçu que la chanteuse ne profite pas de ces moments en coulisse pour changer de tenue lorsqu’on sait l’importance qu’a son style dans l’élaboration de son personnage. Mais cela ne ternit en rien mon enthousiasme et celui du public. Elle saura à ce titre satisfaire à la fois les plus férus d’entre eux avec plusieurs morceaux issus de son dernier album et d’autres morceaux plus surprenants comme Wish You Were Here, mais également les amateurs des morceaux plus mainstream de l’artiste, qui seront tous jouées ce soir.
Le show connait tout de même un petit temps mort avec la célébration de l’anniversaire de Travis Mills, suivi d’une reprise de Wannabe dont on aurait pu se passer, en compagnie de phem qui ne semblait pas vraiment à l’aise, puis de Hello Kitty qui est simplement joué depuis les enceintes et qui semblait être là pour meubler un passage en coulisse d’Avril. Je pensais que le show repartirait de plus belle lorsqu’Avril prend la place derrière la batterie pour interpréter Love Sux, mais l’interprétation du morceau manque d’énergie et ne lui fait pas suffisamment honneur. Girlfriend remettra cependant définitivement le show sur les bons rails.
La production scénique reste assez modeste : quelques confettis bien placés, des ballons de baudruche géant, mais le vrai plus vient du grand écran. Les photos et séquences vidéos sont choisis judicieusement en fonction des morceaux. Ainsi, voir les images des clips de Complicated ou de Sk8er Boi (dont je ne doute pas que la majorité du public les a vu plus d’une fois) alors qu’ils sont joués par Avril et ses musiciens fait vraiment son effet et réveille à coup sûr des souvenirs d’enfance ou d’adolescence aux fans de la première heure. C’est d’ailleurs après l’hymne pop-punk Sk8er Boi, sur lequel le public chante à l’unisson, que Avril quitte la scène une première fois.
Alors que j’attendais un retour de l’autoproclamée motherfuckin’ princess sur le très énergique Cannonball, les très belles images d’océan et de paysage côtier issues du clip de Head Above Water nous indique plutôt que c’est le lead single de l’avant dernier album de Lavigne qui entamera le rappel. Une ballade très spéciale pour la Canadienne puisqu’elle évoque la bataille de la chanteuse contre sa maladie de Lyme. Ce morceau sera suivi de deux autres ballades avec Avalanche et le classique et magnifique I’m With You, qui viendra clôturer un rappel particulièrement chargé émotionnellement.
Plus de 10 ans après son dernier passage en France et alors que la Canadienne s’était tenu plutôt éloigné de la scène ces dernières années, Avril Lavigne nous a gratifié d’un concert mémorable qui aura su à la fois ravivé les souvenirs de ses grands débuts tout en prouvant que son talent et sa personnalité étaient toujours intacts.
Merci à Live Nation pour l’invitation et au Zénith de Paris pour l’accueil!
