Shadow of Intent, Enterprise Earth, Angelmaker, To The Grave @ Glazart (17/01/2023)

Début 2023. Nouvelle année, plein d’espoirs, de projets et de belles résolutions. Mais c’est sans compter sur cette froide soirée du 17 janvier 2023, où notre route a croisé celle de To The Grave, Angelmaker, Enterprise Earth et Shadow of Intent.

Le public se rassemble dans une obscurité totale, se frayant un chemin à travers une brume épaisse qui envahit la petite salle du Glazart. Des lumières rougeoyantes parcourent de manière irrégulière la petite scène, projetant des ombres inquiétantes sur les murs. Des grondements sourds résonnent, annonçant le début imminent du concert.

To The Grave, le premier groupe monte sur scène, et nous savons dès les premières notes que nous avons déjà un pied dans la tombe. Le premier morceau est un avertissement (« Warning Shot), et nous somme de nous enfuir avant qu’il ne soit trop tard. Dans la pénombre, leurs instruments étincèlent d’une lueur sinistre, avant qu’un viseur rouge (« Red Dot Shot ») ne nous atteigne, désignant les prochains sur la liste. Leur son est un tourbillon de riffs de guitare, accompagnés d’une double pédale martelante (comme sur « Terrorist Threat ») et autres growls démoniaques ou cris lacérants du frontman sont oppressants, et semblent nous guider dans une chute inévitable vers l’enfer. La musique des australiens nous donne un aperçu de la damnation éternelle et de tourments indicibles qui nous y attendent.  Nous voilà désormais en fin de parcours, les deux pieds dans la tombe. Quel gaspillage (« Wastage »), mais quel doux supplice que cela se soit fait accompagné de leur musique.

Le deuxième, AngelMaker groupe vient apporter une lueur d’espoir dans notre damnation. Les garçons nous sauvent de l’abattoir juste à temps. Ils nous attrapent par le col juste avant notre chute. Nous sommes leurs élus, ils feront de nous les anges des enfers, les porteurs de la lumière irradiant du soleil mourant (« Radiance in the Light of a Dying Sun »). Avec un chant plus facilement mélodique que leurs prédécesseurs, les Canadiens nous donnent de l’espoir, nous élèvent des profondeurs de la Terre pour prendre notre revanche sur le terrible sort que nous venons de subir. Nous voulons nous venger (« Vengeance »), nous avons soif de sang (« Bloodthirster ») et cela va se régler dans le pit, qui est déchaîné. Notre cœur est creux (« Hollow Heart »), il n’y aura pas de pitié. Notre retour sur Terre est imminent.

C’est au tour de Enterprise Earth de nous guider. Nous voilà sur la terre ferme. Nous, les anges déchus puis élevés. Nous sommes réanimés après avoir été presque désintégrés (« Réanimateur // Disintegrate »). Pas le temps à perdre, le sommeil est pour les morts (« Sleep Is For The Dead ») et nous sommes de nouveau vivants. Nous sommes déterminés à bâtir notre royaume des ténèbres, et envahissons tout l’espace de la salle. Leurs rythmes des américains sont hypnotiques et malsains à la fois, entraînant le public dans une danse frénétique et démoniaque. Les riffs sont plus complexes, plus virevoltants, mélodiques, plus oxygénés. Nous reprenons corps, et les chocs que nous subissons dans la guerre du pogo nous font en prendre conscience. Les cris du chanteur semblent sortir tout droit des enfers nous rappellent d’où nous venons, tout en résonnant dans les profondeurs de l’âme de chacun, et nous indiquent que celle-ci existe toujours. L’audience agonisante est asservie à coups de psaumes (« Psalm of Agony »), il n’y a plus d’autre choix que de nous prosterner devant ce nouveau règne de l’ombre.

Shadow of Intent prennent enfin place dans l’obscurité du Glazart. Le groupe, le plus glauque et lugubre de tous, s’installe, enveloppé dans un brouillard épais et mystérieux. L’obscurité a pris toute sa place dans le monde, il n’y a plus l’ombre d’un espoir. Le choix du premier titre en dit long : Adieu (« Farewell »). C’est un prélude au deuil (« The Prelude to Bereavement »). Leur musique est sombre et douloureuse. Les screams aiguisés du chanteur sont transperçants et douloureux, nous ressentons chaque titre dans notre être, et les portons comme des stigmates. Nous comprenons que cela ne sert à rien de résister, nous n’avons pas d’autre choix que de répondre à leur appel. Les américains ont fait de nous leurs prophètes (« The Prophet’s Beckoning »). Le public acquiesce chaque titre en headbangant, et part en croisade dans la fosse pour convertir de force, par les coups, par le sang (« Blodgett in the Sands of Time »), par le feu (« The Coming Fire ») chaque personne présente. Il n’y a pas de place pour la Melancholy de notre bonté, des moments joyeux de notre vie. La noirceur de leur musique se propage encore et encore, jusqu’à prendre possession de tous.
Et soudain, le silence. Leur culte de l’ombre a fini de décimer les derniers hérétiques. Il va donc falloir vivre avec cette Malediction, pour toujours.

Au fil de la nuit, les quatre groupes se sont succédés, offrant chacun une expérience unique et terrifiante à la fois. L’audience s’est retrouvé entraîné dans un tourbillon d’émotions sombres et intenses, emporté par la force d’un plateau deathcore qualitatif. Mais ce voyage obscur a une fin, et les âmes damnées retrouvent leur liberté avant de se disperser dans la brume hivernale. Les survivants s’extirpent du Glazart le corps et l’âme épuisés, mais ravis d’avoir assisté à un concert aussi dément.

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