Polaris + Great American Ghost + Alpha Wolf + Stepson @ La Maroquinerie (08/10/2022)

Ah, les dîners de famille… toujours un grand moment ! Celui dont je vais vous parler se tenait à la Maroquinerie, le 8 octobre dernier, où étaient présents plusieurs représentants australiens de notre grande dynastie.

Une fois les retrouvailles faites, et la déception d’apprendre que les cousins de Gravemind ne viendront pas à cause de soucis de transports passée, un tintement de cuillère contre du verre annonce le début des festivités. C’est le beau fils qui a décidé de faire son discours en premier. Stepson font leur entrée sur la petite scène, armés de leur meilleure blague : la baguette, pour les français. C’est inévitable, les clichés, en repas de famille… C’est du vu et réchauffé, mais heureusement ils ont autre chose à dire que ça. Ainsi, ils portent un toast au rythme de l’efficace « Leak », issue de Broken Bottles / Drunken Hearts qui lance un mouvement de foule qui ne s’arrêtera pas jusqu’à la fin de leur set. Les membres ne cessent de titiller leur public à l’aide de morceaux efficaces, à l’instar de « The Entire History of You » ou encore « Deeper Sleep », comme s’ils cherchaient à faire monter la colère d’une belle-mère qu’ils ne supportent pas. Mais si cela ne délecterait pas tout le monde, cette mise en bouche préparée par Stepson reste enivrante et qualitative. Niveau saveurs, ils font la belle part à leur dernier album, Help Me, Help You, en n’oubliant pas l’ingrédient exclusif qu’est leur sortie la plus récente, « Eraser ». Mais alors que l’ivresse commence à monter, la foule commence à se bousculer, se chahuter, et il est temps de calmer le jeu, en appelant les enfants à faire leur démonstration. 

Les petits neveux d’Alphawolf débarquent ensuite. Ils ont prévu un spectacle d’acrobaties pour montrer l’étendue de leurs talents. Plus calme, vous croyez ? Ne parlez pas trop vite. Les enfants débutent leur performance avec « Ultra-Violet Violence », et semblent s’amuser follement. Leur énergie est communicative. Tellement communicative, que pendant que les bambins sautillent sur scène, le pit se transforme en chaos. Creep ne vient pas arranger les choses, les corps s’entassent tellement que la fosse ressemble à une pyramide humaine. C’est à celui qui poussera le plus pour voir le mieux son enfant faire son show. Et il faut dire que cela semble plaire à cette bande de gredins qui n’a pas prévu de faire redescendre la pression. La setlist est une vrai Roulette Russe, chaque nouveau titre est une pression supplémentaire, un carnage éventuel, sauf qu’il se trouve que le réservoir entier est plein, et que les balles en plastique des jeux d’enfants font mal, elles aussi. Il n’y a aucun répit. Ça tire à balles réelles, ce soir. Les insultes proférées durant « Sub Zero » finiront de diviser…le pit en deux. Qui s’écrasera devant l’autre, dans ce wall of death ? Personne n’est prêt à perdre. Il y a des comptes à régler, et cela se fait par le biais des enfants. Cette descente aux enfers se clôture avec la monumentale  « Akudama ». A défaut de monter sur les tables pour protester, les crowdsurfeurs montent sur les mains et parsèment la salle. Tous le monde, groupes et fans pour participer à cette ultime dispute. On envoie tout valser, on se tabasse, on se menace. Il est temps d’arrêter les frais et de couper court avant qu’un drame n’arrive.
Le spectacle incroyable des pitchounes se clôture donc, laissant des spectateurs admiratifs de leur talent, mais remontés, épuisés de la violence qu’a engendré leur performance. Il est temps de ranger le bazar mis dans cette salle de jeu, et de se reposer de toutes ces émotions.

Les enfants partis se coucher, Great American Ghost se mettent à table avec les sujets graves qu’ils  aiment tant évoquer. En effet, ils nous rappellent qu’y a des sujets plus graves et plus urgents dans notre société, qui mériteraient d’être discutés plutôt que de nous taper dessus. Ensemble, nous pourrions plutôt réfléchir à ces thèmes plus importants que nos petits différends, car notre société va mal. Ils entament la discussion en citant leur dernière lecture, Torture World, en intégralité. Ils ne manquent pas de faire référence à Power Through Terror, incontournable lors d’une discussion avec eux. Malgré la violence de leurs propos, et leur dureté, tout le monde semble les écouter avec intérêt. On peut même le dire, ils mettent tout le monde d’accord. A mesure que les garçons exposent leurs idées, l’audience les suit, s’insurge avec eux, se mobilisent dans la fosse, et s’agglutinent pour mieux entendre leurs propos. Les garçons dénoncent avec intelligence les disparités, les inégalités de ce monde. L’ambiance et lourde, bien que passionnante. Le groupe offre un moment de qualité à son audience. Leur propos est organisé, propre, lucide, éclairé, on sent qu’ils ont de l’expérience. Ils ne prennent pas de pincettes pour dire ce qu’ils ont à dire. Malgré la forme violente des propos, leur auditoire semble ressortir de ce speech en étant apaisée, sereine, et revigorée.

Les doyens de la soirée se prononcent à leur tour. Polaris, dans leur grande sagesse, décident d’alléger l’ambiance avec des propos plus délicats. Avec Pray for Rain, les musiciens exposent le menu d’une soirée plus douce, nappée d’une douceur réconciliante. Avec leur technicité, les garçons nous cuisinent une setlist aux petits oignons, axée autour de leur dernière spécialité, The Death of Me, avec des notes de The Mortal Coil. La polarité de la soirée à changée. Nous savourons chaque note de leur setlist aux saveurs de paix, leurs morceaux sont une sorte d’umami auditif : complexes, mais réconfortants et familiers, qui donnent envie de plus. Chaque morceau est parfaitement exécuté, finement découpé, et généreusement partagé. Ce sont des chefs, dans une salle étoilée par des milliers de petites lumières parsemant les murs. Ce soir, leur musique est littéralement une nourriture pour l’âme. Instrumentalement intelligente, avec des paroles nourrissante, qui font du bien. C’est un nutriscore A+ pour les oreilles. La merveilleuse « Above My Head » retentit et emporte la salle dans leur univers à la limite de l’onirique. L’audience leur rend cette énergie apportée en clamant les paroles, en dansant au rythme de leurs préparations. C’est un moment de partage intense, que le groupe semble apprécier autant qu’eux. Ils déposent sur leurs morceaux des sourires, et forment des cœurs avec leurs mains. Nous sommes loin du chaos précédemment vécu. Tout ici semble tiré à quatre épingles, et si le pit se déchaîne, l’énergie qui s’en dégage est extrêmement positive. Nous consommons leur set à une vitesse folle, nous vagabondons au rythme de leurs œuvres, si bien que nous arrivons déjà au dessert avec la tant attendue « Masochist », surmontée de « Lucid », à la manière d’une pièce montée. C’est l’apothéose de la soirée. Les australiens nous proposent merveilleuse « Martyr (Waves) », champagne de la soirée, suivie de The Remedy en guise de digestif, avant de nous dire au revoir, réconciliés, unis par une même passion.

Finalement, des repas de famille aussi animés, il n’y a que chez nous que ça arrive, et c’est pour ça qu’on aime notre famille : diversifiée, passionnée, passionnante, et talentueuse.

 

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