Miliatus – Tales of A Lost Child

Originaire de Limoges, le groupe de deathcore Miliatus dévoile un premier EP, *Tales of a Lost Child* , paru quelques mois après notre rencontre en interview en novembre 2024. Composé de cinq titres, dont un instrumental, ce projet introductif impose d’emblée un univers à la fois intense, sombre et finement exécuté. Il s’agit d’une véritable carte de visite sonore pour un groupe prometteur de la scène metal française.

Bloody Poppy

L’EP s’ouvre sur *Bloody Poppy* , un morceau déjà dévoilé en teaser quelques semaines avant la sortie. Quelques accords doux à la guitare posent d’abord l’ambiance, avant d’être rejoints par l’ensemble des instruments. Si l’introduction semble apaisée, la tempête ne tarde pas à éclater lorsque Kevin, le chanteur, entre en scène. Ceux à qui j’ai parlé du groupe le savent, et maintenant vous aussi : je suis toujours impressionnée par la justesse technique de sa voix. Il passe d’une tonalité à une autre, d’un registre à un autre, avec une aisance déconcertante et c’est précisément ce qu’on aime. Les paroles semblent raconter la dérive d’une relation qui, d’apparence salvatrice au départ, se transforme peu à peu en piège destructeur. Mensonges, trahisons, perte de soi… L’imagerie violente et sanglante souligne la colère, la désillusion et le besoin viscéral de se libérer d’une emprise douloureuse.

Cult of Lambs

On enchaîne avec *Cult of Lambs*, un de mes morceaux préférés. Les riffs de Loïc à la batterie sont particulièrement variés, apportant une belle dynamique à l’ensemble. On y perçoit différentes influences, qui enrichissent le morceau et lui donnent une réelle profondeur sonore. Un passage à la basse, signé Paul, dont il m’avait dit être particulièrement fier, se détache avec justesse, avant que le groupe au complet ne le rejoigne pour conclure sur un superbe solo de guitare signé Jean. Ce titre ne parle pas d’un petit agneau mignon rêvant de devenir dieu par le satanisme. Il s’agit d’une critique acerbe de notre société actuelle. Miliatus y dénonce, à travers une imagerie brutale, la soumission aveugle à un système oppressif, le fameux « culte des agneaux », et alerte sur les risques de perdre son identité et sa dignité. C’est un appel à résister à la pression sociale, à rester fidèle à soi-même malgré l’exclusion ou le rejet. Le message est clair : vouloir être accepté à tout prix peut pousser à nier qui l’on est. Il vaut mieux affirmer sa différence que se perdre en voulant plaire à tout le monde.

Suicide Noise

*Suicide Noise* prend la relève sans ralentir la cadence, avec un chant semi-rappé sur les premières lignes qui montre encore une autre facette de la voix de Kevin. Les guitares de Nick et Jean se répondent et s’entrelacent avec précision, donnant au morceau une profondeur supplémentaire. Le texte évoque la lutte contre des pensées suicidaires, décrivant une douleur psychique intense, le sentiment d’isolement et l’envie d’en finir pour faire taire les voix intérieures. Il aborde aussi, avec une émotion brute, la tentative de suicide d’une mère. S’entremêlent alors tristesse, colère, incompréhension, mais surtout un attachement profond, qui pousse à faire la promesse de ne jamais abandonner, malgré l’obscurité.

Blizzard Kraken

*Blizzard Kraken* s’ouvre comme une valse macabre sur un rythme effréné. Une danse à trois temps déformée, qui s’interrompt brusquement pour céder la place à un chaos instrumental maîtrisé. Les mesures ternaires sont malmenées par des riffs écrasants et une batterie implacable. Le morceau joue avec la structure classique de la valse pour la transformer en une marche funèbre brisée, aux cassures rythmiques typiques du deathcore. Ce contraste renforce l’atmosphère suffocante du morceau, comme un tourbillon dont on ne parvient pas à s’échapper. Sous ses allures de conte fantastique, le texte semble incarner un combat intérieur contre des angoisses profondes : dépression, perte de repères, sentiment d’abandon. Le *Blizzard Kraken* pourrait symboliser cette force obscure et dévorante, et l’appel au « père » resté sans réponse traduire un besoin désespéré de protection. Ce morceau est une descente dans les ténèbres de l’esprit, un naufrage psychique mis en musique.

Acoustic Suicide

*Tales of a Lost Child* se termine avec un magnifique morceau de guitare acoustique nommé *Acoustic Suicide* . Ce “multicorde” aux sonorités hispaniques apporte une douceur inattendue et méconnue dans l’univers du groupe, tout en soulignant à nouveau la richesse de leurs influences et la diversité de leur répertoire musical. Une belle respiration finale, aussi sensible que maîtrisée, qui laisse entrevoir tout le potentiel artistique de Miliatus.

Avec *Tales of a Lost Child*, Miliatus ne se contente pas d’aligner des morceaux puissants. Le groupe propose une véritable exploration émotionnelle, technique et sonore, où chaque titre révèle une facette différente de son identité. De la brutalité frontale à la fragilité acoustique, l’EP témoigne d’une maturité artistique impressionnante pour une première sortie. Il pose les bases solides d’un projet ambitieux et méritant.

Tracklist

Bloody Poppy
Cult of Lambs
Suicide Noise
Blizzard Kraken
Accoustic Suicide

Vous pouvez retrouver Miliatus en concert prochainement :

21/06/2025 : Fête de la musique – Swing Café – Limoges

04/07/2025 : Local Band Attack – CCM J. Lennon – Limoges

26/07/2025 : Farm Fest – Rilhac Lastours

 

 

Marion Tapia
Marion Tapia
31 ans. Chercheuse de talent 🫶 Passionnée par la propulsion des scènes émergente et de la collaboration avec les label et asso locale!

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