Ghost évangélise l’Accor Arena [FR/EN]

Quelques jours simplement après la sortie de leur sixième album Skeletá, Ghost était de retour à Bercy, trois ans après leur dernier passage, pour un concert qui s’annonçait comme le plus ambitieux du groupe. Pas mal de signes pouvaient nous laisser croire qu’on allait assister à un concert d’envergure : pas de première partie, un concert placé judicieusement juste après la sortie de leur album ou encore le fait que la tournée ne soit faite exclusivement de date en salle. Tout nous portait à croire que le groupe souhaitait proposer à son public un show et une immersion totale dans leur univers. Et dernier détail, et pas des moindres, les téléphones étaient interdits dans l’enceinte du concert.

Les fans du groupe, qui ont répondu présent en nombre (le concert étant quasi sold out) ont donc vu leur téléphone être placé dans un étui en tissu fermé par un mécanisme semblable à un antivol qui ne pouvait donc être démagnétisé uniquement à l’aide d’un appareil spécial. Nous garderons donc nos téléphones avec soi pendant la soirée mais sans la possibilité d’y accéder.

Sans première partie, le timing de la soirée est assez incertain aux premiers abords. Habituellement, les premières parties servent également de repère dans le déroulé de la soirée et une fois la (ou les) première(s) partie(s) terminée(s), on sait que la tête d’affiche suivra dans la foulée. On sent cependant, grâce aux différentes musiques proposées dans les enceintes (choisies par le groupe, bien entendu) et dans les éclairages, qu’on se rapproche tout doucement de la montée sur scène du groupe de Tobias Forge.

Le concert débute avec déjà une superbe mise en scène – un drap noir criblé de plusieurs trous qui font penser aux faded scar mentionné dans le morceau Peacefield qui ouvre le set de la soirée. Comme avec Kaisarion pour la tournée Impera, le groupe décide d’ouvrir le concert avec l’opener de leur dernier album et c’est un choix judicieux. On comprend en tout cas d’entrée que le groupe a, comme on le sentait, vu les choses en grand pour cette tournée : la scénographie est superbe, notamment avec les spots lumineux en forme du « Grucifix ». Les décors varieront tout au long du show, tout comme la tenue de Papa V Perpetua, le personnage ecclésiastique incarné par Tobias Forge. Le successeur de Papa Emeritus IV sera d’ailleurs élevé de la scène lors de Call Me Little Sunshine. On sent que tout est millimétré dans le show des Suédois, mais c’est exactement ce qu’on doit attendre d’un concert de ce groupe. L’aspect théâtral de leur musique et toutes leurs références religieuses amènent logiquement le groupe à concevoir leur concert comme une vraie cérémonie. Et le résultat est plus que réussi : l’immersion est totale et elle est grandement aidée par une qualité musicale et sonore irréprochable. Le seul bémol à apporter concerne la visibilité de la scène, depuis les gradins latéraux (où j’étais placé), l’ensemble de la scénographie n’était pas clairement visible, notamment obstrué par la grappe d’enceintes suspendues.

Le choix d’un concert sans téléphone aide également grandement à cette immersion. Je vous épargne les discours du genre « c’est génial on se reconnecte au réel, on reparle enfin aux gens », je suis pas coach en développement personnel. Par contre, ce qui est clair, c’est que c’est un plaisir de pouvoir profiter d’un concert sans qu’un téléphone qui filme (mal) pointe le bout de son nez dans son champ de vision. Le public est sans doute également forcément plus amené à se fondre dans l’ambiance du concert et celle-ci fut globalement très bonne pendant tout le concert. Ce que je trouve surtout appréciable c’est que Ghost soit allé jusqu’au bout de leur idée. On lit parfois des artistes qui se plaignent d’avoir un mur de smartphone pendant leurs concerts. Mais si cela est vraiment préjudiciable, alors allons jusqu’au bout de l’idée et faisons en sorte de mettre en place quelque chose pour y remédier. Quel est le risque ? Pour un groupe de l’envergure de Ghost, il est évident que le public répondra quand même à l’appel. C’est en fait une question de volonté et Ghost s’est donné la peine de sortir des sentiers battus sur ce point là. Au delà d’un concert, le groupe a souhaité proposer une expérience immersive de A à Z à son public. Un petit détail illustratif : habituellement, on voit défiler dans les panneaux publicitaires à l’intérieur de la salle les annonces des prochains concerts à l’Accor Arena ou des annonces de partenaires commerciaux, mais pas cette fois-ci : nul doute que c’était une demande du groupe.

Musicalement, Ghost nous distille son mélange ingénieux et unique de hard-rock, pop rock et de glam metal sous fond d’imagerie satanique et blasphématoire. Après 15 ans d’existence, le groupe possède désormais un répertoire plus que solide et nous livre un concert d’un peu moins de 2h sans réel temps mort. L’apothéose arrive avec le rappel et la succession des trois morceaux les plus idiomatiques du groupe : Mary on a Cross, Dance Macabre et Square Hammer. On ressort de cette procession en ayant pris une sacré claque musicale et scénographique.

Dans le cadre de la sortie de son sixième album Skeletá, Ghost a vu les choses en grand en proposant un spectacle que le groupe a souhaité maîtrisé et contrôlé de A à Z. En résulte un show exceptionnel et une expérience musicale pleine. En plus d’être un groupe novateur et marquant de la scène alternative internationale sur les quinze dernières années, la bande à Tobias Forge s’impose également comme un groupe capable de proposer des concerts hors du commun. 

Ghost Setlist Accor Arena, Paris, France, Skeletour World Tour 2025

Merci à Olivier de Replica pour l’accréditation et à l’Accor Arena pour son accueil!


Just a few days after the release of their sixth album Skeletá, Ghost returned to Bercy, three years after their last performance there, for what was shaping up to be the band’s most ambitious concert to date. Several signs pointed to a large-scale event: no opening act, a concert scheduled just after the album’s release, and a tour composed exclusively of indoor dates. Everything suggested that the band wanted to offer their audience a fully immersive show set in their universe. And one final — and important — detail: phones were strictly prohibited inside the venue.

The band’s fans, who turned out in large numbers (the show was nearly sold out), had their phones placed in fabric pouches locked with a mechanism similar to an anti-theft tag, which could only be unlocked with a special device. We kept our phones with us for the evening, but had no way of accessing them.

With no opening act, the evening’s schedule was unclear at first. Usually, openers help set the pace of the evening and once they’re done, you know the headliner is about to come on. However, thanks to the music being played through the speakers (handpicked by the band, of course) and the lighting effects, we could sense that the moment was drawing near for Tobias Forge and his band to take the stage.

The concert began with an impressive stage setup — a black curtain riddled with holes reminiscent of the « faded scar » mentioned in Peacefield, the opening track of the night’s set. Just like with Kaisarion during the Impera tour, the band chose to open with the first song from their new album — a wise decision. From the outset, it was clear that the band had gone all-out for this tour: the stage design was stunning, especially with the lighting rigs shaped like the “Grucifix.” The stage scenery evolved throughout the show, as did the outfit worn by Papa V Perpetua, the ecclesiastical character portrayed by Tobias Forge. His predecessor, Papa Emeritus IV, was even lifted from the stage during Call Me Little Sunshine. Every detail of the show felt meticulously planned — exactly what you’d expect from a Ghost concert. The theatrical nature of their music, along with all the religious imagery, naturally lends itself to a performance designed like an actual ceremony. And the result was a complete success: total immersion, supported by flawless sound and musical performance. The only downside was the limited stage visibility from the side bleachers (where I was seated), as some elements were blocked by the cluster of suspended speakers.

The phone-free policy also played a major role in creating that sense of immersion. I’ll spare you the typical “It’s amazing to reconnect with the real world and finally talk to people again” kind of speech — I’m not a life coach. But what’s certain is that it was refreshing to enjoy a concert without phones (poorly) recording the show popping up in your field of view. The audience, freed from their screens, seemed more absorbed in the atmosphere, which remained excellent throughout the night. What I particularly appreciated was that Ghost fully committed to their idea. You often hear artists complain about facing a wall of smartphones during their shows. But if it’s really that problematic, then take action and implement a solution. What’s the risk? For a band as big as Ghost, it’s clear their fans will still show up. In the end, it’s a matter of willingness — and Ghost made the effort to think outside the box. More than just a concert, the band aimed to deliver a fully immersive experience from start to finish. A small but telling example: typically, digital ads run on screens inside the Accor Arena promoting upcoming shows or commercial sponsors. But not this time — no doubt that was a specific request from the band.

Musically, Ghost delivered their clever and unique blend of hard rock, pop rock, and glam metal, all wrapped in satanic and blasphemous imagery. After 15 years of existence, the band now boasts a solid discography and treated us to a nearly two-hour show without any real lull. The climax came during the encore, with the trio of the band’s most iconic tracks: Mary on a Cross, Dance Macabre, and Square Hammer. We walked out of this procession having taken quite a musical and visual hit.

With the release of Skeletá, their sixth album, Ghost went all in, putting on a show they clearly wanted to control from A to Z. The result was an exceptional concert and a rich musical experience. Beyond being one of the most innovative and influential bands on the international alternative scene over the past fifteen years, Tobias Forge and his crew have proven they’re also capable of delivering truly extraordinary live performances.

MightyMightyMarty
MightyMightyMarty
Mon truc c'est le punk rock et le hardcore. Mais comme il faut s'intéresser à tout (ou presque), vous pouvez me croiser en concert de pop-punk ou de Oi!, m'entendre fredonner du classic rock ou du metalcore, et même me surprendre à écouter du metal!

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