Malevolence + Obituary + Heaven Shall Burn + Trivium @ l’Olympia de Paris (01/02/2023)

Le mois de février débutait sur les chapeaux de roue avec une soirée placée sous le signe de la bagarre. Mais comme nous l’annonçait BFMV la veille : You Want A Battle ? Here’s War.

Sur l’air de « Bad Boy » de Inner Circle, Malevolence sont les premiers à lancer l’offensive. Les britanniques frappent fort avec « Malicious Intent ». Ils ne sont pas là pour plaisanter, et annoncent la couleur : la sortie de cette bagarre se fera probablement par une condamnation à perpétuité (Life Sentence). Les musiciens sautent dans tous les sens, tandis que le public distribue des coups de pieds à foison dans le pit au rythme de leurs morceaux proférés avec hargne par Alex Taylor. C’est une véritable bagarre de rue, de l’énergie brute. La formation assène le coup de grâce avec leur fédératrice « Keep Your Distance » dont les paroles sont scandées par la salle, avant de s’échapper au son de On Broken Glass.

Nous nous faisons interpeller, le temps de nous remettre les idées en place. Les vétérans du groupe Obituary ont assisté à la scène et sont ici pour nous faire la morale.
Vêtu d’un pantalon cargo à motifs camouflages militaires, John Tarby, au chant, nous appuie métaphoriquement sur l’épaule de tout son poids, pour nous faire asseoir. Il faut dire qu’avec 40 ans dans le domaine, ils ont vu défiler des combats dans des salles, et en sont las. À l’aide d’une setlist efficace, ils nous racontent le chaos qu’ils ont traversé, le jour où ils ont cru leur sentence prononcée (Sentence Day), la leçon qu’ils ont appris en cherchant à se venger (A Lesson In Vengeance), les visions traumatiques qui leurs reviennent encore aujourd’hui (Visions In My Head), avant de dénoncer les tyrans à l’origine de ces crimes (Circle of Tyrants). Les doyens nous racontent les différentes morts auxquelles ils ont été confrontées (Dying of Everything) et à quel point ils en souffrent encore (I’m in Pain). Nous sommes hypnotisés par leurs récits terrifiants, pesants, d’autant plus qu’ils ne nous offrent aucun répit entre les chapitres. L’histoire se termine, et nous contemplant le monument qu’ils sont, reconnaissants d’avoir partagé cette part d’histoire musicale.

Nombreux sont ceux qui se laisseront convaincre et quitteront la salle.
Poirtant, la soirée n’est pas finie, et ce sont les allemands de Heaven Shall Burn qui viendront proposer une alternative : la lutte sociale. Armés de mots plutôt que d’armes, les musiciens combattent l’injustice sociale et le racisme. Leurs convictions politiques sont affichées d’entrée de jeu avec « My Heart And The Ocean » (dont le clip a été fait en collaboration avec Sea Shepherd), ou encore « Voice Of The Voiceless ». En parlant de sujets puisés dans le cœur et la sensibilité de l’être humain, les musiciens créent un lien tout particulier avec leur public. Une complicité évidente nait de cette confiance ainsi gagnée. Leur bonté transparaît sur leurs visages souriants, et cela met du baume au cœur. La justesse de leur morceaux, et l’énergie communicative de Marcus Bischoff au chant sont rassurantes, tout comme les titres incontournables tels que « Endzeit » ou encore « Numbing The Pain » qui fonctionnent comme un phare nous guidant dans la nuit. Leur performance offre un cocon rassurant, tout en étant stimulant : pogos, circle pit, wall of death… Tout le monde est impliqué dans cette manifestation, et les titres sont scandés comme des hymnes criés dans la rue un jour de grève. Mais le cortège arrive à destination et la formation doit déjà laisser place à la tête d’affiche. Les garçons prennent quelques minutes pour considérer leurs fans, avant de nous laisser entre nous. Une communauté politique s’est fédérée autour de leur œuvre, et nous nous sentons le temps d’un instant comme dans une grande famille, inclusive, et soucieuse de son prochain.

Les premières notes de Rain pleuvent subtilement des amplis tandis que le rideau immense tombe et dévoile un décor japonisant, clin d’œil aux origines du frontman Matthew K. Heafy et sa récente collaboration avec Half Sumo. Dans l’arène, deux statues de samouraïs se dressent de chaque côté, leur regard impénétrable fixant le combat qui va bientôt commencer. La batterie trône au centre, jaillissant telle une arme redoutable d’un casque de Shogun. Misant sur une esthétique impeccable, ces derniers participants nous comptent ici le combat pacifique, comme spectacle. Le groupe fait son entrée, visiblement heureux d’être là, et le public lui rend en acclamant les musiciens comme les stars d’un combat d’UFC. Matt Heafy, le leader du groupe ne cesse d’haranguer la foule, la provoquant à coups de grimaces, et appelant les spectateurs à se donner à fond pour remporter la médaille d’or. Et le public répond à l’appel, la fosse est en ébullition.  Pendant le match, Trivium partage le podium à deux moments avec d’autres musiciens. Lors de « Like Light To The Flies », Josh Baines, guitariste de Malevolence rejoint le groupe sur scène, tandis que pendant « In Waves « , c’est Alex Dietz de Heaven Shall Burn qui se bat à leurs côtés.

« In Waves » est d’ailleurs le coup d’éclat de la soirée, une véritable marée de slammeurs survole la fosse, tout le monde chante, la foule est survoltée. Trivium offre à Paris une setlist équilibrée, avec de nombreux titres issus de nos premières compétitions (« Rain », « Like Light To The Flies », « In Waves » et « Pull Harder On thé Strings of Your Martyr »), le choix de la bande son est différente des autres soirs, puisque lors d’une compétition, nous ne savons pas toujours qui nous allons affronter. Et si cela peut faire quelques déçus, le groupe a su donner le meilleur de lui-même sur scène, grâce à la puissance de son nouveau batteur, Alex Bent, qui offre une profondeur nouvelle à leur musique, et une armée de fans prêts à faire gagner cette équipe parisienne. Et si le guerrier parfait n’existe sans doute pas,  ensemble, nous avons créé une équipe qui a semblé invincible, le temps d’un concert.

Finalement, nous qui étions venus faire la bagarre, nous avons trouvé de belles leçons d’humanité et de contenu musical, ce soir. Le tout, en ayant le plaisir de nous amuser ensemble, en partageant notre passion commune qu’est le metal dans toute sa diversité. La musique comme source de vie, pour combattre le négatif.

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