Le backstage affichait complet en ce premier jour de mars pour le retour en France des californiens de zebrahead, que l’on n’avait pas revu depuis début 2020 et leur passage au Zénith en première partie de Sum 41. Et le moins qu’on puisse dire c’est que l’actualité du groupe a été vive depuis ce dernier passage : un changement de chanteur et deux nouveaux EP, dont le dernier en date, II, sorti quelques semaines avant ce concert. On avait donc hâte de pouvoir se faire notre avis sur toutes ces nouveautés!
Zebrahead n’ayant pas de première partie pour l’intégralité de leur tournée européenne, c’est mirabelle., groupe parisien que l’on avait déjà pu apprécier en première partie de Chunk! No, Captain Chunk! en juin dernier qui eut la tâche et l’honneur d’ouvrir cette soirée. L’un des deux chanteurs nous confie d’ailleurs être lui-même un grand amateur de la tête d’affiche de la soirée. On imagine donc que ce concert devait être d’autant plus spécial aux yeux du jeune trio. Pas de quoi impressionner mirabelle. puisque le premier morceau Six Figure Men nous en met directement plein la vue. Et il nous donne déjà à voir la multitude d’influences du groupe : le chant s’alterne entre parties screamées et refrains mélodiques, une formule qui rapproche fortement le groupe du easycore. D’autant plus que le groupe fait également usage de touches électroniques qui donnent du relief et de la personnalité à leurs compositions. Le public semble réceptif à la formule de mirabelle. et le groupe peut également s’appuyer sur une bonne poignée de connaisseurs qui apportent leurs chœurs aux refrains du groupe. Le trio nous propose des morceaux issus de son premier EP Nighstand (2021) mais également des singles sortis l’année dernière dont le dernier en date like my favorite liquor u make me wanna sing. Le power trio, malgré leur statut de jeune groupe (le groupe s’est formé en 2021) a su relever le défi d’être le seul opener d’une soirée sold out qui semblait manquer d’une meilleure première partie à première vue.
Les californiens de zebrahead débarquent sur scène un peu avant 21h avec When Both Sides Suck, We’re All Winners et son riff introductif dévastateur qui pourrait nous faire croire qu’on va assister à un concert de thrash metal. Le groupe enchaine avec No Tomorrow, issu de son dernier EP, II (2023) et que ce soit avec le riff introductif ou le solo de guitare au milieu du morceau, Dan Palmer se fait déjà remarquer. Coiffé de son inimitable moustache et armé de sa guitare signature Van Halen, celui qui officie également au sein de Death By Stereo assure avec brio son rôle de guitariste principal. Ce deuxième morceau est également le moment pour nous de voir le nouveau chanteur Adrian Estrella à l’œuvre sur un morceau qu’il a enregistré. Et le rendu est plus que correct et fidèle à sa performance en studio. Adrian a également hérité du rôle de second guitariste qu’occupait Matty avant son départ et on peut remarquer qu’il n’est pas encore tout à fait à l’aise, notamment lorsqu’il doit chanter et jouer de la guitare en même temps. Cela peut se comprendre étant donné que le nouveau membre de ZH n’avait qu’un rôle de chanteur dans son groupe d’origine, Assuming We Survive.
Sur le morceau suivant, Hello Tomorrow, un des morceaux phares du groupe (datant de l’époque de leur premier chanteur Justin Mauriello), sa prestation est un peu moins bonne. Mais c’est finalement assez logique étant donné que son timbre de voix est assez différent du chanteur de l’époque. Le public est dans tous les cas là pour accompagner Adrian sur le refrain de ce magnifique morceau et on peut facilement ne pas lui en tenir rigueur tant nous sommes enthousiasmés par le show des californiens. Et si certains peuvent se chagriner de ce changement de chanteur, Ali Tabatabaee, le chanteur-rappeur et membre d’origine du groupe, est là pour mettre tout le monde d’accord. Sa prestance est toujours aussi charismatique : casquette zebrahead vissée sur le crâne et veste en jean bien cintré, il nous distille sans faute ses paroles tranchantes et ses gimmicks bien à lui.
Le groupe dans son ensemble parait en forme olympique, plein d’enthousiasme et déterminé à faire passer une soirée inoubliable au public. Et pour ce faire, le groupe peut s’appuyer sur ses meilleures party song comme Call Your Friends, Who Brings a Knife to a Gunfight? ou Drink Drink, un morceau bien débile pendant lequel on assiste à un concours de cul-sec. Et le tout avec de l’alcool provenant du petit bar éphémère prévu pour l’occasion et placé sur le côté droit de la salle. Les californiens ne font pas les choses à moitié! A l’inverse, le groupe compte également sur des morceaux aux thématiques plus « sombres » comme We’re Not Alright ou Rescue Me mais qui gardent un esprit fédérateur et une énergie qui ne change pas fondamentalement l’atmosphère et l’esprit du concert. C’est d’ailleurs plus dans cette ambiance mélancolique que s’inscrivent les 3 autres « nouveaux » morceaux du groupe issus de III (2021) qui nous sont joués ce soir. Mention spéciale pour Homesick for Hope, qui est selon moi le meilleur morceau des deux EP sortis avec Adrian au chant et qui se révèle particulièrement efficace en live.
Autre membre fondateur du groupe, Ben profite d’une pause entre deux morceaux pour nous remémorer ou nous apprendre une anecdote pour le moins surprenante à propos du groupe : en 2000, le groupe avait figuré parmi les nominés des prestigieux Grammy Awards dans la catégorie « Best Metal Performance » pour… une reprise de Enter Sandman de Metallica… en featuring avec Lemmy. 23 ans après, le mystère demeure sur comment une telle chose a pu arriver.
Le groupe quitte la scène sur Anthem, un des morceaux phares du groupe, immortalisé par un clip dans lequel on retrouve d’ailleurs Lemmy en guest. Les 5 compères reviennent et concluent leur set par un rappel comprenant All My Friends Are Nobodies, un morceau issu du dernier album du groupe Brain Invaders (2019) qui compte déjà parmi les classiques du groupe et par un autre tube issu de MFZB (2003) à savoir Falling Apart pour lequel le public jette ses dernières forces vocales dans la bataille. Le groupe ne s’en va pas dans la foulée et reste quelque temps avec le public afin de reprendre en choeur le refrain de I Will Always Love You, d’échanger quelques high-fives ou de prendre quelques selfies, toujours avec le sourire. Tout cela vient ponctuer une très belle soirée où la proximité et la sympathie du groupe se conjugua avec un plaisir non dissimulé de pouvoir entendre en live les si bons morceaux de ce groupe un brin sous-côté.
