C’est sous l’orage que nous nous retrouvons devant le 106 à Rouen. La pluie n’en finit pas et des éclairs zèbrent le ciel. Le concert affiche complet et la queue s’étend jusque sur la route. Pris de pitié, la sécurité fait rentrer les spectateurs une demi heure en avance par rapport à l’heure prévue d’ouverture des portes. Le public, de tous les âges, est très chill : ça s’attarde davantage au bar et au merch plutôt que de faire la course pour avoir la barrière. A l’intérieur de la salle, la majorité des lumières sont éteintes, et des symboles en rapport avec le groupe sont projetés sur les murs. On verra, entre autres, le symbole de Drift, le dernier album du groupe, et le petit guerrier, un des logos du groupe. Pas de musique, mais un son ambiant constitué de nature, oiseaux, insectes… Comme si l’on pénétrait une forêt. L’effet est renforcé par la très jolie salle du 106 aux murs en bois.
Lili refrain, l’italienne multi-instrumentiste
Lili Refrain est une valeur sûre en première partie d’Heilung. Bien qu’elle ne convainc pas toujours en festival de Metal à cause de sa musique lente et envoûtante, il s’agit du match parfait pour un groupe spirituel comme Heilung. Lili Refrain utilise une table de looping pour faire des boucles avec sa voix, son tambour, ses guitares… Elle joue tout elle-même et crée une véritable ambiance dans la salle. C’est le silence, tout le monde est subjugué. Commençant par Ichor, elle met tout le monde d’accord avec la puissance de sa voix. Sur MAMI WATA, elle joue beaucoup de percussions et rajoute un son de guitare électrique pas forcément présent sur la chanson de base, ce qui rajoute une autre dimension à ce concert. Toute la foule est en transe, et tous les regards que je croise semblent transportés dans l’univers de Lili Refrain. Sur Travellers, les gens apprécieront particulièrement le rythme effréné de guitare dans un style plus Metal pour conclure le morceau. L’artiste s’octroiera même une petite blague en fin de set, activant sa table de looping lorsqu’elle parle pour nous remercier, et on se retrouve vite avec tous ses remerciements qui se font échos partout dans la salle. En bref, une belle réussite.
Heilung, quand l’Histoire rencontre la musique et la spiritualité
On ne présente plus Heilung, tant le groupe a gagné une popularité éclair dès leur création. S’appuyant sur l’Histoire européenne pour créer de la musique folk et traditionnelle, le groupe nous promet un rituel composé de musiques plus envoûtantes les unes que les autres. Comme toujours, ils vont commencer leur cérémonie d’ouverture par brûler de la sauge et asperger de la fumée tous les instruments ainsi que les premiers rangs de spectateurs, une manière de purifier le lieu avant d’entrer. Leur ronde se forme, chacun tient dans ses mains des bois de rennes scandinaves, et Kai va crier chaque ligne de leur « devise », chaque ligne étant reprise par l’ensemble des autres membres et une partie du public connaissant le texte (« Remember that we all are brother… » – « Souviens toi que nous sommes tous frères »). Le groupe va ensuite commencer par l’incontournable In Maidjan, chanson qu’ils ont toujours joué en premier et que tout le monde reprend en chœur. Dès les premières notes, on peut voir le public s’agiter et commencer à danser. Visuellement, le groupe fait toujours mouche, tant les costumes et les prestations scéniques sont jolis. Dès la deuxième chanson, un groupe de guerriers va les rejoindre sur scène et va danser/chanter/crier avec eux au besoin. Toutes les chorégraphies sont parfaitement millimétrées pour nous faire entrer dans leur univers et raconter des histoires. Suite à la sortie de leur nouvel album, on aura le plaisir de retrouver des chansons comme Asja et Anoana, avec un nouveau jeu scénique vraiment très joli. On aura également des morceaux incontournables comme Krigsgaldr, Norupo ou encore Traust. Pas mal de danses rituelles seront performées, on retrouvera également le traditionnel sacrifice de la guerrière, ranimée par Maria Franz. Les percussionnistes ont une énergie de dingue qui tient jusqu’à la fin du set sans faiblir. Comme toujours, les concerts d’Heilung sont un immense plaisir autant visuel que sonore, et on ne peut s’empêcher de danser. Le groupe terminera par Hamrer Hippyer, avec ses guerriers qui sauteront dans la foule, avant d’entamer la cérémonie de fin, de saluer chaleureusement et de quitter la scène sous les ovations du public.
