En ces temps de virus fulgurants, il en est un dont je n’ai pu me défaire: les concerts intimistes du Bolegason à Castres.
Alors oui, intimiste c’est le mot politiquement correct pour dire qu’il n’y a pas foule en ce soir de février, et ce, malgré une programmation alléchante de saisons en saisons, avec de quoi ravir les différents amateurs du spectre musical le plus large. Vous retrouverez notamment Maxenss, Maceo Parker ou même Ken Boothe. Éclectique on vous dit !
La raison pour laquelle j’ai osé mettre le nez dehors ce soir là s’appelle Johnny Mafia.
Un nom qui ressort de plus en plus fréquemment dans le petit (grand) monde du punk rock français. Un nom qui m’a interpellée dans ma lecture du programme du Boleg’ et pour lequel j’ai réservé des places illico. Découverts pour la première fois il y a environ un an, dans le Punk Rawk 2018, je commençais à désespérer de les voir un jour.
Et puis ma voix fut entendue et Sens a rencontré Castres le temps d’un concert, devant une foule… bon pas une foule ok… devant un groupe de gens réunis par l’amour du Fuzz et de la bière.
On m’avait vendu un « groupe de jeunes, qui montent, qui font vraiment de la bonne musique » (en gros ils avaient passé la validation des anciens mais tant qu’ils n’auraient pas tous 30 ans on continuerait de dire « Mais siiii Johnny Mafia, tu sais le groupe de petits jeunes qui cartonnent »). Je me suis retrouvée face à un groupe qui n’a pas besoin de monter, qui est déjà Top of the Pops, groupies incluses (les trois mecs devant, qui connaissaient toutes les chansons, on vous a vu). Le son est propre même si les balances sont faites à l’arrache, l’enchaînement est limpide, et j’ai brusquement un flashback mêlant énormément de souvenirs musicaux:
Les Fratellis, il y a 10 ans, pour le coté garage/boys band qui te donne envie de faire du trampoline; Ty Segall pour ce petit goût de Californie latent (Les bords de l’Yonne are the new Miami Beach) et ce son fuzzy agrippant à souhait; une petite pincée de The Hives; le tout passé dans un grand blender enclenché en force sur le mode « post-grunge rock’n’roll » parce qu’ils sont clairement les héritiers de tout ce que la vague Seattle/Olympia à pu apporter au monstre Rock.
Quand tu écoutes Johnny Mafia tu as envie de porter des converses, de faire du skateboard sous le soleil, de commencer un fanzine, et de retrouver tes potes dans une super soirée. Bref la bande-son du rêve adolescent qui sommeille en chacun de nous.
Et là on comprends pourquoi ils sont les bons élèves du punk français: Inouïs du Printemps de Bourges en 2014, FAIR et Eurockéennes de Belfort en 2017, un deuxième album produit par Jim Diamond en 2018, une tournée avec Not Scientists en 2019… Le palmarès n’en finit pas de grimper et leur performance live explique cette réussite: captivante , assourdissante, énergisante, option « gourde réutilisable » parce qu’on est en 2020 quand même.
Seul point noir de la soirée: ils auraient mérité un public possédé, une salle comble, la moiteur du Bolegason rempli (oui ça s’est vu, c’est d’ailleurs très beau.). Castres, tu loupes des trucs quand tu dors.
Quoiqu’il en soit, c’est le premier concert de cette année que j’ai vraiment aimé, un truc qui booste tes défenses immunitaires pour braver le froid, les virus, le 49.3 et le carnaval, et ça ça vaut toutes les ampoules « vitamines/ginseng/redbull » du monde. Merci Johnny Mafia !
(oui j’ai encore mis des GIF pour compenser l’absence de photo. Pardon)
Léa