À l’occasion de la release party de leur tout nouvel album Ferae Seves, Marye a pu s’entretenir avec le groupe de post-rock nordiste Dérives juste avant leur montée sur scène.
Marye : Est-ce que vous pouvez commencer par présenter l’historique du groupe ?
Simon : Le groupe s’appelle Dérives actuellement. Si on revient à l’essence du projet, il a eu pas mal de noms, il s’appelait Rives auparavant. Mais depuis Août 2022, on a changé de nom. Le groupe s’est créée en 2015 avec l’idée de 4 musiciens, surtout 2, Paul et l’ancien batteur qui avaient envie de faire du post-rock, et ensuite on s’est greffé avec Stéph à leurs idées. Typiquement on est parti de ça, on aime le post-rock, pourquoi pas en faire. Maintenant ça va faire 7 ans que ça existe, on a un premier EP de 4 titres qui est sorti en 2018, et aujourd’hui notre album. Musicalement, on est parti du post-rock mais on a quitté l’idée de faire du post-rock. On fait ce que nous aimons, avec notre patte et nos inspirations. On a façonné petit à petit le son pour obtenir ce que l’on a aujourd’hui. C’est un son assez singulier, mais en tout cas, on explore, les morceaux ne sont pas tous homogènes entre eux. Ca reste une musique plutôt expérimentale et on prends plaisir à explorer des équilibres ensembles.
Marye : Et donc pourquoi avoir changé de nom entre l’EP et l’album ?
Matthieu : En faite on a eu plein de soucis avec le nom « Rives », qui est un nom très utilisé. Ca en est au point que même sur Spotify, il y avait des musiques d’autres groupes qui venaient se greffer sur notre profil. Et en plus de ça, se répertorier sur les réseaux sociaux, c’était compliqué. Mais sinon on avait un truc, après les concerts on se faisait un boeuf et ça devenait dérives [rire]. Le nom est resté et ça nous allait bien, ça colle toujours à l’idée qu’on avait du projet dans sa représentation
Simon : Cette idée d’explorer la musique, on se laisse un peu dériver dans des choses. La métaphore de la dérive, la mer, la barque, de dériver marche aussi.
Matthieu : Avant qu’on s’appelle Dérives, il y avait déjà cette idée dans les noms de morceau. Dans l’EP, on a un titre qui s’appelle « Dérive Azur », dans l’album « Dérives nocturnes ». C’était une idée déjà présente donc ça s’est fait naturellement.
Marye : L’album vous l’avez enregistré à MusicOpré en Normandie, vous pouvez nous en parlez un peu ?
Paul : On a pris deux ans à composer l’album, et on a fini par un résidence qui nous a permis de finaliser l’album. Suite à ça, on voulait enregistrer mais on avait deux contraintes : On voulait enregistrer la musique en live car on a des morceaux qui durent entre 8 et 14 minutes, et on voulait du live pour ressentir vraiment le vivant. Et ensuite on voulait absolument bosser sur un piano à queue pour avoir un vrai son de piano. Le piano lead beaucoup, a une grosse place dans l’album. Du coup, on a cherché un studio où on pouvait allié les deux et on a trouvé ce studio.
Marye : Ah oui, c’est une réelle découverte ce studio ?
Matthieu : Oui, et d’ailleurs super rencontre !
Paul : On a pu mettre tous nos instruments avec le piano et la batterie était dans une salle à part. On avait tous un visu les uns les autres, et on a enregistré comme ça. On a juste eu un soucis avec la guitare donc on a pris une semaine pour ré-enregistrer toute la guitare.
Marye : Même si votre musique n’a pas de paroles, dans le titre de vos chansons, on a un rapport fort à la nature comme sur votre EP. C’est une thématique qui vous inspire fortement…
Simon : C’est un peu caricatural du post rock, on voit pas mal dans le post rock, on a souvent des paysages, la nature etc… mais en faite effectivement dans ce que nous on fait, dans le voyage qu’on propose au public et que nous même on fait, effectivement on peut pas se cacher que ce soit la montagne, la forêt, c’est des choses qui nous parlent. On a un morceau qui s’appelle « Mormal », qui est le nom d’une forêt dans l’Avesnois, région dont nous sommes originaires. On a aussi un titre qui s’appelle « Nébuleuse », qui est un peu plus spatial, la tête dans les étoiles. C’est sûr qu’on est moins inspiré par la ville, la ville la nuit, le côté urbain.
Matthieu : Encore une fois, ca a été composé dans l’Avesnois, on reste un peu aussi dans le cadre de ce qui se passe autour de nous, ce qui nous inspire. Pour cet album, il y a quand même cette histoire de jour et nuit avec deux panels au final avec une avancée un peu chronologique dans l’album. On commence l’album par « Mont de brume » donc le jour se lève, on avance, on va dans la forêt, on arrive à la nuit, puis le jour se relève. C’est vraiment l’écriture que l’on voyait des titres et de la composition. L’album a faillit s’appeler « Day by night », mais on est revenu avec un titre d’album en latin. L’album c’est 24 heures qui se déroulent.
Simon : D’où des musiques un peu plus nocturnes par exemple les 4 dernières, un peu plus mineures, et ça se verra aussi avec la vidéo ce soir. La vidéo qui a été créé avec l’album, on a la chance d’avoir fait une résidence création vidéo.
Marye : Ah bah c’est exactement sur le sujet que je voulais enchainer, vous avez déjà un clip qui est sorti « Vers la lisière »..
Paul : C’est des images que j’ai faite lors de mes vacances à la mer. Je voulais trouver un endroit avec une lisière, où on avait une forêt et la mer, et c’est ce que j’ai trouvé près de Berck, il y a une forêt abandonnée qui s’appelle La forêt morte. A la base, je voulais juste faire un plan séquence qui partait de l’eau et qui se tournait vers les arbres, et rentrait dedans. Mais au final, on a tourné le plan séquence, mais j’ai fini par faire un montage pour le clip par contre vous pouvez retrouver ce plan séquence en intégralité sur l’écran derrière nous pendant le concert.
Marye : Et pour l’artwork de l’album, c’est pareil, c’est toi qui l’a fait Paul ?
Paul : Depuis notre premier EP, on a un copain qui fait de la photo argentique. Pour cet album, il a fait un solar graphe, c’est une boite de conserve qu’il a mis dans un arbre pendant 15 jours. Pendant cette période, le soleil passe et ça fait cet effet naturel sur la photo, des trainées bleues et rouges. Il nous a proposé cette photo, et on s’est dit « ah bah oui carrément ».
Simon : Sans qu’on lui parle de la thématique de la journée, et du coup ça nous a parlé à fond : la nature, le jour, la nuit.
Marye : On a une scène post-rock et post-métal Français extrêmement grande et qualitative.
Paul : Bruit !
Marye : Oui, bien par exemple de Bruit, leur album majestueux, comment vous vous placez dans cette scène, vous vous en inspirez ?
Matthieu : On est pas mal pote avec les Fall Of Messiah, [qui passent avec Bruit au 4Ecluses de Dunkerque le 02 novembre], Bruit je ne les connais que depuis très récemment, j’ai eu l’occasion de les voir à l’Arctangeant, et j’ai pris une cartouche.
Paul : Dans les grands noms, il y a This Will Destroy You, qui a été l’une de nos influences principales, surtout dans les débuts.
Simon : En tout cas, un groupe qui nous a donné envie de faire du post-rock. On s’inspire pas vraiment d’eux, mais ils nous ont donné fortement envie. On part d’eux, ça s’est sûr ! Au moment où l’on a créé le groupe, c’était notre album coup de cœur.
Matthieu : Après il y a The Necks !
Paul : Ah oui clairement ! The Necks c’est un groupe de free-jazz, avec des morceaux qui durent 1 heure, durant laquelle ils développent en restant sur les même thèmes. Ca part du petit bruit, de la petite cloche à des gros sons assez énervé. Le son « Mormal » est totalement inspiré de The Necks.
Marye : Parfait ! Merci beaucoup pour cet échange.
Merci au groupe pour leur gentillesse et disponibilité et à la Bulle Café pour leur accueil.