Green Day – Saviors

Le 14ème album studio de Green Day, intitulé Saviors et sorti chez Reprise, était l’une des premières sorties attendues de ce début d’année. Après avoir donné un concert surprise au Bataclan en novembre dernier et annoncé une tournée européenne pour cet été, l’attente se focalisait donc autour du dernier opus du groupe, qui était teasé depuis quelque temps par le trio californien.

Ces 20 dernières années, la discographie de Green Day a alterné entre deux styles et deux ambiances assez distinctes. D’un côté, symbolisé par American Idiot (2004), on a un Green Day en mode « opéra-rock » qui propose des concept albums qui racontent une histoire, souvent contestatrice, avec une recherche d’homogénéité et de cohérence dans ses compositions. Le tout dans un style plus proche du pop-punk, de l’alternative rock voire de l’emo. On range dans cette catégorie 21st Century Breakdown (2009) mais aussi Revolution Radio (2016). De l’autre côté, Green Day a également parfois cherché à renouer avec ses racines et à retourner à un son plus brut, plus direct, penchant beaucoup plus vers le punk rock. On pense ici à la trilogie ¡Uno!, ¡Dos! et ¡Tre! (2012) ou plus récemment au décevant Father of All Motherfuckers (2020). La sortie de Saviors posait donc la question de la direction qu’allait choisir le groupe pour ce 14ème album.

Cet album se présente en fait à la croisée des chemins de ces deux styles. A la première écoute, il donne l’impression d’être un album « retour aux sources » car la production et l’esprit général a un indéniable côté punk rock. Mais Saviors regorge finalement d’une diversité et d’une richesse qui ne peut le cantonner à un album classique de punk rock.

Le premier morceau The American Dream is Killing Me se veut comme le tube de l’album qui donne le la pour la suite du disque, avec son gros riff distinctif, un peu à l’instar d’un Know Your Enemy. Ce premier morceau pose également les bases d’un album à l’esprit contestataire et rebelle (sans être révolutionnaire), qu’on retrouvera sur One Eyed Bastard ou sur Living in the 20’s. On retrouve par ailleurs sur l’album des morceaux plus personnels. Sur Dilemma, Billie Joe évoque son combat contre ses problèmes d’addiction, une thématique qui rappelle le morceau Still Breathing, issu de Revolution Radio. Avec la balade Father to a Son, BJA adresse une très belle déclaration à l’intention de son fils. Comme d’ordinaire, l’album compte des morceaux d’amour parmi lesquelles Bobby Sox sort du lot. Ce morceau, dans un style très proche des Ramones et dans une ambiance juvénile voire enfantine rappelle la bissexualité de Billie Joe avec l’alternance des deux premiers couplets : « Do you wanna be my girlfriend? » / « Do you wanna be my boyfriend? ». 

Au delà de ces thématiques et ambiances différentes, l’album est tout autant convaincant sur le plan musical, les morceaux, sans être des tubes, sont tous accrocheurs et réussis. On peut par exemple citer 1981, un morceau assez simple mais terriblement efficace, ou le plus tranquille Corvette Summer et son rythme mid-tempo qui donne envie d’arpenter les rues d’Oakland dans une Corvette d’époque (les modèles plus récents ne sont pas vraiment dans l’esprit punk-rock). En plus de ces bons morceaux individuels, l’ambiance musicale générale de l’album donne l’impression d’un son pur et authentique, sans trop de retouche. Là où certains groupes s’entourent d’autres musiciens et producteurs pour composer leurs albums, ici, on sent que le son nous vient bien du trio Billie Joe Armstrong – Mike Dirnt – Tré Cool.

Avec Saviors, Green Day nous propose un album qui synthétise les différents styles du groupe sur ces 20 dernières années. Ce 14ème album se veut donc comme un album de punk rock mais propose tout de même des ambiances et des thématiques différentes. Après la déception que représentait Father of All Motherfuckers, le trio californien revient sur le devant de la scène avec un album convaincant. 

Après l’affront de la pochette horrible de Father of All Motherfuckers, on retrouve quelque chose de plus présentable!

1. The American Dream Is Killing Me
2. Look Ma, No Brains!
3. Bobby Sox
4. One Eyed Bastard
5. Dilemma
6. 1981
7. Goodnight Adeline
8. Coma City
9. Corvette Summer
10. Suzie Chapstick
11. Strange Days Are Here to Stay
12. Living in the ’20s
13. Father to a Son
14. Saviors
15. Fancy Sauce

MightyMightyMarty
MightyMightyMarty
Mon truc c'est le punk rock et le hardcore. Mais comme il faut s'intéresser à tout (ou presque), vous pouvez me croiser en concert de pop-punk ou de Oi!, m'entendre fredonner du classic rock ou du metalcore, et même me surprendre à écouter du metal!

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