Entrevue avec Miliatus,votre prochain groupe de Deathcore préféré

C’est à l’occasion d’un concert à l’Arcadien (Bordeaux – 33) le 27 septembre dernier que j’ai pu découvrir les énergumènes de Miliatus. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’entendis les premières notes et la voix de Kevin, le chanteur, envahir cette petite cave, ma foi, fort cosy. N’étant initialement venue qu’en touriste pour voir les copains d’Agnoscimus Canticum, sans mon appareil, ni mes oreilles ni mes yeux de super reporter de concert, je me suis retrouvée sur le cul, et comme à poil de ne pas pouvoir immortaliser ce moment ! Je remercie d’ailleurs Christopher pour ses belles photos de la date à l’Arcadien !

Heureusement pour moi, ces messieurs m’ont invitée à les rejoindre pour une date dans le Limousin, chez eux, afin de passer une journée en immersion complète, et c’était quand même assez exceptionnel ! C’est à six, à l’arrière d’un camion, que l’on s’est retrouvés à faire une interview (oui, oui) !

Est-ce que vous pouvez vous présenter et présenter le groupe ? 

**Nick** : Alors, Miliatus, groupe de deathcore de Limoges. Moi, je m’appelle Nick et je suis guitariste. Qui fera des chœurs bientôt.

**Jean** : Moi, je suis Jean, je suis le deuxième guitariste et je fais aussi des chœurs.

**Loïc** : Loïc, je suis le batteur du groupe.

**Paul** : Paul, le bassiste.

**Kevin** : Et Kevin, chanteur lead.

Le nom de votre groupe a une signification particulière, vous pouvez en parler un peu plus ?

**Nick** : Oui, Miliatus, c’est un projet qui n’existait pas sous ce nom il y a 16 ans. À l’époque, on avait un petit groupe dans un style similaire, peut-être un peu plus hardcore, qui s’appelait Cup of Coffin, avec Jean et Lolo. On répétait dans un village qui s’appelait Miliatus, et c’est là que le nouveau projet a vu le jour. On avait arrêté ce projet pendant un long moment, puis des années plus tard, on s’est retrouvés tous les trois avec l’envie de refaire de la musique ensemble. On s’est donc réunis à Miliatus, et c’était un nom qui sonnait bien pour nous.

**Jean** : En plus, il y a une vraie histoire derrière ce village. À l’époque médiévale, il y a eu un massacre là-bas, et le lieu était connu sous le nom de Miliatus. Ça signifie « les milliers de tués », ce qui colle parfaitement avec l’ambiance de notre musique.

Il y a eu un événement particulier qui a fait que vous vous êtes recontactés ?

**Nick** : C’est une publication Facebook de Jean, où il était en train de chanter. Il a posté une photo de lui en train de chanter, et Loïc a réagi en disant : « Jean, si t’as envie qu’on fasse un peu de musique, tiens-moi au courant. » De mon côté, j’ai posté une photo de mes guitares en disant : « Les gars, si vous êtes partants, moi aussi je suis chaud. » Du coup, on s’est retrouvés à la base pour simplement s’amuser et se rappeler le bon vieux temps. Et au final, nous voilà un an et demi plus tard avec un line-up complet et plein de projets prometteurs en vue.

Le line-up a apparemment été un peu difficile à mettre en place. Vous avez trouvé Paul et Kevin à Limoges, c’est ça ?

**Nick** : Tout à fait. On avait commencé avec un ancien bassiste, Titi, qui faisait partie du line-up initial. Mais malheureusement, c’était quelqu’un de moins investi dans la musique et qui n’était pas forcément très régulier. Nous, de notre côté, on commençait à prendre les choses beaucoup plus au sérieux, avec des ambitions d’aller plus loin. Donc, forcément, ça n’a pas collé par rapport aux objectifs qu’on visait. Après Titi, on a trouvé Polo.

**Paul** : J’étais pote avec Nick à la base, et ça nous arrivait souvent, en soirée, que je prenne la basse et lui la guitare pour jouer un peu de vieux blues, des petits riffs sympas. J’ai toujours eu une bonne oreille, donc je me calais assez facilement dessus. Et Nick a fini par le remarquer. Un jour, il m’a dit : « Vas-y, viens tester un jour. »

**Nick** : On avait même posté une annonce pour chercher un bassiste, et on a reçu quelques candidatures. Mais finalement, on a d’abord testé Polo, parce qu’il était proche de moi.

**Paul** : À l’époque, j’avais un niveau de basse assez basique. Je jouais de temps en temps chez moi, mais jamais dans un registre metal. J’ai tout appris sur le tas.

Et donc, vous étiez plutôt autodidactes les uns les autres ? Vous avez pratiqué la musique durant votre enfance ou en école de musique, ou ça vous est venu naturellement ?

**Loïc** : Pas à l’ école, j’y suis allé mais très peu, pour me rendre compte de comment ça se passait et si ça pouvait améliorer mon jeu, mais ça m’a vite pris la tête.

**Paul** : J’ai fait un peu d’école, mais c’était en batterie et en piano, donc rien à voir avec ce qu’on fait aujourd’hui. Cependant, j’ai toujours eu une bonne oreille musicale et j’ai appris à me débrouiller comme ça.

**Kevin** : Pareil. Concernant le chant, j’ai pris quelques cours à une époque. J’ai aussi participé à plusieurs projets. Mon premier groupe, c’était un groupe de rock avec des influences Coldplay, The Killers, etc. À l’époque, je ne savais pas du tout screamer. J’ai pris quelques cours de chant avec Agathe, une amie à nous qui a aussi un projet solo à Limoges. Elle m’a donné quelques astuces, ce qui m’a permis de débloquer certaines choses assez rapidement.

**Jean** : On peut peut-être parler rapidement d’Olivier avant de passer à toi, non ?

**Marion** : Les anecdotes, c’est toujours intéressant !

**Nick** : J’ai testé un chanteur un jour. J’étais allé chercher un cab pour le groupe, car mon ampli avait grillé en répétition, donc j’ai dû changer de matos. Je voulais acheter un cab, et j’ai rencontré ce gars qui se disait chanteur, capable de faire plein de registres, il savait tout faire. Il m’a montré une vidéo où il faisait un cover de Rammstein, qu’il maîtrisait plutôt bien. Il y avait un petit passage screamé dedans qui avait l’air intéressant, donc je lui ai envoyé nos maquettes. Honnêtement, je n’étais pas vraiment parti pour le tester. Mais eux, ils ont écouté les maquettes et ont dit : « Pourquoi pas, on peut essayer. » On a donc fait 2-3 répétitions ensemble, on a voulu lui donner sa chance, mais malheureusement, ça n’a pas collé. Et voilà ! C’est par Polo qu’on a fini par rencontrer… Kevin !

**Kevin** : Exactement. En fait, Paul, que je connais depuis un moment, postait régulièrement sur les réseaux qu’il faisait partie d’un groupe, qu’ils répétaient et tout. Je l’ai contacté en lui demandant dans quel genre il jouait, et il m’a répondu : « On fait du deathcore, et justement, on cherche un chanteur. » À l’époque, j’avais un autre projet, mais j’avais du temps pour en caler un deuxième. Il m’a dit : « On cherche un chanteur, tu connais des gens que ça peut intéresser ? » Je lui ai dit : « Bah moi je suis intéressé ! »  Je me souviens, j’étais parti en vacances à ce moment-là. Pendant mes vacances, Nick m’avait envoyé les prods, je les ai écoutées, et à mon retour, on s’est rencontrés à Limoges. On a discuté et convenu d’une date pour une répétition. J’ai fait quelques tests sur les prods et je leur ai envoyé mes maquettes, et apparemment, ils ont plutôt bien aimé.

**Nick** : D’ailleurs, les morceaux qu’il a testés étaient « Suicide Noise » , « Bloody Poppy » et « Self Related » . Ce sont vraiment les trois morceaux sur lesquels il a fait ses premiers essais.

**Paul** : Je crois que cette première répétition, on va s’en souvenir toute notre vie. Avant ça, j’avais fait une répétition avec l’ancien chanteur qu’on avait testé, Olivier. Il était littéralement à côté de moi, et je ne l’entendais même pas. Puis Kevin est arrivé juste après cette répétition-là. Dès la première note chantée, on s’est tous regardés et on s’est dit : « Putain, qu’est-ce qui se passe, là ? »

**Marion** : T’as fait le même effet à Bordeaux ! C’est quoi, ce mec ?!

Du coup, vous jouez du Deathcore, vous avez quoi comme influence, les uns les autres, par rapport à tout ça ?

**Kevin** : Justement, je vais commencer, parce qu’à la base, j’en écoutais presque pas. Enfin, très peu. J’avais qu’une seule influence : Body Snatcher. C’est un groupe que j’ai découvert, je crois que c’est en recommandation Spotify, et j’ai tout de suite accroché. Mais en écoutant, je ne savais pas que c’était du Deathcore. Moi, je pensais que c’était du gros hardcore, un peu plus péchu. Et je n’avais aucune référence dans le Deathcore. Donc, quand je suis rentré, quand ils m’ont proposé d’intégrer le groupe, j’ai été me cultiver un petit peu. J’ai écouté Whitechapel. Et j’ai aussi ouvert mes horizons vocaux, parce que j’étais dans un groupe de Metalcore. Et je faisais du growl, du scream, mais ça restait dans un registre relativement Metalcore classique. Mais le Deathcore, il y a un côté beaucoup plus guttural, beaucoup plus viscéral dans les chants. Et petit à petit, j’ai commencé à m’y intéresser, à essayer. Et grâce à mon entrée dans le groupe, j’ai complètement évolué. Et j’ai trouvé aussi un peu plus mon style. Puisque j’ai commencé ma carrière avec un groupe de Rock. Après, j’étais dans un groupe de Metalcore, mais avec des grosses influences Linkin Park. Donc je faisais du chant clair et du scream, quasiment pas de growl. Quand je suis arrivé dans Maybe, j’ai fait aussi quelques parties en growl, en me rapprochant un peu plus du Hardcore. Et là, je suis arrivé dans Miliatus, et j’ai ouvert les vannes à fond. Je veux tout faire !

**Nick** : D’ailleurs, ça s’entend dans nos premières prods, qu’on a pu enregistrer avec Kevin, les premiers essais, et qu’on les réécoute aujourd’hui. C’est le jour et la nuit, ça n’a absolument rien à voir au niveau de la voix.

**Loïc** : J’étais beaucoup Gojira, Lamb of God. Après, c’est vous, Whitechapel, qui m’avez fait découvrir tous ces groupes-là. Black Dahlia Murder aussi.

**Nick** : Black Dahlia Murder, Suffokate, Whitechapel. Moi, j’ai quand même toujours écouté du Deathcore. Ça a toujours été mon genre préféré, en ce qui me concerne. Et Jean aussi.

**Paul** : J’étais Metalcore au début, Metalcore et Hardcore. J’écoutais un peu de Thy Art is Murder, mais très peu. Mais, je m’y suis mis et maintenant j’adore.

**Nick** : On est beaucoup à la compo avec Jean, donc forcément, ça part là-dedans. Mais on essaie de varier le plaisir. C’est ce qu’on disait dans la bio. On est un petit peu Multicore. On n’essaie pas non plus d’être trop niche et de trop s’enfoncer dans un genre. On a plein d’influences.

**Kevin** : Même si tu fais partie d’un groupe de Deathcore, tu en as un qui écoute Lamb of God, tu en as un qui écoute BMTH, etc. Donc, tu as plein d’horizons musicaux qui vont se mélanger.

Votre première date en mai 2024, ça s’est passé comment ? Vous avez des petites anecdotes ? 

**Nick** : Une tuerie ! C’était incroyable.

**Paul** : Tu veux une anecdote rigolote ? J’avais prévu de tout filmer, histoire qu’on puisse avoir, évidemment, de quoi se faire des retours. Donc, j’avais tout installé : micro, GoPro, tout. Et avant de monter sur scène, on a voulu se faire un gros hug de groupe, histoire de se motiver un peu. Du coup, j’ai oublié de lancer la GoPro. Tant pis. Et c’est dommage parce qu’il y a souvent des concerts dans ce bar-là. En général, c’est rarement rempli. Mais là, c’était plein à craquer. Le public, les gens bougeaient de fou. L’énergie était bonne. Ça slamait. Il y a eu de tout. C’était incroyable. On n’aurait pas pu rêver mieux comme premier concert.

**Nick** : Il y a eu un beau coup de com’ aussi. On a eu de la chance d’avoir Polo, qui est quand même vachement dans l’audiovisuel, qui soigne notre image et qui a fait des affiches, des flyers. Donc, ça a quand même ramené du monde.

**Kevin** : On avait la batterie floquée. On avait nos petits stickers. On avait chacun nos petits badges avec les viatunes. Vraiment, il y avait quelque chose de fou au niveau de la com’.

**Paul** : C’est un truc que Nick dit souvent. Même si c’est un projet qui démarre, on essaie de se prendre au sérieux. Parce qu’on vise loin.

**Nick** : On pense qu’on a quelque chose. Comme tout le monde, sûrement. Mais quand même, les retours sont extrêmement bons. On y croit. À faire au moins une belle scène en France. Au moins au niveau national.

Avec quel groupe rêvez-vous de partir en tournée ? 

**Paul** : C’est dur.

**Kevin** : C’est vraiment une belle question.

**Marion** : Je la pose jamais, celle-là, c’est la première fois !

Va-y, balance, Whitechapel ?

**Nick** : Bien sûr, en plus, depuis qu’ils sont revenus aux sources un peu, là. C’est un rêve fou.

**Kevin** : C’est vraiment incroyable. Tu mets Body Snatcher, Whitechapel, Miliatus, ça serait une affiche qui en jette.

**Paul** : Guilt Trip !

**Kevin** : Guilt Trip, ouais, carrément. En concert, c’est super. Après… j’aimerais trop faire une date avec Landmvrk. Avant que j’arrive dans Miliatus, c’était mon groupe phare… Bon, ça a été Linkin Park quand j’étais ado, comme beaucoup de gens. Mais quand j’ai découvert Landmvrk, j’ai pris une claque. Et c’était à l’époque, ils avaient tout juste sorti l’album *Fantasy*. C’était sur une sponso Insta. Depuis, je suis très fan. Bleed From Within aussi, j’aimerais bien.

**Paul** : Landmvrk, je ne sais pas. Pour moi, il y a un monde où c’est plausible qu’on fasse une date avec eux un jour.

**Kevin** : Complètement.

Pour finir, qu’est-ce que vous avez envie de dire pour donner envie au lecteur de venir vous voir, de vous écouter, de vous partager. Un petit mot de la fin? 

**Nick** : Je pense que vraiment, ils loupent quelque chose s’ils ne viennent pas nous voir ! Parce qu’on a notre propre proposition, qu’ils n’auront pas ailleurs. Il faut venir écouter. Parce qu’on se dit dans l’intimité qu’on est multicore, mais on l’est vraiment. Et on a cette petite vibe qui nous appartient. Et je pense que les gens pourraient peut-être s’identifier à ce que l’on fait.

**Kevin** : D’ailleurs, une chose intéressante qu’on a eue comme retour sur notre premier concert, c’est que même des gens qui n’aimaient pas le Metal ont aimé notre show.

**Paul** : J’ai ramené tous mes collègues de taf qui, pour eux, du metal, c’est du AC/DC, en termes de base. Et non seulement ils ont kiffé, mais il y en a plein qui sont allés au milieu du mosh. Il y en a même qui se sont pris des pains et qui sont tombés. Et ils sont venus nous voir à la fin. Ils nous ont fait un gros câlin. Genre, « putain, les gars, c’est trop cool et tout. » Et là, il y en a plein qui m’ont dit qu’ils voulaient revenir. Il y a un truc qu’on nous a dit aussi au retour de notre premier concert, c’est que notre concert, ce n’était pas plat. Tu as des phases plus calmes, des phases plus vénères. Genre, il y a plein de gens qui nous ont dit que c’était un peu comme une pièce de théâtre. Alors que pourtant, on ne fait pas grand-chose, je trouve, en termes de mise en scène. Mais le peu qu’on a fait, ça a pris le cœur des gens.

**Marion** : C’est parce que vous êtes sympathiques et avenants naturellement.

**Paul** : On nous a dit que ça se voyait qu’on s’entendait bien tous.

**Nick** : Et Alex, par exemple, le gars, qui est à la base de l’orga, de là où on va jouer demain, il n’arrête pas de le dire, qu’on arrive, qu’on a le sourire et qu’on transmet notre bonne humeur aux gens. Donc ça, plus le fait que notre univers musical puisse plaire à tout le monde, je ne vois même pas pourquoi les gens ne viendraient pas nous voir, ahah !

**Loïc** : C’est quand même incroyable de transmettre de la bonne humeur en parlant de viscères, de mort et de désolation !

**Jean** : Il ne faut pas trop traduire les paroles !

**Kevin** : Ne traduisez pas les paroles, s’il vous plaît!

**Marion** : Merci beaucoup pour ce moment avec vous !

Vous l’aurez donc compris, j’ai passé un moment exceptionnel avec une interview qui ressemblait plus à une discussion entre potes autour d’une mousse qu’à quelque chose de formel et ennuyeux. Ces messieurs ont un bel avenir devant eux, des projets sont en préparation, et j’ai hâte de vous partager tout ça ! Un grand merci à Loïc, Jean, Kevin, Nick et Paul pour ce week-end éprouvant mais passionnant ! »

Marion Tapia
Marion Tapia
30 ans. Chercheuse de talent 🫶 Passionnée par la propulsion des scènes émergente et de la collaboration avec les label et asso locale!

Latest articles

Related articles

Leave a reply

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici