Carpenter Brut + Horskh + Sierra @ Le Zénith de Paris (30/10/2022)

Le 30 octobre dernier, à la veille d’Halloween, avait lieu le concert de Carpenter Brut, en compagnie de Horskh et Sierra. Une date qui promet d’être horriblement qualitative.Sierra entre sur scène, et débute son set avec « Gone ». L’artiste nous conduit directement dans les ruelles sombres d’une ville futuriste. Ses morceaux de dark-synth flirtent avec l’univers cyberpunk, tel un Blade Runner auditif. Son univers gloomy, lourd, est transportant. La tension de ses morceaux est palpable. Nous sommes des personnages de l’histoire qu’elle nous conte. Et cela a quelque chose d’exaltant. Fermez les yeux. Vous sortez de votre travail de nuit par la porte arrière du lieu, le sourire au lèvres. Vous passez votre veste dans cette petite rue lugubre. Les lumières unicolores, contrastées, ne sont pas là pour vous rassurer. Un sentiment étrange vous envahit. Vous n’êtes pas seul•e. Votre respiration s’accélère, vous pressez le pas. « Burn », « Trust », « Unbroken », « Unpredictable ». Il n’y a aucun répit. On applaudit à chaque moment de silence, comme pour imiter le bruit de nos pas qui tentent de s’enfuir. Il n’y a aucun échappatoire, malgré ce que les contre-temps de la musique semblent nous laisser percevoir. C’est une impasse. Nous sommes Trapped. C’est la fin. Au revoir, Sierra.

Armés de leurs sons métalliques, les garçons de Horskh se postent devant nous. Immenses, impressionnants. Le guitariste est déjà rouge, ensanglanté. Ils ne sont pas à leur premier coup d’essai. Nous sommes plusieurs victimes. Le regard glacial du chanteur ne nous annonce rien de bon pour la suite. Ils nous mènent dans une zone plus industrielle. C’est là qu’ils comptent commettre leur crime. Les lumières se sont assombries. Nous essayons de couper le noeud qui nous attache (Cut The Knot). Les riffs comme des lames de rasoir, une batterie écrasante, sans compter sur le choc électrique causé par le séquenceur et le synthé, qui nous traversent et transpercent de part en part. Les musiciens nous ont réservé un châtiment d’une grande violence, mais cela semble être un crime commun pour eux (Common Crimes). Ils n’ont aucune pitié. Nous sommes leurs Victimes. A force de se démener dans tous les sens dans la fosse, pour tenter de nous échapper, nous arrivons à endommager la corde (Damaged Rope), mais nous ne pouvons la sectionner entièrement. Les musiciens remarquent que le public se bouscule, se démène, et cela semble les satisfaire. Même plus, leur méfait semble les stimuler. Le frontman, Bastien Hennaut, court dans tous les sens tandis qu’il hurle ses paroles. Paradoxalement, bloqués entre les corps, ou ligotés à nos sièges, nous prenons du plaisir à voir une telle scène. Désormais, nous sommes engagés et confus. Et si nous étions, nous aussi, des maniaques ?

Sur l’air « Everybody » des Backsteet Boys, repris en chœur par le Zénith entier, nous comprenons qu’un paradoxe s’est opéré : nous sommes pareils. Nous avons cette part d’ombre que nous n’assumons qu’en étant tous ensemble. Alors nous nous aventurons dans l’obscurité vers l’endroit qui pourrait le plus satisfaire notre soif nouvelle de violence : le dancefloor. La chasse est ouverte avec « Opening Title ». Le projet Carpenter Brut est lancé, avec à sa tête Franck Hueso, et ses acolytes Adrien Grousset (guitariste du groupe Hacride) et Florent Marcadet (batteur de Klone et de Hacride). Ces chefs de file viennent directement des enfers (Straight Outta Hell), et vont mener notre armée nouvelle à dévoiler leurs pires facettes, qui risquent malheureusement d’être reflétées par l’énorme boule présente aux dessus des têtes. Il va y avoir des veuves et veufs, ce soir (The Widow Maker). L’entraînante « Roller Mobster » déchaîne la piste de danse, les corps se bousculent, se fracassent, on danse de façon presque rituelle. La guerre semblerait presque paradisiaque à côté (Paradise Warfare). D’ailleurs, les palmiers commencent à brûler sur les écrans géants. Le chaos est imminent, et alors qu’on ordonne aux victimes de courir (Run, Sally, Run), ces derniers semblent hypnotisés par les tubes ensorcelants joués par le trio. Ils se sont laissés avoir par cette poudre aux yeux, cette vraie mascarade (Lipstick Masquerade, interprétée sur scène par Persha). Le poison a fait effet, ils ne peuvent plus partir. Les rayons lumineux sillonnent la salle, la découpent. C’est déjà trop tard, et personne ne semble le voir. On se déhanche comme s’il n’y avait pas de lendemain et que c’était notre dernière chance. Vous ne croyez pas si bien dire. « Turbo Killer » est lancée, et le chanteur ordonne un wall of death. C’est un véritable assassinat. Il ne reste plus qu’à brûler les preuves et la scène de crime, dans les flammes de « The Perv ». 

Nous contemplant, aux côtés de Carpenter Brut, ce carnage. Nous sourions. Sur l’air de leur anthem « Maniac » (en compagnie de Yann Ligner, de Klone), qui semble nous définir ce soir, la salle entière salle et hurle les paroles, taguées sur les écrans de la salle. Cette chanson, comme signature d’une soirée infernale.

Cette soirée était définitivement monstrueuse, d’une qualité démentielle. Les rythmes endiablés des trois groupes ont définitivement fait de nombreuses victimes et entraîné la salle entière dans une folie frénétique. Une trilogy musicale sur grand écran, aura fait ressortir nos parts d’ombre, grâce à des jeux de lumières impressionnantes.
On dit qu’une faille entre le monde des vivants et des morts se fait à la veille de la Toussaint… sûrement que cela doit être vrai.

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