Xandria : The Wonders Still Awaiting

 

Xandria est de retour après de longues années de pause. Suite à une tournée remarquée aux côtés de Visions of Atlantis, le groupe dévoile son nouvel album intitulé The Wonders Still Awaiting. Nouveau lineup, nouvelle chanteuse, seul Marco Heubaum est toujours à la barre des compositions. Alors, que vaut ce nouvel album ?

 

L’album s’ouvre avec Two Worlds, chanson assez conséquente de 7min. Elle permet une introduction en douceur à l’album, commençant par des parties symphoniques très douces et très appréciables, avant d’avoir l’arrivée de guitares et d’un son un peu plus agressif. On a là une invitation à rentrer dans un monde féérique ; représenté par l’album. L’essentiel de la chanson constitue une mise en garde pour l’humanité : deux mondes sont possibles, l’un serait notre monde rêvé et l’autre un monde qui pourrait mener à notre perte. Au fur et à mesure de la chanson, on se rend compte que nos mauvais choix nous poussent à vivre dans un monde sombre alors que tant de merveilles pourraient être possible si l’on avait fait des choix différent (« Around every corner now ; Orwell´s next dystopia… Is this world the closer one chosen over wonders? »). On a vraiment cette sensation de dualité tout au long du morceau, d’une part par l’instrumentation qui se fait tantôt très symphonique et légère, tantôt très lourde et saturée, également présente au niveau du chant où les parties les plus exaspérées sont growlées (« We´ll have to choose the way we go. Now! ») tandis que les parties plus féériques sont en voix opératique. D’autre part, cette dualité est aussi décrite dans les paroles, quand est décrit un monde idéal avec un champ lexical très lumineux et rempli d’espoir (bright, hope, shine, illuminate, glory…) en comparaison à un monde plus sombre qui semble être notre avenir (twilight, dystopia, frail, blood, killing, failing…). Cette chanson est pour moi la plus représentative de l’album et ma préférée musicalement ; c’est donc un plaisir de la voir en introduction de l’album. On peut dire que si vous appréciez ce morceau, alors vous apprécierez également le reste de l’album.

 

 

En second, on se retrouve avec Reborn, qui est le premier single à être sorti de cette nouvelle formation. Ce morceau est fort en puissance grâce aux chœurs qui sont présents dès l’intro, et l’instrumentation de metal symphonique qui représente si bien le groupe. On a là un éventail de techniques et de rythmes. La voix peut passer d’un chant clair dans les couplets, à un chant opératique sur les refrains qui se fond en scream – une évolution très intéressante. Un solo de guitare entrecoupe tout ça, avant d’avoir une partie entièrement symphonique. Cette chanson a un message fort, celui de revenir en force et de ne jamais abandonner (« I will not give up, I will not stand down »). C’est clair, Xandria revient en force et n’est pas près de s’arrêter ! On comprend donc parfaitement pourquoi cette chanson a été choisie en tant que premier single, pour montrer la présence du groupe ainsi que toutes les possibilités offertes par ce nouveau line-up.

 

You Will Never Be Our God est un duo avec Ralf Scheepers, chanteur de Primal Fear. On a davantage de growls que sur les précédentes chansons et la composition se fait un peu plus classique, davantage de guitares et un schéma classique couplet/refrain/bridge. Ralf ne fait au final que les refrains en arrière-plan par rapport à Ambre pour amener un son plus power-metal que symphonique. Cette chanson est beaucoup plus abordable pour ceux qui ne sont pas fans du metal symphonique pur et plaira sûrement aux fans de Primal Fear. Cette chanson est davantage politique, et se place contre les formes de propagandes qui peuvent aveugler la population.

 

The Wonders Still Awaiting, titre éponyme de l’album, est un titre plaisant à écouter. Il s’agit d’un morceau de Metal Symphonique assez classique, mais très efficace. L’utilisation de voix opératique est plus importante, et les notes plus soutenues mélangées aux chœurs donnent un ensemble très sympa, dont certains passages rappellent la manière de composer de Nightwish (et il s’agit d’un compliment venant de moi). C’est une invitation au voyage à travers la musique, à aller découvrir de nouveaux horizons avec le groupe (« Lead me and show me the wonders beyond this world » ; « Hear the melodies play, the notes that show us the forgotten way »). C’est une belle représentation de comment la musique peut nous permettre de nous évader de notre quotidien vers un monde plus féérique qui nous fait rêver. Cette idée est reprise dans la chanson suivante, Ghost, qui en fait quelque chose de plus violent, d’une manière plus désespérée de vouloir s’évader ( « Reaching a place that is closer to light, far from sorrows. I just want to be lost in space and time and never come back »). La musique est plus lourde et les paroles plus dramatiques, tandis qu’on a l’utilisation de scream au chant pour renforcer cette sensation de désespoir.

 

 

Cela constitue une très bonne transition vers la chanson suivante, Your Stories I’ll Remember, définitivement plus triste. L’utilisation de piano et de violon est omniprésente, et on a la voix lancinante et triste d’Ambre qui nous emmène à travers des souvenirs d’un être aimé que l’on a perdu (« You will always be a part of what I have become / I will never get to hear your voice again but [the memories] will always stay »). Ce morceau est très touchant et la musique transmet bien ce sentiment de manque et de nostalgie. Il constitue également une pause plus calme sur l’album qui est bienvenue et fait respirer l’ensemble.

 

My Curse Is My Redemption et Illusions Is Their Name sont des morceaux sympathiques à suivre, bien qu’ils ne m’aient pas spécialement marqués à la première écoute. Le second m’a davantage plu cependant, et je m’y suis attardée sur mes écoutes suivantes – la fin notamment est vraiment chouette à écouter, avec beaucoup de growls en arrière-plan qui supportent la voix chantée, qui finit par un cri impactant. Le sujet se porte une fois de plus sur la politique et l’état du monde et de ses sociétés en nos temps troublés (« Chaos rising worldwide, culture shifting backwards »). Dans la même veine, Paradise reprend l’idée de l’état du monde, mais cette fois-ci du point de vue de la nature (« Our existence was a mistake for you… If only we could have shared »), décrivant comment les humains, en plus de se détruire entre eux, détruisent aussi la planète. La musique symbolise bien cet aspect de regret avec des rythmes assez lents et la complainte dans la voix du refrain.

 

Mirror Of Times est une autre chanson qui mérite davantage d’attention pour moi. Longue de presque 7 minutes, elle propose de nombreux passages intéressants. Ce qui frappe dès le début est l’utilisation plus fréquente de growls qui résonnent comme l’impitoyabilité du temps. C’est ici le propos de la chanson : le temps passe et on ne peut rien faire contre ça, ce qui va mener inévitablement à notre mort. L’utilisation de chant clair symbolise donc l’humain face au temps avec l’utilisation de la première personne (« I wish we could live one other day / As our reflection will just decline ») tandis que les growls prennent le point de vue du temps accusateur avec l’utilisation de la seconde personne (« Face your mistakes, your own lies, your own grave »). Si l’on rajoute à ça les mélodies prenantes et les refrains très catchy, on a là une très bonne chanson. L’outro est également à noter, qui contient de très belles envolées lyriques soutenues par la guitare, dans un ensemble extrêmement plaisant à écouter.

 

 

Scars est une autre respiration dans l’album, commençant très doucement et contenant des build up assez jolis. Avec 4 minutes, c’est la plus courte de l’album mais cela suffit largement à apprécier cette pièce, avec un sujet un peu plus personnel que sont les blessures qui nous sont restées du passé et l’acharnement sur les mots « It´s not enough » comme s’il était impossible de trouver une solution pour se soulager. On enchaîne rapidement avec The Maiden And The Child qui ramène des chœurs sur le devant de la scène dès le début. C’est une chanson assez classique qui ne m’a pas spécialement marquée si ce n’est la batterie qui est un monstre sur certaines parties, et le violon est très joli.

 

L’album se conclut par Astéria, un morceau de 9 minutes. Dès les premières notes, on remarque qu’il sonne beaucoup plus exotique que les autres. Les instruments utilisés nous amènent directement dans un monde un peu mystérieux, au style Moyen-Orient fantastique et promet un voyage intéressant. Cela est également accentué par le bridge qui accentue vraiment cet effet exotique et épique. On a ici une bonne synthèse de l’album et une bonne conclusion : on retrouve tout ce qui a fait cet album, comme la première chanson. On a des rappels des chœurs, de toutes les techniques vocales d’Ambre, et le mélange entre musique symphonique, metal plus saturé et différents rythmes. En termes de paroles, on retrouve également un thème déjà abordé auparavant, en un peu plus développé. On est à nouveau face à un constat sur l’état du monde et de notre société, avec l’évocation de guerres, de massacres, de la pauvreté et de la misère. À plusieurs endroits, le narrateur perd même l’espoir (« In the end, we will fall down »), mais le groupe est là pour terminer sur une note positive et s’adresse aux auditeurs directement (« We sing a song for you who try to survive ») en montrant que rien n’est jamais perdu et qu’on peut toujours s’en sortir. Une partie du refrain est en grec, renforçant le côté mystique qui fait qu’on ne peut pas tout contrôler. Mais on peut toujours échapper à la réalité du monde à travers la musique.

 

En somme, cet album est une très bonne surprise. On retrouve tous les éléments qui font l’excellence du Metal Symphonique, et même plus. Les capacités vocales d’Ambre et sa diversité permettent des mélodies variées qui font plaisir à entendre venant de Xandria, et la qualité d’écriture musicale de Marco ne faiblit pas. Bien qu’un peu long, cet album ravira sans souci tous les fans du genre. Un album épique, solide et de qualité.

 

Tracklist :

01. Two Worlds
02. Reborn
03. You Will Never Be Our God
04. The Wonders Still Awaiting
05. Ghosts
06. Your Stories I’ll Remember
07. My Curse Is My Redemption
08. Illusion Is Their Name
09. Paradise
10. Mirror Of Time
11. Scars
12. The Maiden And The Child
13. Astéria

 

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