Pour le retour de Touché Amoré dans la capitale, le Trabendo affichait complet en ce mardi soir. Pour célébrer la sortie de son 6eme album Spiral in a Straight Line, les Californiens, accompagnés de trauma ray, avaient prévu une tournée XXL de presque 40 dates sur 1 mois et demi, avec d’ailleurs plusieurs passages en France (c’est suffisamment rare pour le souligner).
Invité spécialement pour cette date, la soirée commence avec Yarostan, dont l’annonce de leur participation au concert a été assez discrète. Mais les marseillais sont bien là. Rien à redire sur la qualité musicale du groupe, de leur énergie et implication pour le concert, mais c’est malheureusement typiquement le genre de groupe avec lequel je n’accroche pas. Le groupe propose des morceaux avec des structures assez complexes et inhabituelles, et également peu de chant. C’est un peu le genre de groupe où chaque morceau sonne comme le dernier morceau du set ou de l’album et que le morceau lui même semble évoquer la fin du monde. Compliqué aussi de se repérer dans les morceaux et savoir si c’est le début ou la fin. Bref, je suis pas le plus sensible au style de musique de Yarostan.
On enchaine avec les texans de trauma ray pour lesquels il s’agit de leur première tournée européenne. Le groupe est pourtant actif sur les scènes américaines depuis 2018. On change de sonorité avec cette deuxième première partie puisqu’on est plus sur quelque chose entre le shoegaze et le post hardcore, mais l’ambiance reste similaire, assez sombre et mélancolique. Elle est d’ailleurs un peu symbolisée par la posture du chanteur Uriel, un peu recroquevillé sur lui même et avec sa capuche sur la tête. Encore une fois, la musique de trauma ray ne me parle pas spécialement, bien qu’il faut reconnaitre que le groupe est très pro et que le public semble être séduit par la prestation des Texans.
Les californiens de Touché Amoré arrivent enfin sur scène, mais on comprend vite que Jeremy Bolm souhaite dire un mot avant que les musiciens commencent à jouer, et ce genre de situation annonce rarement une bonne nouvelle. Et effectivement, Jeremy nous annonce d’emblée que sa voix est bien endommagé (et ça s’entend) et qu’il aura besoin de l’aide du public pour l’accompagner tout au long du set. On peut évidemment comprendre que des problèmes de voix peuvent survenir, et d’autant plus sur des tournées aussi longues, mais à première vue je me dis que ça risque d’être assez inconfortable pour le public de voir Jeremy d’être en difficulté et de luter avec sa voix. Finalement, le chanteur prend la chose avec le sourire et avec auto-dérision, et s’en sort même plutôt bien. Le public est en tout cas comme annoncé mis à l’épreuve et Jeremy tendra à de nombreuses reprises son micro pour appeler ses chœurs. Le public suit bien sur les morceaux les plus connus, et pour les autres, il y a visiblement une 20-30aines de personnes au tout devant qui semblent connaître les lyrics du groupe sur le bout des doigts.
Tout cela permet de donner une super ambiance au concert où le groupe et le public ne font qu’un, bien aidé par la disposition du Trabendo sans barrière, qui est toujours un plus pour ce genre de show. Jeremy brave donc ses limites vocales pour délivrer une prestation dont on ne peut être qu’admiratif. On découvre quelques morceaux issus du nouvel album du groupe qui s’intègrent très bien au reste du set et on aurait même pu en espérer quelques uns supplémentaires. TA met à l’honneur l’ensemble de ses albums studios, l’occasion de constater l’évolution musicale du groupe dont le style s’est policé, tout en gardant une constante dans les thématiques abordées, entre la douleur, la perte et la recherche de sens. Les morceaux issus de Stage Four (2016) restent probablement les plus marquants du set car ils allient à la perfection la brutalité des thèmes abordées avec une esthétique musicale et des mélodies prenantes. Alors qu’on arrive à la fin du set et que la voix de Jeremy continue à se dégrader, ce sont les musiciens qui doivent prendre la parole entre les morceaux, notamment pour présenter le groupe et remercier les premières parties. Le groupe rappelle qu’il a coutume d’annuler quasi aucun concert mais on sent qu’on est pas passés très loin ce soir, et d’ailleurs, Touché Amoré n’aura d’autre choix que d’annuler leur date à Southampton le surlendemain du concert parisien.
Malgré un début d’extinction de voix du chanteur Jeremy Bolm, Touché Amoré a assuré un concert mêlant proximité et émotion. Dans un Trabendo complet, le groupe, grâce à des albums toujours convaincant et de nombreuses tournées, continue de s’affirmer comme un groupe de référence sur la scène alternative.
Merci à Live Nation pour l’accréditation, au Trabendo pour son accueil et merci à Aurélia pour ses photos!
For Touché Amoré’s return to the capital, the Trabendo was sold out this Tuesday night. To celebrate the release of their sixth album, Spiral in a Straight Line, the Californians, accompanied by trauma ray, had planned an XXL tour of nearly 40 dates over a month and a half, with several stops in France—something rare enough to be worth mentioning.
Specially invited for this show, the evening kicked off with Yarostan, whose participation was announced rather discreetly. But the Marseillais band was indeed there. Nothing to criticize about their musical quality, energy, or commitment to the show, but unfortunately, they’re the kind of band I just can’t get into. Their songs feature complex and unusual structures, with very little singing. It’s the kind of band where every track sounds like the final song of a set or an album, and each piece seems to evoke the end of the world. It’s also hard to tell where you are in a song—whether it’s the beginning or the end. In short, their style just doesn’t resonate with me.
We move on with the Texans of trauma ray, who are embarking on their first European tour. However, the band has been active on the American scene since 2018. With this second opening act, we shift to a different sound, somewhere between shoegaze and post-hardcore, though the overall atmosphere remains similar—dark and melancholic. This is somewhat embodied by the singer Uriel’s posture, hunched over with his hood up. Once again, trauma ray’s music doesn’t particularly speak to me, though I have to acknowledge that the band is highly professional and that the audience seems won over by the Texans’ performance.
The Californians of Touché Amoré finally take the stage, but it quickly becomes clear that Jeremy Bolm wants to say a word before the band starts playing, and this type of situation rarely signals good news. And indeed, Jeremy immediately tells us that his voice is quite damaged (and you can hear it), and he’ll need the help of the crowd to get through the set. Of course, we understand that vocal issues can happen, especially during long tours, but at first, I thought it might be uncomfortable for the audience to see Jeremy struggling with his voice. However, the singer takes it all with a smile and self-deprecation, and actually pulls it off quite well. The audience, as promised, is put to the test, and Jeremy will extend his microphone many times to invite the crowd to sing along. The crowd knows the lyrics well on the more popular songs, and for the others, there are clearly about 20-30 people at the very front who seem to know the band’s lyrics by heart.
This creates a great atmosphere at the concert, where the band and the audience become one, helped by the Trabendo’s layout without barriers, which is always a plus for this type of show. Jeremy pushes through his vocal limits to deliver a performance that we can only admire. The band plays a few tracks from their new album, which fit perfectly into the set, and we could have even hoped for a few more. Touché Amoré highlights all of their studio albums, offering a chance to witness the band’s musical evolution, with their style becoming more refined while still addressing constant themes of pain, loss, and the search for meaning. Songs from Stage Four (2016) remain the most striking in the set, as they perfectly combine the brutality of the themes with a musical aesthetic and captivating melodies. As the set nears its end and Jeremy’s voice continues to deteriorate, it’s the musicians who need to speak between songs, particularly to introduce the band and thank the opening acts. The band reminds us that they rarely cancel shows, but you can feel that they almost did tonight, and in fact, Touché Amoré would have no choice but to cancel their show in Southampton two days later.
Despite Jeremy Bolm’s vocal issues at the start, Touché Amoré delivered a concert full of intimacy and emotion. In a sold-out Trabendo, the band, thanks to consistently convincing albums and numerous tours, continues to assert itself as a leading band in the alternative scene.