Orbel + W!Zard + Birds In Row @ Trabendo (26/11/2022)

Nous avions rendez-vous le 26 novembre au Trabendo pour une conférence un peu particulière sur les différents types de rebellions civiles à travers l’histoire. Trois invités spécialistes de ces thèmes sont présents ce soir : Orbel, W!Zard, et bien sûr Birds un Row.

La conférence débute par l’intervention du groupe Orbel. Nous découvrons avec eux une forme de rébellion passive, passant par l’acte de se mettre en marge des codes sociaux, loin des dogmes imposés par les croyances de l’époque. La formation nous raconte comment la magie a toujours été présente à travers les époques, l’importance de se reconnecter à la terre dans une société qui va à cent à l’heure, et nous content des rituels païens qui persistent à travers le temps, loin du tumulte de la vie moderne que nous connaissons. La lenteur de leurs morceaux, le mystique qui leur est attachée, nous transporte dans un univers hors du temps. Nous assistons à une procession, un rite funéraire. Pourtant, si tous les codes sont brisés, que nous ne retrouvons pas les repères usuels, leurs morceaux ont quelque chose de rassurants, d’enveloppants, et cela nous fait penser que la marginalité peut être une solution douce d’opposition, de rébellion, en tant qu’elle fait appel à ce qu’il y a de plus profond en nous, presque viscéral : notre identité, unique, que nous retrouvons par une introspection. La présence d’instruments traditionnels, tel de l’harmonium, ajoute à l’authenticité de leur propos. Orbal est une expérience à part entière, qui semble vibrer et résonner à travers les époques, sonnant comme un appel à l’authenticité dans un monde artificiel.


W!Zard
nous plonge en pleine révolution musicale des années 80. Ce groupe de noise attaque sans hésitation, dès sa première prise de parole, par des morceaux efficaces et revendicatifs. Leurs titres sont incisifs, crus. Les français nous racontent des attaques de front. C’est une colère qu’ils se restreignent pas, et celle-ci est contagieuse. Dans la fosse, le public est entraîné par leur énergie revendicative et suit leur rythme. Leurs morceaux nous présentent une marginalisation punkish, une revendication de son identité par une musique aux riffs saturés, aux larsens. Les garçons nous offrent des hymnes fédérateurs, sur lesquels une jeunesse peut se construire et se réunir. Nous ne sommes plus dans un retour sur soi, introspectif mais dans la création d’une communauté, jeune et dynamique. Dans cette société plus moderne, industrielle, Dieu est mort, les pratiques mystiques ne sont plus. W!Zard, malgré son nom, est loin de la magie. Ils nous dépeignent le monde de faon métallique, indus, criée, hurlée, avec toute la douleur de la jeunesse d’un monde d’entre deux. Les riffs nous découpent, nous morcellent. C’est violent. Et pourtant, cette violence semble être légitimée en tant qu’elle crée une cohésion au sein du public : on s’amuse, et ce qui pourrait sembler être une guerre, une protestation, n’est en fait qu’une génération qui adopte des codes communs, et se respecte, mais d’oppose aux codes usuels. W!Zard, de par sa musique non conventionnelle, est la naissance d’une osmose dans la dissonance du monde.

C’est finalement au tour de Birds in Row de faire leur discours, introduit par « Water Wings ». Le ciel est gris comme leur colère grondante, empreinte d’une forme d’urgence qui éclate en « Confettis ». Les titres de leur dernier effort, Gris Klein, sorti à peine un mois avant, défilent en quasi intégralité, entrecoupés d’un « 15-38 », « Fossils », et « We vs Us ». La foule s’unit derrière leurs revendications. Birds un Row est un groupe qui réunit, qui nous regroupe nous, contre le monde, contre un gouvernement qui blesse plutôt que de choisir d’aider son peuple. Alors que les riffs déchirants de « Cathedrals » résonnent, nous avons tous le même son de cloche : rincés par le déluge, nous brûlons de changer ce monde. En parlant des images des manifestation, Bart prend la parole : « Ça a eu un impact vraiment difficile à encaisser. Je suis quelqu’un de plutôt positif à la base mais quand je images là, je me suis demandé s’il y avait encore de l’espoir dans les luttes. Est ce qu’il faut toujours faire ça ? Aller dans les rues et se battre ? Parce que j’ai l’impression que ça fait peur, en fait. Et il y avait justement des gens, peut-être vous, qui étaient encore dans les rues à tenir le flambeau pour nous, prêts à risquer leurs mains, leurs yeux, leurs vies, ou des condamnations, et voir ces gens là… je me suis dit qu’il y avait encore de l’espoir pour nous. Et c’est toujours un peu compliqué de se dire que je suis un peu une merde car j’ai peur d’aller dans la rue et de manifester, donc on a décidé d’écrire ce morceau là pour remercier les gens qui le font toujours pour nous. Parce que quand il y a des gens qui baissent les bras, il y en a qui sont encore là pour les soutenir’ donc merci à vous »… « Nympheas » retentit alors comme un cri du cœur. Un cri de ce peuple qui étouffe et qui a besoin de changement. Le groupe crée sa communauté en ralliant des personnes en quête de valeurs, en quête de sens. Dans un monde qui cherche à diviser, qui pousse les gens à regarder leur nombril et ne s’occuper que deux, dans cette société qui isole nous rendant individualistes, le frontman pointe du doigt la solitude qui en découle, et les dégâts sur la santé mentale : « Parfois, on a l’impression qu’on est tout seul ou toute seule dans nos problèmes et dans nos vies de merde. J’aime à rappeler aux gens qu’en fait, on n’est vraiment pas seul. Je ne sais pas, je ne pense pas que vous connaissiez la moitié des gens qui sont ici présents ce soir, mais tous les gens regardent dans la même direction (bon, il se trouve que c’est nous), mais vous avez tous des trucs en commun, ce soir. Donc si vous vous sentez isolés, que vous avez l’impression que vous n’avez pas d’amis, pas de famille, il y a des gens ici qui sont là pour vous. Nous on est là pour vous, si vous avez besoin. C’est important.tout autour de nous fait en sorte qu’on a l’impression que tous nos problèmes sont des montagnes, mais les montagnes,c’est beaucoup plus facile à gérer quand on est plusieurs. C’est là qu’on a le pouvoir de la communauté, c’est là que compter sur son voisin, son pote, sa compagne, son compagnon, sa famille, c’est là que ça prend vraiment du sens. Donc dites vous bien ça, avant d’avoir des idées vraiment noires : vous n’êtes pas seuls. On est là. Tous ces gens sont là. Il y a sans doute un petit paquet de connards, j’en sais rien *rires* mais ça je ne peux pas le garantir, mais juste, essayez de prendre soin les uns des autres, c’est vraiment important pour nous que tout se passe le mieux du monde et que vous soyez heureux ». Un tonnerre d’applaudissements. Birds In Row est un groupe éminemment humain et entier, qui porte des valeurs fortes, qui font vibrer et redonnent espoir en l’être humain, et la possibilité d’un monde plus beau demain.

Il ne manquait qu’un « Siamo tutti antifascisti » pour parfaire la soirée.

Latest articles

Related articles

Leave a reply

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici