Starcrawler + My Chemical Romance @ Accord Arena (01/06/2022)

Le 1er juin dernier avait lieu le concert-réunion de My Chemical Romance, grands pontes de l’emo, presque de dix ans après leur séparation. Alors, cette soirée aura-t-elle réussi le pari de faire ressurgir le fantôme de nos années passées ? Comme le dit si bien Klaus dans la saison 1 de The Umbrella Academy : « Bet You’re Loving This. The Team At Its Best, Just Like Old Times. Best Funeral Ever ».

Nous y sommes. Un Bercy. Non pas un Trabendo, une Boule Noire, un Casino de Paris, une Cigale, cette fois ci, mais bien un Bercy. Cette soirée est LE rendez-vous incontournable pour tous les emos parisiens, que cela ait été une phase… ou non, car comme le dit l’adage, ‘it’s not a phase », et qu’on n’aille pas se mentir, à en voir le public ce soir, ce n’est effectivement pas une phase, mais une culture belle et bien vivante. Alors, Welcome (back) to the Black Parade, et ce n’est pas sur MTV que ça se passe !

Starcrawler est en tête du cortège ce soir. Qui de mieux qu’eux pour ouvrir ce bal d’une autre époque ? Leur look 90 allié à une musique glam-garage-rock sauvage et théâtrale nous transportent 30 ans en arrière. La confusion temporelle se poursuit lorsque la vocaliste annonce la cover d’un morceau du dernier film Jackass… qui oui, effectivement, vient de sortir. Encore une fois, non, on vous le jure, nous ne sommes pas sur MTV dans les années 2000. Non, c’est vrai, peut-être sommes nous en 1989 ? La machine à remonter le temps nous perd entre les gravures d’un vinyle des Ramones, avec une reprise aux saveurs presque Blue Oyster Cult-esques de « Pet Semetary ». Leur compositions aux riffs rétros sont dignes d’une bande son de Californication, Vinyle ou encore Supernatural. A bord d’une Chevrolet Impala ou Porsche 911 (964), nous sommes envoyés sur les routes américaines, cheveux au vent. La frontgirl, Arrow de Wilde, à l’aura d’une Patti Smith, nous offre une performance à en faire pâlir Iggy Pop ou encore Mick Jagger, courant dans tous les sens, se contorsionnant… La chanteuse se métamorphose en une bête de scène, imposante, dans cette immense salle, qui ne semble pas l’impressionner, comme si elle était accompagnée de tous ces artistes dont elle est héritière aujourd’hui. Sa présence scénique est aussi impressionnante que sa gamme vocale, capable de passer de notes graves à des cris stridents en une fraction de seconde. Leur titre « Bet My Brains », vient fermer la marche de ce premier cortège, qui nous aura fait croiser l’ombre de nombreuses figures du l’âge d’or du rock, à travers cinq musiciens conduisant leur set.

Après une courte pause, le char My Chemical Romance fait son entrée dans un décor post-apocalyptique.

Fini le soleil américain, le ciel s’est assombri. Mais face à ce cortège funeste, à cette Black Parade, l’audience est pareille à des enfants devant leurs princes et princesses à Disney version Tim Burton, ou leurs vilains préférés. Bien que nous soyons dans nos corps d’adultes, nous sommes redevenus ces adolescents de 2004, comme si Five, the l’Umbrella Academy nous a fait faire un saut dans le passé, à l’aide de sa valise. Et le décor ne nous aidera pas à penser le contraire. Ce soir, c’est une bulle de bonheur, qui n’est pas entachée par le monde extérieur qui se détériore.
La formation débute ce voyage dans le temps par sa sortie la plus récente, « Foundation of Decay ». Dès les premières notes, les gradins se lèvent… et ne se rassiéront pas de la soirée. Les riffs saturés de « Thank You For The Venom » (merci Jayme) retentissent ensuite. la voix de Gérard est d’une force surhumaine, tandis que ses acolytes : Mikey, Franck et Ray manient leurs instruments avec l’agilité de Diego et ses couteaux. En réponse, l’audience reprend les paroles à plein poumons.

 

La formation offre une setlist impeccable, irréprochable. Les morceaux s’enchaînent comme un best of qu’on aurait déjà saigné une centaine de fois mais qu’on écoute encore et encore comme des addicts dépendants de leur drogue, comme Klaus ayant besoin de sa dose pour chasser ses fantômes. Sauf que cette fois-ci, nous les attendons, nous les voulons, nos fantômes. Et ceux-ci sont prêts à nous faire vivre un enfer (« Give ‘Em Hell, Kid »), et nous narguent, à coups de « Na Na Na (Na Na Na Na Na Na Na Na Na) ». Cette douce descente dans la gueule du loup, dans sa maison (« House of Wolves »), se poursuit avec l’iconique « Welcome To The Black Parade » dont la première note, résonnante, tient le grand Bercy en haleine l’espace d’un instant, avant de lui faire une ovation. Plus les notes défilent, plus nous redevenons des « Teenagers », jusqu’à n’être plus que « The Ghost of You », et finir de détruire ce qu’il reste encore de la réalité sur « DESTROYA », comme le climax de la soirée. Des pogos éclatent, et redent bien l’énergie l’énergie communiquée par le groupe, au top de sa forme. Ces derniers ont laissé tomber les looks de leurs grands jours, et n’ont pas fait le pari d’une mise en scène grandiloquente. Non, ce soir, ce sont nos vieux potes venus à Paris pour faire la fête avec nous, en toute simplicité. Ils se présentent comme nos égaux, sans prétention, en toute humilité. D’ailleurs, même le son sera imparfait en début de show, et personne ne leur en tiendra rigueur, car nous sommes ici avant tout pour le moment à partager, exempt de tout  jugement. L’émotion et la nostalgie sont très clairement les lignes directrices de cette soirée, et ils sont là pour nous faire plaisir. Ainsi, Ray Toro nous offrira un joli fanservice en jouant son solo de « Vampire Money » sur le devant de la scène, avant d’entonner la sublime « Helena » introduira la suite de la soirée, suivie de « Mama », « S/C/A/R/E/C/R/O/W », et enfin la célèbre « Famous Last Words » avant que les musiciens ne quittent la scène, laissant Gérard seul, pour interpréter « Cancer ». La formation offre un set aussi carré que Christopher : pas une note de travers, pas une fausse note, c’est un sans faute.

Si le rappel se conclue sur « I’m Not Okay (I Promise) », nous allons pourtant bien en cet instant. Car nous sommes « The Kids From Yesterday », toujours bel et bien présents, et jamais aussi vivants que ce soir. On ne leur aura pas demandé la lune, mais ils nous auront offert bien plus : de la joie à l’état pur, la magie d’avoir fait revivre, le temps d’un concert, une époque dans laquelle nous aimerions parfois refaire un saut. La force d’une communauté, qui existe malgré le fait d’être séparés dans la vie quotidienne, mais qui peut soulever des montagnes (ou un Bercy) lorsqu’elle est réunie.
My Chemical Romance a toujours véhiculé des messages important sur l’inclusion et le rejet, la séparation, sur la dépression et la santé mentale en général, la mort et le deuil. Tant de thèmes cathartiques, qui feraient tant de bien à la société s’ils étaient traités de façon plus sérieuse. Alors peut-être que la solution à l’apocalypse, à la déchéance de ce monde, serait de s’inclure d’avantage, de s’accepter davantage, de s’aimer davantage… Et c’est ce qui en ressort d’un concert tel que celui-ci. Alors, qui est partant pour rejoindre ce combat contre la fin du monde ? Qui souhaite rejoindre cette Black Parade faite de Kids from Yesterday ? Nous sommes prêts à vous adopter dans notre grande famille dysfonctionnelle, sombre, mais bienveillante et prête à sauver le monde. Alors, on vous donne rendez-vous au prochain concert de MCR !
D’ailleurs, j’ai entendu une rumeur

 

 

 

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