Annoncé il y a plus d’un an, ce 20 octobre 2023 était enfin la date fatidique du passage des 3 Fromages dans une des salles les plus emblématiques de la capitale, l’Olympia. Le défi était de taille pour le groupe breton, qui est plutôt habitué à jouer dans des salles bien plus petites ou dans des festivals de taille intermédiaire. Mais le groupe avait envie de marquer le coup pour la fin de sa tournée autour de son dernier album, V, sorti l’année dernière. C’était aussi l’occasion de prouver que le groupe peut désormais s’appuyer sur une base importante de suiveurs et qu’il n’a rien à envier à d’autres groupes français populaires.
L’arrivée devant la salle du IXème arrondissement est toujours un moment important lors d’un concert à l’Olympia, et cette fois-ci ne déroge pas à la règle. Voir le nom des 3 Fromages illuminer la devanture de cette salle mythique semble tellement improbable que ça en devient presque drôle. En rentrant dans la salle, et alors que je redoutais que le groupe peine à faire le plein, je m’aperçois que le public est présent en nombre, en témoigne la longue queue au stand de merch du groupe, qui avait prévu pas mal d’items spéciaux pour l’occasion. On nous offre également un badge souvenir : un objet sympa mais surtout un beau petit cadeau de la part du groupe qui n’était clairement pas obligé de faire ce geste.
Nous n’avions jusque là pas d’information sur la première partie de la soirée, et c’est en arrivant devant la scène que l’on comprend qu’elle sera assurée par Hardos, un groupe dont je n’avais jusque là jamais entendu parler. Les 4 musiciens débarquent sur scène vers 20h et resteront jouer pendant 30 longues minutes. N’ayant pas d’info sur le groupe, je ne connais pas leur date de formation mais j’ose espérer que le groupe ne soit pas trop récent. J’ai effectivement du mal à imaginer qu’on puisse faire une musique aussi ringarde aujourd’hui.
Les quatre musiciens, qui proposent un mauvais mélange de glam-metal et de hard-rock, semblent se demander eux-mêmes ce qu’ils font là. Le batteur Derrek Drums joue tellement mal que je me demande si c’est en hommage à Tony Kenning de Def Leppard si on a l’impression qu’il ne joue qu’avec un bras. Le bassiste Jake Thunder la joue clairement à la Nikki Sixx mais je peux vous garantir qu’avec son jeu de basse limité et son style douteux, les filles ne doivent pas se bousculer au portillon de sa loge. Si tant est qu’il en est une… Au chant, Max Thunder a visiblement voulu suivre les traces de son frère en abandonnant sa personnalité pour devenir un mauvais sosie. On a donc le droit à un Axl Rose version Wish qui nous flingue les oreilles. A la guitare, Shredder Sally fait de grands mouvements de bras pour amplifier sa gestuelle sur sa guitare… Pendant qu’une partie du public fait, lui, de grands gestes de la main pour demander d’arrêter le massacre. On pourrait croire à une mauvaise blague, c’est pourtant bien réel. Les minutes passent et le malaise s’installe, le groupe tente alors un dernier coup de poker pour gagner les faveurs du public en reprenant un morceau des 3 Fromages à savoir Hey Baybay!… C’est raté, et j’espère que nos 4 Bretons n’ont pas entendu ce massacre…
30 minutes d’entracte, le temps de nous remettre de nos émotions et d’enfin accueillir Tibo, Willy, Eric et Kevin sur scène. Le public s’échauffe la voix et s’impatiente au rythme de The Kids Aren’t Alright des Offspring et le rideau rouge de l’Olympia s’ouvre et nous laisse découvrir une belle scénographie avec des décors d’architecture grecques, qui rappellent évidemment la pochette de l’album V. Le concert commence d’ailleurs avec le premier morceau de ce dernier album à savoir Ouvre les yeux. Le groupe ne semble pas aussi à l’aise qu’à son habitude sur ces premières minutes. Il faut dire que le groupe a énormément communiqué sur cet évènement (des concours, des vidéos parodiques, des faux micro-trottoirs…) et s’est sûrement mis une certaine pression face à la taille de l’évènement. Ce « trac » ne durera pas bien longtemps car dès le deuxième morceau, Ma botte au cul, tout semble repartir comme sur des roulettes. Ce morceau, qui fait partie des chansons les plus connues et des plus appréciées du public, a forcément contribué à lancer définitivement le concert : le public reprend en cœur le refrain et l’ambiance est vraiment très bonne.
Les 3 Fromages se sont toujours revendiqués comme un groupe à vocation humoristique, et ont souvent présenté leurs concerts comme des spectacles. Ce soir ne fait pas exception et on sent que le groupe a autant envie de jouer de la musique que de faire rire et participer le public. Les morceaux seront donc souvent entrecoupés de différentes introductions et mini-sketch de la part des musiciens. Même si on pouvait retrouver certaines de ces blagues sur les précédents concerts du groupe, on peut difficilement s’empêcher de sourire, a minima, à l’humour un peu débile du groupe. Et ce n’est pas une critique de qualifier leur humour de cette sorte puisque c’est clairement assumé par les 3 Fromages, et qu’ils le maîtrisent très bien! Le groupe arrive d’ailleurs à combiner à la fois humour et musique à plusieurs reprises, et notamment sur le passage des Country Brothers, où le groupe reprendra avec humour et quasi a cappella le passage de certains de ses morceaux. Placés devant le rideau rouge fermé de la scène et mis en valeur par un bel éclairage, le rendu est très réussi.
Je trouve cependant un peu dommage que le groupe n’ait pas pris plus le temps de jouer plus de morceaux. Je pense notamment au Medley qui comprend 6 morceaux sur lesquels je suis resté un peu sur ma faim en souhaitant les voir jouer en entier. Non seulement car certains morceaux auraient tout à fait leur place dans la setlist, comme BB Rockers, mais aussi car jouer des morceaux issus du premier album Et Puis Zet (2009) comme Je suis moche aurait été un joli clin d’œil aux débuts des groupes et aux fans « de la première heure ».
Au delà du simple fait de jouer à l’Olympia, le groupe a également su tirer profit de l’évènement pour proposer un concert grandiose et d’une autre dimension qu’habituellement. Le groupe s’est vraiment approprié la salle, avec une scénographie prévue pour l’occasion (et notamment un changement de scéno en milieu de concert mettant en avant le logo du groupe et leurs différents albums), un son impeccable, des jets de confettis, des fontaines d’étincelles et des jeux de lumière très réussis. Je pense notamment au morceau C’est pas punk et les changements d’ambiance lumineux en fonction du couplet et du style de musique auquel il fait référence. Le groupe a également pour l’occasion convié plusieurs artistes à la fête avec notamment des membres de Celkilt et de Soldat Louis, qui ont déjà collaboré avec les 3 Fromages sur certains de leurs morceaux.
On ne doute pas un instant de la sincérité du groupe lorsqu’ils déclarent être heureux d’être là ce soir car on ressent de leur part à la fois de l’enthousiasme, une vraie prise de plaisir et surtout beaucoup de reconnaissance. Eric remerciera d’ailleurs à de nombreuses reprises à la fois le public dont certains sont venus de loin pour l’occasion, l’ensemble des techniciens du groupe, Rage Tour ou le personnel de l’Olympia. Le groupe semble presque autant content que le public d’être là ! Du côté de la setlist, le groupe reprend globalement la même ossature que sur leurs derniers concerts. On retrouve donc une majorité de morceaux issus du dernier album du groupe, notamment les morceaux parodiques On est le monde et Elle danse, que je trouve toujours aussi bien en live. L’ambiance restera quant à elle vraiment très bonne pendant tout le long du concert et on aura pu s’apercevoir que la grande majorité du public était plutôt bien connaisseuse du groupe.
Le défi de jouer à l’Olympia pour les 3 Fromages était de taille mais les Bretons ont su être à la hauteur de l’évènement. Devant un public venu en nombre et particulièrement enjoué, les 3 Fromages se sont appropriés la salle mythique parisienne. Ils ont su faire passer leur formule Rock’n’Drôle dans une autre dimension en proposant un spectacle varié et maîtrisé de bout en bout.
