Durant mon périple d’interviews, j’ai atterri à Toulouse, où j’ai pu rencontrer le groupe de metalcore Missing No. On peut difficilement mieux résumer leur groupe qu’un groupe de potes qui réalisent leurs rêves de gosse !
Pouvez-vous vous présenter et présenter le projet ?
Remy – Salut, moi, c’est Remy, et je suis batteur.
Martial – Martial, le chanteur.
Alexis – Alexis, je suis bassiste.
Valentin – Valentin, le guitariste de Missing Number.
Martial – Missing Number, c’est un projet Metalcore qui a émergé d’une amitié au lycée depuis 2016-2017. On joue ensemble. Remy nous a rejoints pour compléter le projet en 2020. Depuis, on produit nos propres chansons, nos propres clips. Et cette année 2025 va être l’année où le projet va prendre un grand tournant. On va essayer de sortir le plus de musique possible.
Pourquoi *Missing No.* ?
Martial – L’origine du nom, c’est le numéro manquant. Donc, en français, si on le prend au sens littéral, c’est parce qu’on était trois à l’origine. Comme je l’ai dit, Remy nous a rejoints. J’étais batteur-chanteur, il n’y avait pas de chanteur en première ligne.
Les gens nous demandaient tout le temps : “Vous n’avez pas de chanteur ?” “Vous ne voulez pas embaucher un chanteur ou une chanteuse ?” “Il manque toujours quelqu’un.” Et vraiment, on recevait cette réflexion à chaque concert, dès qu’on croisait des gens qui nous parlaient du projet.
C’est comme ça qu’est venu le nom “numéro manquant”. Et on s’est dit : “Hé, mais ce n’est pas une super référence à Pokémon, ça ?” Vu qu’on est des gros geeks (même si on l’assume plus ou moins), ça nous a beaucoup plu.
Il y avait une référence un peu cryptique, en vrai. Si un groupe de metal peut s’inspirer de Pokémon, c’était le bon terme.
Quelles sont vos principales influences ?
Remy – Côté metal, il y a pas mal de trucs de metalcore et des choses un peu plus violentes. J’aime bien Meshuggah, les morceaux qui font réfléchir un peu, comme ceux de Periphery. En ce moment, j’écoute beaucoup Spiritbox aussi.
Martial – Eh bien, moi, je suis très rap français en ce moment, particulièrement Damso et Ziak. Et côté metal, Spiritbox également.
Alexis – Je suis plus tourné vers tout ce qui est latino, reggaeton, etc. Mais en metal, Parkway Drive.
Valentin – Moi, en ce moment, je suis retombé dans du gros thrash à la Megadeth. Et sinon, toujours les incontournables : la bande-son de *Doom*, par Mick Gordon.
La pop culture / culture geek fait elle donc partie de l’univers que vous souhaitez partager ?
Martial – Avec un nom pareil, on pourrait le penser. Quand on brainstorm sur le visuel à associer à un son, on intègre de nombreuses références de la pop culture. On crée de grands moodboards avec du *Wakfu*, du *Naruto*, tout ce qui a bercé notre enfance et constitue nos références. On se demande ce qu’on apprécie dans *Wakfu* : ce n’est pas seulement l’univers, mais le côté épique, féerique, coloré, qui transmet des valeurs, comme dans les shōnen. C’est donc dilué dans notre travail. Par exemple, pour le clip de *First Move*, on a tourné dans le désert, habillés en commando, en équipe. C’était clairement un fantasme d’adolescents. On a réalisé des clips avec du feu, sous la pluie, dans une piscine, sur une piscine, et dans le désert. On a concrétisé nos rêves d’adolescents, inspirés de ce qu’on voyait sur YouTube. Maintenant, on est à un tournant : qui sommes-nous et que voulons-nous faire désormais ?
Valentin – En résumé, la pop culture n’est pas centrale dans notre développement artistique, mais elle influence notre vision.
Martial – On utilise des samples avec quelques références ici et là, mais on n’est pas un concept band.
Votre dernier single *Maybe* est sorti en juillet dernier, comment a été accueilli ce titre ?
Alexis – Super bien. Nous avons reçu de très bons retours, surtout que ce single comporte une partie en espagnol, grâce à un featuring. Dans notre genre, ce n’est pas commun, et nous nous demandions si cela serait bien accueilli. Finalement, les gens semblent avoir apprécié. Nous étions entièrement en accord avec notre vision du titre et l’avons réalisé tel que nous l’imaginions.
Martial – Nous avons maîtrisé le processus du début à la fin, car c’est le premier morceau que nous auto produisons. L’interview se déroule justement à l’endroit où nous avons produit nos deux premiers EP et nos premiers singles. C’est le premier titre que nous avons réalisé dans notre garage, maîtrisant le processus de A à Z : le son de la batterie, de la basse, de la guitare. Nous constatons une réelle différence par rapport à nos productions précédentes, ce qui explique peut-être les nombreux retours positifs.
La scene Metalcore Toulousaine semble être en pleine expansion. Comment vous situez vous dans ce mouvement ?
Valentin – Le metalcore et le metal moderne ont toujours été présents, mais restent très minoritaires par rapport au punk et autres genres. Cela s’explique par la présence de salles qui programmaient majoritairement du punk rock, où il suffisait de brancher deux amplis sans nécessiter une grande production. Aujourd’hui, ces salles ont fermé. Celles qui subsistent sont soit très peu équipées, soit plus sélectives. Notre son étant assez propre, nous pouvons jouer dans des salles qui ne sont pas forcément adaptées, sans que cela pose problème. Nous pouvons également nous adapter à des scènes plus grandes.
Une anecdote gênante où drôle à nous raconter ?
Valentin – Durant un morceau en live, il y a un moment dans le set où je me chiais constamment, et ce soir là, j’étais content, j’avais réussi, et juste à ce moment-là, je me retourne vers Remy qui cherche à me faire un signe.
Remy – En fait, je voulais faire un signe “bien joué” sauf que je tenais la baguette et du coup, je lui ai fait accidentellement un doigt !
Et justement, quel est votre meilleur souvenir d’enregistrement, répétition ou concert ?
Alexis – Il y a le désert. Parce que c’était une aventure ! On parlait de nos rêves d’enfants à réaliser, et justement, ce clip dans le désert, c’était un rêve. Vraiment, ça s’est décidé en une semaine. Martial a envoyé un message : « Je veux le clip dans le désert. » Et on s’est retrouvés à organiser ça. C’était incroyable, on a même campé dans le désert pendant deux jours. C’était un peu insouciant, mais on en garde plein de bons souvenirs.
Remy – Je trouve que tous les moments sont trop cools, que ce soit les studios ou les concerts.
Martial – Moi, je dirais que le dernier concert en date m’a beaucoup marqué. Remy et Valentin avaient tout organisé. On est arrivés sur place, et il n’y avait ni salle ni scène. Rien du tout. Je crois qu’il y a une vidéo où je regarde Alexis avec un air de “Ben, frère, qu’est-ce qu’il y a ?”
On accueillait un groupe espagnol à qui on avait dit : « Ne vous inquiétez pas, ça va être ouf. » Mais on arrive, et il n’y avait rien. Heureusement, on est habitués à ce genre de plans. Remy et Valentin ont construit une scène avec ce qu’ils avaient sous la main, et au final, tout le monde a passé un excellent moment. Les Espagnols étaient super contents.
Valentin – C’est vrai qu’à chaque concert, on a beaucoup de chance, parce qu’on a les chansons qui plaisent et le public qui est réceptif. Tout le monde chante, ça fait bien vibrer, c’est vraiment top.
Des projets en préparation pour 2025 ?
Martial – Alors, on a accumulé beaucoup de matière cette année. Ça fait maintenant un an qu’on compose intensément. Au fil de nos expérimentations et apprentissages, comme on l’a dit, on a réalisé ce dont on rêvait adolescents. Et maintenant, on réfléchit à notre direction artistique : où on veut aller, ce qui plaît à chacun d’entre nous, et comment tout le monde peut s’y retrouver.
Pour cette année, on a vraiment l’intention d’explorer deux extrêmes : l’extrême violence et l’extrême non-violence. L’idée est de mélanger toutes nos influences pour mieux nous définir artistiquement. Ce qui compte, c’est que nous aimions jouer ces morceaux ensemble, en répétition et en live, mais aussi que nous prenions plaisir à les écouter nous-mêmes. Si, en plus, le public apprécie, c’est un bonus.
Si on est fiers d’un morceau au moment de le sortir, alors c’est gagné. C’est cet objectif qu’on poursuit cette année. Concrètement, on a une cinquantaine de morceaux à l’état de démo ou de maquette. En ce moment, on se concentre sur la sélection d’une poignée pour 2025. Maintenant que nous gérons la production nous-mêmes, cela demande beaucoup de travail, mais c’est ce que nous visons.
Si vous deviez décrire votre son a quelqu’un qui ne connaît pas le Metalcore, vous lui direz quoi ?
Remy – Je me dis que c’est peut-être l’équivalent musical d’un gros film d’action hollywoodien, avec plein d’explosions. Mais il y a quand même de l’émotion, et il se passe plein de choses cool. Même si parfois c’est violent, la fin est chouette.
Martial – Moi, j’aurais dit un film d’horreur à petit budget. Quoique, pour un film d’horreur, ce serait plutôt Paleface Swiss. Le metalcore implique de l’émotion, donc un film hollywoodien. La partie chant, le lyrique, tout ça, il y a un côté dramatique.
Valentin – En gros, c’est du Lara Fabian qui crie.
Martial – Alexis, comment tu présentes ça à ton oncle un peu bourru ? « Bon, qu’est-ce que tu fais, toi, en ce moment ? »
Alexis – « Eh bah tu vois tonton, je fais de la musique dans un garage, et parfois j’en sors. » Non, mais je trouve que le film d’action, c’est pas mal !
Avec quels groupes français ou internationaux rêvez-vous de partager la scène ?
Alexis – Parkway Drive !
Remy – Novelists !
Martial – Tous les Français. On est assez fier quand même des groupes français.
Si vous deviez composer une bande son de jeu vidéo, quel type ça serait ?
Valentin – En vérité, j’aimerais bien refaire *Outer Wilds*.
Martial – Oh ! Intéressant. Mais un petit featuring sur *Doom*, on ne dit pas non.
Martial – Sinon, les jeux de course, c’est grâce à eux que j’ai découvert plein de groupes. Quand je jouais à *MotorStorm*, il y avait Slipknot, Bullet For My Valentine, et bien d’autres.
Remy – Et sinon, une version dans *Sea of Thieves*, ce serait assez beau.
Un remerciement ou mot de la fin ?
Alexis – Merci à tous ceux qui viennent nous voir en concert. Merci à vous. Merci à tous ceux qui nous écoutent.
Valentin – Merci à Yannick du Waïti studios de nous avoir accueillis.
Martial – Merci à vous de bien travailler dans Missing Number. Chacun a son rôle, c’est incroyable. Merci à vous, les créateurs de contenu. Oui, on gère beaucoup la communication avec Alexis. Et dès qu’on voit des créateurs de contenu, comme La dame metal, mymetalunicorn ou encore Arthur Alternatif, il y en a plein. Et ça fait trop plaisir de voir des gens qui font du contenu dessus. La scène metal française est top. Merci à toi !
Je tiens à remercier chaleureusement les garçons pour m’avoir trouvé ce lieu de tournage. J’ai eu le plaisir de les rencontrer et de réaliser mes interviews toulousaines dans des conditions exceptionnelles. Un grand merci également à Yannick du Waïti Studios pour son accueil et d’avoir gentiment accepté de me recevoir dans son studio pour mon projet !