8 mois après leur premier concert mémorable à Paris, les anglais de High Vis étaient de retour à Paris. Malgré ce court laps de temps, pas mal de choses ont évolué pour High Vis : une première tournée américaine, une signature chez Live Nation et des participations à des festivals prestigieux (Riot Fest, Leeds & Reading Festival, Outbreak Fest…). Le groupe n’a pas sorti de nouveau matériel depuis son deuxième album Blending (2022) mais continue de gagner tout de même en notoriété et en visibilité. En atteste d’ailleurs le changement de dimension de salle parisienne : en même pas un an, le groupe passe du Point Ephémère (≈ 300 places) au Trabendo (700 places).
La soirée commence tout d’abord avec les locaux de l’étape à savoir Pencey Sloe. Malgré une annonce un peu tardive, c’est toujours une bonne chose d’avoir un groupe local sur une date de tournée d’un groupe étranger. Le groupe débarque un peu avant 20h et on sent rapidement que les parisiens veulent plonger le public dans l’ambiance de leur musique. Le quatuor ne communique très peu afin de laisser le plus de place à leurs sonorités shoegaze. Les lumières sont minimes et focalisés sur la scène, sans qu’on puisse véritablement distinguer les musiciens. Le tout donne une ambiance obscure et intrigante qui me permet personnellement de mieux apprécier la musique du groupe, avec laquelle j’avais du mal à accrocher sur album. L’atmosphère proposé par le groupe en live permet de rendre plus vivantes leurs compositions, et le son de la guitare, aigüe mais profond, résonne mieux que sur album. Une belle (re)découverte pour commencer doucement la soirée!
Changement net d’ambiance avec l’arrivée des anglais de Pest Control. Le groupe, qui vient de sortir son premier album intitulé Don’t Test The Pest en début d’année, propose un crossover furieux et bien déchaîné. Comme le veut ce style de musique, on retrouve à la fois des éléments hardcore punk avec une rythmique très élevée et des morceaux courts, mais également des éléments thrash avec des riffs de guitare bien tranchants, ponctués d’envolées de sonorités aiguës. La musique du groupe se rapproche donc de celle d’un groupe comme Municipal Waste, et bien que leur style soit plutôt classique, la recette prend bien et l’énergie du groupe résulte sur un bon concert. La touche un peu plus originale du groupe repose sur la chanteuse Leah Massey-Hay qui a un style de chant plus proche du hardcore, qui fait d’ailleurs penser à celui de Kat Moss, la chanteuse de Scowl.
Après deux bonnes premières parties aux styles bien différents, le public attend désormais les londoniens de High Vis. Je craignais que le Trabendo peine à se remplir pour cette date mais, sans être plein, le public a plutôt bien répondu présent. Il faut dire que le groupe attire un public éclectique, entre amateurs de hardcore, de punk rock, de Oi!, de britpop ou même de metal. Et cette diversité dans le public se retrouve à la fois dans la musique du groupe mais aussi dans les deux premières parties aux styles assez opposés. Le groupe distille avec énergie et conviction sa musique à un public conquis et connaisseur : dès les premières notes de 0151, le public entre en symbiose avec le groupe, en chantant, en bougeant ou en s’emparant de la scène pour stagedive.
Emmené par leur chanteur Graham Sayles qui est passé de « je commence le concert avec un manteau » à « je finis le show en t-shirt bien trempé », le groupe performe les morceaux issus de ses deux seuls albums. La setlist est quasiment identique à celle jouée en février mais ce n’est pas bien grave car on sent que ces morceaux ont gagné en maturité autant dans leur performance live que dans la tête du public. Le meilleur exemple est probablement le morceau Trauma Bonds, que beaucoup d’entre nous entendait en live pour la première fois en février dernier. Désormais, ce morceau est accueilli par le public presque comme un classique, dont le pré refrain et le refrain sont repris par une grande majorité de la salle. Il faut dire que ce morceau issu du dernier album du groupe est terriblement prenant. On retrouve ce qui fait l’essence du groupe : une ambiance mélancolique et parfois agressive, qui s’exprime par des paroles plutôt sombres, mais éclairées par des mélodies et des sonorités presque pop.
Le groupe garde également une certaine modestie en se présentant juste comme une bande de gars paumés qui jouent de la musique. On sent ainsi une certaine proximité entre le groupe et le public, illustrée par l’intervention de Graham auprès du personnel de sécurité afin de leur signaler que tout était sous contrôle alors que ces derniers venaient s’enquérir d’un grand nombre de personnes sur la scène lors de Choose to Lose. C’est d’ailleurs sur cet autre morceau phare du groupe que le show de 45 minutes se termine. Une durée qui pourrait nous laisser sur notre faim mais l’énergie et le rythme du concert est tel que ça ne me pose personnellement pas de problème.
Pour son deuxième concert parisien, les londoniens de High Vis ont prouvé qu’ils étaient un groupe prometteur et en pleine ascension, mais déjà sûr de leur force. Alors que le groupe puise ses influences dans des milieux undergound, jouer dans une salle plus grande comme le Trabendo n’a rien changé à l’authenticité du groupe. Au contraire, le groupe a pu se produire à la fois devant une base solide d’amateurs du groupe mais également pour un public plus large et toujours plus éclectique.
Merci à Live Nation pour l’accréditation et au Trabendo pour son accueil!
