Dropkick Murphys – Okemah Rising

Moins d’un an après This Machine Still Kills Fascists, Dropkick Murphys nous propose un nouvel album acoustique intitulé Okemah Rising, sur le même concept que son prédécesseur. 

This Machine Still Kills Fascists représentait un petit pas de côté dans la discographie et dans le style du groupe. En effet, l’album avait la particularité d’être un album acoustique mais surtout de se baser sur des lyrics de Woodie Guthrie, un chanteur folk particulièrement engagé du milieu du XXème siècle. Les sessions d’enregistrement de This Machine Still Kills Fascists ont finalement abouties également sur les morceaux qui composent Okemah Rising; l’album se veut donc très similaire, que ce soit dans son style musical ou dans son esprit, à son prédécesseur. Ces deux albums coïncident par ailleurs avec l’absence de Al Barr, le deuxième chanteur du groupe, en hiatus depuis 2022 afin de s’occuper de sa mère souffrante. 

La meilleure manière de présenter cet album serait de qualifier son style de « working-class folk ». La musique, acoustique mais accompagnée de plusieurs instruments bien connus du groupe (accordéon, mandoline), se veut assez mélodique, simple et chantante. Mais là où l’on retrouve l’esprit des Dropkick Murphys se trouve dans l’univers des morceaux, très axé sur la classe ouvrière et leur quotidien. C’est en ça que Okemah Rising, comme son prédécesseur, ne sont pas complètement des OVNI dans la discographie du groupe. La bande de Boston a toujours mis en avant ses racines ouvrières et cet esprit de défense des travailleurs comme en atteste le morceau Worker’s Song issu de l’album Blackout (2003). 

Le premier morceau My Eyes Are Gonna Shine introduit et représente bien l’esprit de l’album. Le morceau est assez simple, avec plusieurs répétitions du refrain qui rentre assez vite en tête, et les lyrics s’articulent à la fois autour des contraintes de la vie de tous les jours (« debts and troubles, chills and fevers ») mais également des plaisirs simples de la vie (« when I kiss my heavenly angel »). I Know How It Feels, un morceau que l’on avait pu entendre lors du passage du groupe à Paris en février dernier, se veut dans la même logique fédératrice et universelle : le chanteur (en l’occurrence Ken Casey, mais les paroles sont de Woodie Guthrie comme expliqué plus haut) s’adresse directement à l’auditeur en lui expliquant qu’il sait ce qu’il ressent lors des épisodes difficiles, comme la pauvreté (« when you ain’t got a cent »), la pénibilité et l’usure liée au travail (« when you got calloused hands and blisters on both of your feet ») ou la solitude (« when you ain’t got a friend »). En résulte un morceau plein de puissance et d’espoir dont on souhaite encore plus chanter lorsque l’on en comprend les paroles. Le clip du morceau ci-dessous contient par ailleurs des images des concerts parisiens et nantais donné par le groupe en ce début d’année.

Ces deux morceaux précédemment cités sont plutôt entraînants et énergiques mais l’album laisse également la place à des morceaux à l’ambiance plus posée et « réflexive » comme Watching The World Go By ou When I Was A Little Boy. Ce dernier vise à sensibiliser les enfants au combat, mais on ne doute pas que l’utilisation du mot « fightin' » dans ce morceau se réfère plus au combat au sens de la lutte sociale et de la défense de ses droits plus qu’à un simple combat physique. Les parallèles avec This Machine Still Kills Fascists sont nombreux : tout comme sur Never Git Drunk No More, on retrouve un morceau allègre avec une contribution féminine (en l’occurrence Jaime Wyatt) sur Bring It Home. On peut également remarquer que le morceau Run Hitler Run évoque le dictateur allemand, tout comme Dig a Hole le faisait déjà sur le précédent disque. Ces morceaux ont la particularité et la force de nous inviter à faire un bond en arrière et de nous rendre compte que la musique contestatrice existait déjà il y a plus de 80 ans. 

L’album peut évidemment également être vu comme un hommage à Woody Guthrie, alors que le titre This Machine Still Kills Fascists faisait référence à l’inscription que portait les guitares de l’activiste à l’époque, le titre de Okemah Rising fait référence à la ville de naissance de Guthrie, Okemah, dans l’état de l’Oklahoma. Les Dropkick sont bien habitués à reprendre ou à réécrire des morceaux traditionnels (comme pour The Irish Rover ou Black Velvet Band) mais le groupe avait déjà également basé une de leurs compositions sur des écrits de Guthrie pour leur morceau I’m Shipping Up To Boston, qui est sans doute leur morceau le plus connu. C’est donc une sorte de clin d’œil de finir l’album avec une version acoustique (officiellement appelé « Tulsa version » en référence à une autre ville de l’Oklahoma) de ce morceau culte. 

Avec ce deuxième album acoustique, Dropkick Murphys rend une nouvelle fois hommage à Woody Guthrie en proposant des morceaux basés sur ses lyrics. En ressort un album agréable et accessible dans lequel le groupe affirme plus que jamais ses origines et ses influences working-class

1. My Eyes Are Gonna Shine
2. Gotta Get To Peekskill (featuring Violent Femmes)
3. Watchin the World Go By
4. I Know How It Feels
5. Rippin Up the Boundary Line (featuring Jesse Ahern)
6. Hear the Curfew Blowin
7. Bring It Home (featuring Jaime Wyatt)
8. When I Was a Little Boy
9. Run Hitler Run
10. I’m Shipping Up to Boston (Tulsa Version)

MightyMightyMarty
MightyMightyMarty
Mon truc c'est le punk rock et le hardcore. Mais comme il faut s'intéresser à tout (ou presque), vous pouvez me croiser en concert de pop-punk ou de Oi!, m'entendre fredonner du classic rock ou du metalcore, et même me surprendre à écouter du metal!

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