Drain – Living Proof

Après la claque qu’était California Cursed (2020), le premier album du groupe, les californiens de Drain reviennent avec leur deuxième album, Living Proof. Fort du succès de leur premier album, paru à l’époque chez Revelation Records, le groupe a signé chez Epitaph, qui figure parmi les plus gros labels indépendants, chose qui n’est pas fréquente pour un groupe de hardcore.

Cet album était donc particulièrement attendu et je trouve qu’il a parfaitement répondu à ses attentes. On retrouve le côté déjanté et la furie qui fait la marque de fabrique du groupe. C’est cette même fougue qui a d’ailleurs forgé une réputation de groupe ravageant tout sur son passage en live. Et ce n’est pas cet album qui fera faiblir cette image, tant l’album est énergique et dévastateur, à commencer par Run Your Luck qui se construit sur une rythmique marquée et sur le chant frénétique de Sammy Ciaramitaro. Le son de la guitare est tranchant et pur et les riffs sont très bons, mais on retrouve également des petits passages où le son de la guitare part dans les aigües, ce qui donne à la fois une identité aux morceaux mais accentue également la folie qui se dégage de l’album. 

Mais au delà de la musique directe et agressive du groupe, je trouve les lyrics plutôt inspirants. Weight of the World, dans une tradition très straight edge mélange ainsi la haine de l’establishment et la difficulté que cela peut engendrer d’adopter un mode de vie alternatif :

Sometimes I wish I could be
Like every fucking boring loser around me
Instead I picked the hard way
And now I’m struggling to keep
This life from crushing, crushing me

A travers ce titre Living Proof, le groupe souhaite également inspirer l’auditeur en montrant qu’ils sont la « preuve vivante » qu’il est possible de réaliser ses objectifs avec de la persévrance. Sammy expliquait ainsi que le groupe, qui n’était à la base que des potes ordinaires qui ne connaissaient personne dans la scène hardcore de Santa Cruz, a finalement réussi à se faire un nom et une place dans la scène hardcore Californienne puis mondiale. Mais cela passe également par du travail sur soi, comme mentionné dans FTS (KYS), dont les initiales signifient Find the Strength and Kill Yourself. L’idée du morceau n’est évidemment pas d’appeler au suicide mais plutôt de trouver le courage de retirer les éléments négatifs de sa vie ou de sa propre personnalité : 

Find the strength
And kill yourself
Rеinvent the new you
Find thе strength
And kill all the parts
That you don’t love

Ce deuxième album du groupe introduit également une variété musicale plus importante. On pense évidemment à Intermission qui débute comme un morceau de hip-hop avec la participation de Shakewell. Le hip-hop a toujours eu une influence importante sur le hardcore : on peut évidemment penser à un groupe comme Madball ou Terror, qui avait d’ailleurs déjà intégré une interlude rap dans son album Total Retaliation (2018, avec le morceau Post Armageddon Interlude). Là où le groupe prend un virage musical plus étonnant se trouve dans la reprise de Good Good Things de Descendents, dont la présence sur l’album m’a agréablement surpris. Agréablement car il s’avère que Descendents se trouve être dans le top 3 de mes groupes préférés. Mais surpris car si on considère que Descendents est un des pionniers du pop-punk, ce morceau penche plus vers le pop que le punk. Sammy met donc de côté son chant effréné et rageur pour un chant clair et juste, qui rend parfaitement hommage à ce fabuleux morceau. Là encore ce n’est pas la première fois que des groupes de hardcore empruntent des éléments pop mais cette tendance est beaucoup plus récente. En figure de proue de cette incorporation de sonorités pop dans le hardcore se trouve évidemment Turnstile mais on peut également citer Scowl, un autre groupe de hardcore issu de la scène de Santa Cruz. On peut en tout cas imaginer que ces incorporations de sonorités nouvelles, qui restent tout de même légères dans l’album, pourraient prendre plus de place dans les prochaines sorties du groupe. A suivre!

En attendant, Drain vous donne rendez-vous à Paris, au Glazart le 10 aout prochain. Apportez vos planches de surf et vos ballons de plage, l’été californien débarque sur la capitale. 

Avec ce deuxième album convaincant qui explore quelques sonorités différentes, Drain continue de s’affirmer comme un des groupes de hardcore les plus excitants de ces dernières années. 

1. Run Your Luck
2. FTS (KYS)
3. Devil’s Itch
4. Evil Finds Light
5. Imposter
6. Intermission
7. Weight of the World
8. Watch You Burn
9. Good Good Things
10. Living Proof

MightyMightyMarty
MightyMightyMarty
Mon truc c'est le punk rock et le hardcore. Mais comme il faut s'intéresser à tout (ou presque), vous pouvez me croiser en concert de pop-punk ou de Oi!, m'entendre fredonner du classic rock ou du metalcore, et même me surprendre à écouter du metal!

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