Delain : Dark Waters

Delain a beaucoup à prouver avec ce nouvel album. Après un changement de line up compliqué et une pause forcée, il est impératif de réaliser un tour de force pour continuer à se placer dans le haut du panier des groupes de Metal Symphonique actuels. En reprenant une partie du line up d’origine et en présentant leur nouvelle chanteuse, Diana Leah, le groupe désire montrer que l’ADN de Delain est toujours là, et que leur musique est toujours aussi qualitative. Ont-ils réussi ce pari ?

L’album ouvre avec Hideaway Paradise et déjà, on peut ressentir la touche qualitative de Delain. Ce qui m’a frappée dès le début est la similitude entre les voix de Diana Leah et Charlotte Wessels, l’ancienne chanteuse. Le groupe, plutôt que chercher à évoluer, a voulu garder exactement le même timbre pour sonner exactement pareil qu’avant. Un choix comme un autre, en tout cas l’illusion est parfaite et on sait tout de suite que l’on écoute du Delain. La chanson en elle-même est très efficace, alterne entre des parties plus symphoniques et plus metal, et a un refrain très catchy qui rentre en tête.

La deuxième chanson de cet album est The Quest And The Curse et avait été le premier single à sortir. Dans la même veine que Burning Bridges du dernier album, le morceau se veut un peu plus lourd et comporte quelques lignes de growls dans le refrain. Cela fait très plaisir vu que l’on attendait que Delain exploite un peu plus ce chemin. La chanson explore toutes les capacités du groupe et montre différents aspects, tantôt heavy, tantôt calme, avec de très belles envolées de voix. C’est donc un très bon choix de single qui démontre toutes les capacités de ce nouveau line up.

Beneath était le deuxième single du groupe et a une construction très pop dans l’idée. Elle séduira sans aucun doute ceux qui n’aiment pas le metal trop lourd. Elle me rappelle beaucoup les premiers albums de Delain. Mirror Of Night suit et a une patte beaucoup plus “symphonique”, dans le fait que les parties symphoniques et les chœurs sont davantage mis en avant. La mélodie hante facilement et la voix plus soutenue fait un très bel effet. Tainted Hearts est une chanson très classique qui ne m’a pas marquée. Même si elle passe bien dans l’album, je ne m’y serais jamais arrêtée autrement. Elle sonne également comme du « vieux » Delain, ce qui plaira sans doute aux fans de la première heure.

The Cold se fait plus menaçante et plus épique. Les chœurs sont davantage présents et les variations de placement de voix sont très chouettes. La chanson est très plaisante à écouter et les guitares sont aussi très efficaces. Moth To A Flame, le dernier single choisi, est tout aussi intéressante. Le début A Capella entre Diana et les chœurs fait très épique et la transition avec les instruments fait très heavy en comparaison. Enfin une chanson davantage heavy et plus rythmée ! Une des meilleures chansons de l’album pour moi. Le refrain reste en tête et fait bouger et le changement de placement sur le dernier refrain fait toujours son effet. Il ne manque que les growls pour rendre ça vraiment heavy. On peut dire que le groupe a bien choisi ses singles pour montrer les différentes influences et styles de cet album.

Queen Of Shadow est également très classique, elle passe très bien sur l’album mais ne se démarque pas trop. En revanche, on apprécie fortement les interventions de Paolo Ribaldini et ses lignes de voix masculines qui forment un joli contraste avec la voix de Diana, ce qui est le seul élément qui ressort vraiment pour moi. En comparaison, la chanson suivante, Invinctus est la chanson qui se démarque le plus pour moi, et est surement ma chanson préférée de l’album. Très épique, elle feature à la fois Paolo Ribaldini et Marko Hietala. Un excellent ajout qui rappelle les anciens feats entre Marko et le groupe qui résulte toujours en des morceaux excellents. Les chœurs sont monstrueux et servent très bien le morceau. Les envolées de voix de Diana sont très jolies. Le contraste avec Marko, immédiatement reconnaissable, est du plus bel effet. Cela fait très plaisir de le retrouver dans le milieu musical après avoir lui aussi pris une pause. Sa voix se marie très bien avec Diana lorsqu’ils chantent ensemble. Le seul point noir serait que la chanson a l’air un peu longue à l’écoute.

Le dernier morceau, Underland, possède un piano plus présent et des parties plus lancinantes, ainsi que des parties sympas avec des chœurs. Elle ne se démarque pas trop du reste néanmoins, comme Queen Of Shadow, c’est dommage et ça me fait mal au cœur de le dire tant j’apprécie Delain. Elle a une construction qui reste classique et la voix n’a pas trop de variation. L’album se conclut par une version au piano de The Quest And The Curse qui est très jolie, c’est un réel plaisir d’entendre ce genre de morceau calme et acoustique qui met en valeur la voix de Diana, ce me fait presque regretter de ne pas avoir eu une chanson plus calme et plus marquante dans l’album dans ce style plutôt qu’une reprise, comme on a pu avoir dans les précédents albums de Delain. Cela aurait peut-être aidé à diversifier l’album et à faire davantage ressortir chaque morceau, si l’on avait pu avoir plus de contraste musical, quand le metal symphonique est un des genres qui permet la plus grande diversification musicale.

En conclusion, l’album sonne exactement comme du Delain malgré l’évolution du line up. Cependant, je me suis souvent fait la remarque que ça sonnait comme du « vieux » Delain, sûrement dû à l’influence des anciens musiciens de retour. C’est à double tranchant : d’un côté, tous les fans de la première heure sont soulagés de voir que Delain est toujours bien présent et aussi qualitatif. De l’autre côté, il aurait été intéressant de les voir évoluer dans leur style en exploitant ces changements. Peut-être que cela arrivera sur les prochains albums, qui sait ?