Après un dernier album en 2020 (Beer and Loathing) un brin décevant, les punks celtiques des Real McKenzies reviennent à la charge avec leur onzième album studio : Songs of the Highland, Songs of the Sea, paru chez Fat Wreck Chords.
La particularité de cet album est qu’il est composé uniquement de reprises de chansons traditionnelles. Et comme son nom l’indique, l’album se compose à la fois de chants traditionnels marins et écossais (les Highlands sont la région la plus au nord de l’Ecosse). Le groupe est coutumier des reprises de shanty (le terme anglais pour désigner les chants de marins) et autres morceaux traditionnels, qui apparaissent régulièrement dans la discographie du groupe. On peut citer notamment l’interprétation de Wild Mountain Thyme, qui apparait sur Clash of the Tartans (1998), ou de Scots Wha Hae, sur le même album. Bien que le groupe soit canadien, Paul McKenzie, le leader du groupe, a toujours mis en avant ses origines écossaises (il est descendant d’une famille d’immigrés écossais) et sa passion pour la navigation au cœur de ses morceaux.
Et pour commencer cet album, quoi de mieux qu’une interprétation de Scotland the Brave, l’un des hymnes officieux de l’Ecosse (appartenant au Royaume-Uni, l’hymne officiel de l’Ecosse reste God Save the King) ? Ode à la gloire de l’Ecosse, le morceau et ses mélodies ondoyantes, qui rappelle les terres vallonnées d’Écosse mentionnées dans la chanson, est parfaitement interprété, sublimé par la voix si juste de Paul. Tout cela en fait aisément l’un des morceaux les plus marquants de l’album. Dès le deuxième morceau de l’album, A Red, Red Rose, on comprend bien que l’objectif de l’album n’est pas de simplement reprendre des morceaux de folk traditionnels mais bien de leur donner une autre interprétation, plus moderne, avec un rythme plus effréné et un usage important de guitares électriques, batterie et basse. La cornemuse, héritage inévitable de la culture écossaise, reste évidemment présente sur plusieurs morceaux.
Le titre de l’album est fidèle à son contenu : les morceaux couvrent des thèmes classiques et variés du folklore écossais. Le très réussi Leave Her Johnny est, à ce titre, un chant marin classique : sa structure qui alterne une phrase de couplet et une phrase composant le refrain (ici, « Leave her, Johnny leave her ») est composée de telle sorte à ce que le chanteur principal récite les couplets pendant que l’équipage reprend le refrain, plus simple à retenir. Contrairement à ce qu’on pourrait penser à la première écoute, le « her » ne fait pas référence à une femme, mais au navire de l’équipage, qu’il faut quitter une fois que la traversée est finie et que le vent ne souffle plus (« the voyage is done and the wind don’t blow »).
Le thème du voyage va de pair avec celui du mal du pays, que l’on retrouve dans Sloop John B, mais également dans Swansea Town, qui narre la tristesse d’un marin, forcé à prendre le large, laissant derrière lui sa bienaimée. Ce morceau se démarque d’ailleurs puisqu’il est interprété au chant non pas par Paul McKenzie mais par Brenna Red, chanteuse de The Last Gang. Pour la petite histoire, Paul, submergé par l’émotion que lui procure cette chanson, n’était pas en mesure d’y apposer sa voix lors de l’enregistrement, mais au lieu de laisser le morceau inachevé, le groupe a proposé à Brenna de suppléer le leader du groupe. Et le résultat est à couper le souffle tant sa prestation vocale est parfaite et rend hommage à la fois à cette chanson mais également à l’émotion qu’elle procure à Paul. Une preuve, s’il en faut, que cet album a été composé avec le cœur et l’amour que porte Paul à ses origines. Outre les chansons maritimes, qui incluent forcément une drinking-song (Blow the Man Down), on retrouve donc des « Songs of the Highlands ». My Heart’s in the Highlands, dont le titre parle de lui-même, en fait partie, au même titre que The Green Hills of Tyroll, une chanson-hommage aux soldats écossais tombés loin de chez eux.
Tous ces morceaux, pourtant très différents les uns des autres, se marient à merveille dans un album très réussi, qui mêle à la fois l’Histoire avec un grand H, celle de l’Ecosse, ses traditions et sa culture mais également l’histoire plus personnelle de Paul McKenzie, ses origines écossaises, sa passion pour la navigation et son amour pour les Highlands.
« Land of my high endeavour,
Land of the shining rivers,
Land of my heart for ever,
Scotland the brave »
Tracklist :
Scotland the Brave
A Red, Red Rose
Ye Jacobites by Name
The Green Hills of Tyrol
Leave Her Johnny
My Heart’s in the Highlands
Sloop John B
Drunken Sailor
The Bonnie Ship the Diamond
Dead Man’s Chest
Swansea Town
Blow the Man Down
