Svalbard – The Weight Of The Mask (Chronique)

Vous vous souvenez de la dernière fois qu’un album vous a fait sentir à votre place, compris, et a su mettre des mots sur votre ressenti ? C’est ce que m’a provoqué l’écoute de The Weight Of The Mask, nouvel opus du groupe britannique Svalbard. Mélange de Black Metal atmosphérique, de Metalcore mélodique et de Doom, ce nouvel album reflète bien la personnalité musicale du groupe et nous embarque ainsi dans un voyage à travers la psyché humaine où la dépression s’invite dans chaque moment de la vie.

L’album commence avec Faking It qui représente l’entièreté du concept de l’album et la signification du titre: la différence entre le tourment intérieur et le sourire que tu montres au reste du monde. Tourmenté, ce morceau exprime comment on peut se sentir si étranger à notre propre corps, lorsque qu’on ne reconnait pas la personne qui se présente au monde tant ce que l’on ressent intérieurement est opposé. Ces émotions dysphoriques sont criées, partagé entre growl et scream, tout au long du morceau accompagné d’un lead guitare très mélodique. Cette chanson présente une excellente entrée en matière en posant le doigt avec justesse sur le thème même de l’album, la dichotomie entre dépression isolante et entourage social.

 

 

L’album continue avec Eternal Spirits, une chanson en deux temps. Vue comme un hommage à un artiste disparu vantant son héritage musical et spirituel, elle commence de manière assez violente et criée, avec seulement un petit passage chanté clairement et plus doucement. Cependant, aux deux-tiers de la chanson, on observe un changement dans la musique, où les instruments s’emballent et manière beaucoup plus grandiloquente avec un rythme très marqué sous un lead guitare plus doux. On va aussi avoir des chœurs de chant clair derrière le scream, ce qui rend la fin du morceau très marquante.

Defiance est un morceau qui porte très bien la signature Svalbard, avec un lead tout à fait mélodique sur un excellent rythme rapide, et une voix qui oscille entre screams et chant clair très doux et mélancolique. Portée sur le désespoir d’être obnubilé par la dépression et être incapable de sortir de cet état d’esprit, ainsi que de toujours douter de soi, ce morceau provoque un tourbillon d’émotions fortes.

Arrive ensuite mon morceau préféré de ce nouvel opus, November. Toute la première partie de la chanson est très calme et absolument magnifique. On a une mélodie lancinante et douce, désespérée, tandis que la voix parlée de Serena exprime ses sentiments de manière accablée, brisée. On a ici un passage touchant où elle laisse tomber son combat un instant, où elle arrête de se battre car elle n’y arrive pas, peu importe ses efforts la dépression la rattrape toujours. La deuxième moitié de la chanson est plus violente, cette situation l’énerve, elle se met à crier. On a une batterie extrêmement rapide et un rythme très marqué à la guitare et à la basse. Ce contraste est très bien réalisé et exprime encore une fois deux facettes du désespoir.

 

 

Lights Out est plus lourde, plus agressive malgré un passage de chant clair doux en plein milieu. Les growls sont très saccadés, énervés, dans une émotion davantage colérique. Musicalement, le morceau est très rapide avec une batterie monstrueuse et des guitares très précises. On ressent très facilement le poids des émotions et de ce masque que l’on se construit, souvent décrit par cet album. La cassure de la chanson dans le bridge, qui devient soudainement très doux, est une petite respiration, un instant de répit avant de repartir dans ce combat acharné contre la pression induite par cette maladie. Sa position, juste après November, montre une continuité dans l’évolution mentale d’une personne en souffrance.

C’est ensuite au tour de How To Swim Down, une des chansons les plus prenantes émotionnellement. Toute calme, entièrement en chant clair, elle est porteuse d’espoir dans ce tourbillon douloureux, comme une main tendue qui surgit pour aider. Calme, paisible, l’ajout de violon pour la mélodie est du plus bel effet. On se laisse porter par la mélodie, par le courant de la vie, imperméable à tout ce qu’il se passe autour, poussé par l’amour inespéré. Les envolées de voix qui répètent « I will heal you » sont très touchantes. Ce morceau est une vraie bouffé d’oxygène au milieu de la douleur exprimée par le reste des morceaux.

 

 

Le morceau Be My Tomb est celui qui m’a le moins marquée, je ne m’arrêterai donc pas trop dessus. Il a un bon rythme et des screams efficaces mais présente peu de variations durant 5 minutes. En revanche, la chanson suivante, Pillar In The Sand, offre à nouveau un gros contraste avec des chant clairs et doux, d’autant plus marquant en passant après Be My Tomb qui est justement entièrement criée. La guitare est planante et les effets atmosphériques ajoutent beaucoup à l’ambiance du morceau. De plus, la réverbération de la guitare et les différentes couches de voix qui résonnent sont du plus bel effet. La fin du morceau s’emporte et des cris arrivent, mais la mélodie du lead guitare reste toujours assez tranquille quand le rythme est surtout marqué par une batterie rapide et une guitare rythmique efficace. Le tout retombe sur la fin du morceau pour finir à nouveau dans une ambiance calme avant d’entamer le dernier morceau de cet opus.

To Wilt Beneath The Weigh est une conclusion de presque 6 minutes à cet album. D’entrée de jeu, on est accueilli par ce qui représente très bien Svalbard : un rythme très marqué sous un lead guitare très mélodique, et un scream très efficace. Les différentes parties du morceau sont assez marquées et on assiste à un vrai orage où Serena lâche tout en criant qu’elle en a marre de cette pression et aimerait disparaître. C’est une conclusion efficace et violente, à l’image du thème de l’album, qui donne envie d’y revenir !

L’album The Weight Of The Mask de Svalbard présente un metal agressif, mélodique et atmosphérique, teinté de passages très doux et sincères. Tout en contraste, il est un vrai message venant du cœur qui résonnera à travers toutes les personnes qui ressentent et comprennent les paroles. Pour moi, il s’agit d’une des plus belles sorties de cette année !

 

The Weight Of The Mask sort le 06 Octobre 2023.

Tracklist :

1. Faking It
2. Eternal Spirits
3. Defiance
4. November
5. Lights Out
6. How To Swim Down
7. Be My Tomb
8. Pillar In The Sand
9. To Wilt Beneath The Weight

 

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