SAVF: Interview avec Matt pour la sortie du 1er EP

 

SAVF est le nouveau projet musical de Matt, ancien guitariste et chanteur du groupe rennais Season of Tears. La sortie du tout premier EP, intitulé Evolve, a été l’occasion de discuter ensemble de ce nouveau projet.

 

Tout d’abord, est-ce que tu pourrais parler un peu du projet en général ? Quelle est son origine, pourquoi tu l’as appelé SAVF ?
À la base, c’était censé être un projet secondaire puisqu’à l’époque où j’ai commencé à en avoir l’idée, Season of Tears, mon ancien groupe, existait encore. Comme on faisait surtout des musiques très symphoniques et metal, j’avais envie de faire un truc complètement différent et plus soft. Au départ, c’était censé être un projet grunge, voire pop-punk, très simple et efficace, pas trop metal, juste du gros rock. Je n’ai pas commencé à travailler dessus tout de suite après avoir eu l’idée, ça avait germé en moi juste avant le premier confinement, et par la suite la vie a un peu explosé et tout a changé pour moi : j’ai changé de lieu de vie, le groupe Season of Tears s’est arrêté, j’ai terminé mes études… Tout a un peu volé en éclats autour de moi. Avec le confinement, on a dû changer toutes nos habitudes de boulot et de vie en général. Donc le projet n’avait jamais pu vraiment se développer. Quand on a commencé à sortir de cette crise l’année dernière, je n’avais plus aucun projet musical donc SAVF est devenu mon projet principal et j’ai vraiment commencé à travailler dessus. J’avais déjà des morceaux qui étaient prêts, en fait j’avais quasiment un EP complet, mais au final je me suis dit que j’avais envie de continuer dans le metal plutôt que de garder ce projet comme un truc pop-punk secondaire. Donc j’ai tout recommencé en gardant quelques textes et c’est devenu l’EP que je viens de sortir. Quant à l’origine du nom, ça vient de ces évènements. Ma vie a explosé, mais paradoxalement je me suis vraiment dit pour la première fois que tout aller bien se passer et que je serai « sain et sauf », donc SAVF, ça symbolise la fin du chaos.

 

Ton EP s’appelle Evolve. C’est aussi dans la même idée que le titre, une évolution par rapport à ta vie d’avant ?
Oui c’est complètement ça. Aussi, des fois, c’est toi qui choisis d’évoluer et des fois tu n’as pas le choix, ça se présente à toi et tu dois faire avec. Il y a plein de façons d’évoluer, et dans ce cas, oui, c’est surtout par rapport à ma vie d’avant. Le nom du projet et le titre de l’EP sont complètement liés.

 

L’artwork est donc un papillon jaune sur une photo en noir et blanc : pourquoi tu as choisis ce visuel pour représenter le concept ?
L’image de fond est une photo que j’ai prise moi-même pendant des vacances à Millau dans le sud de la France. Ça faisait des années que je n’étais pas parti en vacances et c’est un endroit magnifique avec des montagnes, des falaises, et j’ai adoré prendre plein de photos avec mon téléphone. Quand il a fallu décider d’un artwork pour l’EP, c’était soit je payais un artiste ; car j’avais déjà plusieurs idées de personnes à contacter dont j’adore le travail, soit je créais un truc moi-même. Au final, vu la direction générale du projet, je me suis dit que ce serait sympa d’essayer de faire quelque chose moi-même. J’ai donc repris cette photo qui passe bien en noir et blanc, avec les falaises et l’horizon. Et le papillon, c’est un symbole évident de l’évolution, avec la chenille qui se transforme…

 

 

La majorité des paroles parlent de ce thème, d’évoluer et de grandir par rapport au passé et à l’enfance. Est-ce que toutes les paroles te sont venues en même temps autour du même sujet ?
Ça a été un processus assez rapide, oui. La manière dont je fonctionne, c’est que je crée d’abord toute la musique, puis je crée des textes sur la musique et les lignes de voix que je veux. Donc il y a des textes que j’ai finalisés la veille des enregistrements en me disant « il faut enregistrer les voix donc maintenant le texte doit être terminé ! ». Il y a quelques morceaux de textes que j’avais depuis les débuts du projet qui étaient restés dans un coin, j’ai fait du tri et j’ai gardé quelques paragraphes que j’ai réarrangés. La chanson qui est restée la plus fidèle par rapport à ce que j’ai gardé d’avant c’est Constant Pain, la première chanson de l’album. Et au final, c’est la seule qui est un peu moins dans ce thème de l’évolution. Elle vient du fait que j’ai une maladie chronique qui me provoque des douleurs assez insupportables, dont des crises de douleur dans les articulations. Elle a l’air un peu éloignée du thème générale, mais aussi comme c’est quelque chose qui m’accompagne depuis des années, je dois faire avec et j’ai dû évoluer avec, en changeant mon alimentation et certains modes de vie. Donc ça se rejoint au final.

 

Pour parler de l’aspect musical, il y a pas mal de passages assez techniques dans les chansons. Est-ce que tu as tout composé et tout joué toi-même ?
Oui, j’ai tout fait moi-même. La seule exception, c’est sur les doubles voix et les chœurs, c’est ma future femme qui chante, elle est chanteuse lyrique. On a chacun enregistré plusieurs pistes pour ces parties-là et ça a été mixé ensemble. Mais sinon, j’ai tout fait : les guitares, la basse, le chant… La seule particularité ce serait pour la batterie. J’ai composé toutes les parties batterie, et j’ai vérifié que c’était jouable parce que j’ai une formation de batteur, donc j’essaie de ne pas faire n’importe quoi. Mais ensuite, ça a été reprogrammé sur logiciel à partir de vrais sons. Ce qui a été envoyé au mixage se rapproche de ce que serait une prise de son en studio, même si je n’ai pas joué la batterie directement.

 

Ma chanson préférée sur l’album, c’est Balanced. Et toi, quel est le morceau que tu préfères sur l’EP ?
C’est marrant que tu dises ça, c’est vraiment celle qui ressort le plus. Elle plait à la foi à ceux qui ont l’habitude d’écouter du metal et à ceux qui n’en écoutent jamais. Pourtant, je ne m’y attendais pas forcément. Mais c’est sympa, ça m’aide à savoir ce qui marche et à décider quelle direction prendre dans le futur. Par contre, c’est compliqué pour moi de me décider sur une chanson préférée. Je dirai Days Long Gone, parce que c’est celle qui me parle le plus en ce moment, et surtout c’est celle qui m’a demandé le plus de sincérité au niveau du texte donc je l’affectionne particulièrement. Mais musicalement, Balanced et Ego’s Echo sont vraiment fun à jouer.

 

 

Est-ce qu’il y a un morceau qui a été plus dur à créer, qui t’a demandé davantage de temps à composer ?
Ego’s Echo je pense. Comme c’est la dernière, je voyais bien ce que donnaient les 4 autres chansons et mon objectif dessus c’était de faire le plus court et efficace possible. Sauf que voilà, le naturel revient assez vite et je faisais surtout des morceaux de 5 ou 6 minutes. Donc je me suis dit qu’il ne fallait pas que je me prenne la tête, que je fasse juste des gros riffs et un refrain qui cartonne sans chercher plus loin. Ce n’est vraiment pas facile pour moi ! J’ai toujours l’impression qu’il manque un truc. Mais au final, les gens l’aiment bien aussi, donc ça fonctionne. Vraiment, sur celle-là, j’ai dû me forcer à changer mes habitudes et c’est pour ça que ça a été un peu plus difficile.

 

Tu as réalisé une version acoustique de Balanced qu’on ne trouve que sur le CD physique. Pourquoi avoir choisi cette chanson ?
Avec ma compagne, on écoutait les démos en voiture un jour et elle m’a suggéré de créer une version acoustique d’une chanson. L’idée m’a plu et je pense que Balanced est la plus facile à passer en acoustique. C’est la moins extrême, avec New Defender, mais Balanced a un côté plus technique qui était très sympa à retranscrire sur une guitare acoustique. Et surtout, il y avait une possibilité d’arrangement de cordes bien plus intéressante au niveau mélodique. Cela permettait un travail harmonique plus poussé et bien plus enrichissant. Elle est seulement sur le CD physique car ça apporte quelque chose d’exclusif, j’espère que les gens trouveront ça intéressant d’acheter l’EP et pas seulement en digital. Ceux à qui j’ai fait écouter cette version acoustique ont été agréablement surpris et ça fait plaisir, les réactions étaient vraiment excellentes. J’adore faire attention à tous les détails quand je fais des versions acoustiques comme ça, parce que tu entends beaucoup plus de détails, il y a moins de matière sonore sans les grosses guitare et la batterie, ça permet davantage de finesse. C’est intéressant d’aller chercher d’autres émotions sur ces versions.

 

Tu as fait un clip vidéo pour Constant Pain. Pourquoi tu as choisi celle là pour tourner une vidéo ?
J’avais déjà une idée hyper précise de ce que je voulais visuellement pour cette vidéo. Bon, au final c’est assez différent des images que j’avais en tête, mais c’est aussi super intéressant à voir. Je voulais quelque chose d’épuré, sombre, avec une chorée contemporaine ou tribale très improvisée. Aussi, musicalement, c’est l’une des plus courtes et droites, et les paroles sont crues et concrète donc c’était facile à mettre en histoire : ça parle de douleurs physiques donc on peut le mettre en scène assez facilement.

 

 

As-tu prévu de faire d’autres vidéos pour cet EP ?
Je ne pense pas faire de vidéos pour d’autres chansons sur cet EP pour l’instant. Ce n’est pas forcément exclut dans le futur car j’avais d’autres idées qui pourront être mises en œuvre si je trouve le temps et les moyens, mais comme cela sert surtout de promo, c’est moins intéressant de sortir des vidéos après que l’EP entier soit sorti. Après, peut-être pour faire vivre l’EP aussi, j’avais envie de tourner une vidéo qui ressemble davantage à l’artwork, avec des paysages, des plans plus larges, sur une des musiques les plus soft pour avoir une vidéo assez tranquille.

 

Est-ce que tu comptes jouer les morceaux de cet EP en live ?
Je prévois de jouer l’EP en live, oui. Je suis en train de constituer une équipe live, car le but, même si c’est et ça reste mon projet artistique, ce serait d’en faire un groupe à part entière pour ne pas avoir à embaucher des musiciens juste pour quelques sessions. J’ai envie d’un projet qui puisse être identifiable comme un vrai groupe et pas des musiciens qui vont et viennent autour de moi. J’ai déjà un bassiste et je viens de trouver un batteur, donc on va pouvoir bientôt démarrer les répétitions. Je ne sais pas encore si on va avoir besoin d’un deuxième guitariste, mais on va voir comment on peut arranger tous les aspects techniques pour en faire un live – ce qui, encore une fois, rend la chose plus compliquée que si ça n’avait été qu’un groupe de pop punk pour s’amuser. J’espère qu’on arrivera à mettre ça en place pour la deuxième moitié de l’année, potentiellement pour la rentrée de Septembre. Donc oui, on jouera tout ça en concert !

 

Tu commences déjà à réfléchir à de nouvelles musiques ou tu préfères te concentrer sur la promo de l’EP ?
Un peu des deux. J’ai déjà du contenu pour continuer à faire vivre l’EP quelques temps, mais je sais aussi qu’un EP a une durée de vie assez courte. J’ai envie d’être productif avec ce projet, donc je ne pense pas sortir un gros album, mais je préfère plutôt axer le projet sur la sortie d’1 ou 2 EP par an, avec éventuellement entre ces EP des singles complètement indépendants qui ne s’inscrivent pas forcément dans un ensemble. C’est comme ça que je compte faire marcher ce projet, et c’est sympa car ça permet aussi de varier les concepts. Plutôt que de sortir un album tous les 2 ou 3 ans, avec un grand thème principal qui va définir ta promo, là, tu peux faire varier les thèmes en fonction des EPs et avoir un contenu un peu plus diversifié. J’ai déjà pas mal d’idées pour la suite, j’ai d’autres morceaux en préparation. Une autre raison pour laquelle je suis déjà en train de travailler sur un second EP, c’est qu’avec seulement cet EP je ne peux pas tenir un concert. Si je veux faire des vrais sets de concert et jouer au moins 45 minutes, j’ai besoin de davantage de chansons ! Et pour en revenir aux EP, on est à l’ère du numérique et de la consommation immédiate. Si l’on est pas présent souvent, si on entretien pas notre contenu sur tous nos réseaux, on peut facilement oublier une sortie. En tant qu’indépendant, avec un projet complètement auto-financé car je ne veux pas faire de campagne de financement, les EPs restent la meilleur option pour moi donc je dois déjà réfléchir à la suite !

 

On arrive à la fin de cette interview, merci beaucoup pour ton temps c’était super !
Merci beaucoup pour les questions !

 

 

Tracklist :

01. Constant Pain
02. New Defender
03. Days Long Gone
04. Balanced
05. Ego’s Echo
06. Balanced (Acoustic version)

 

 

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