Orelsan – Civilisation

Après la sortie de son documentaire, Orelsan revient avec un nouvel album : Civilisation. Écrit en partie pendant la pandémie, cet album est percutant et met en avant des thèmes d’actualités. Disponible depuis le 19 novembre.

On part sur une heure d’écoute, ponctuée de grooves funky et d’électro avec toujours aux commandes Skread, ici accompagné du lyonnais Phazz, on s’éloigne du rap français pour se rapprocher quelque peu de la variété, donnant un album facilement accessible. Beaucoup moins percutant, sincère et presque bienveillant, Civilisation semble tourner une page dans la carrière du rappeur. On commence avec Shonen, un titre calme où le fait de remonter le passé va amener à une remise en question. Un chant moins rapide, moins percutant pour ce premier titre, qui nous fait entrer tout en douceur dans l’album. La Quête est un morceau taillé pour le live ou encore la radio. L’instrumental n’est pas sans faire penser au titre La Petite Marchande de Porte-Clefs (Le Chant des Sirènes ; 2011). On se rend compte, une nouvelle fois, que le thème abordé va être celui de l’enfance, puis de l’adolescence, des thèmes rarement abordés par le chanteur. Ce sentiment de douceur et de sécurité est conservé à nouveau. « Ce qui compte, c’est pas l’arrivée, mais la quête. » Il y a une rupture au moment de la troisième chanson, Du Propre, qui se rapproche de ce qu’on a l’habitude d’entendre. Comme un sentiment de se renvoyer constamment la balle, Du Propre, à un rythme rapide, avec des paroles moins personnelles, critiquant les rageux et leur avis sur les différents supports.

« Rien peut m’ramener plus en arrière,
Que l’odeur d’la pâte à modeler »

Derrière l’ambiance, plus joyeuse et non sans rappeler le disco, de Bébéboa se cache un sujet grave et sensible : les ravages causés par l’alcoolisme. La voix d’Orelsan va être légèrement modifiée et on peut même y déceler quelques passages non sans faire penser à d’autre artistes français. Une ambiance, à nouveau, très différente ressort, montrant toute l’étendu et les capacités du chanteur. Le début de Rêve Mieux est trompeur, calme et presque reposant, on change vite pour un rap dur mais surtout puissant. Traitant d’un sujet d’actualité, a savoir la société qui est basée sur la dictature de la beauté et de l’argent, personne n’est épargné ici. Un refrain aux paroles fortes « Mieux qu’l’argent, mieux qu’le pouvoir, mieux qu’les deux. Rêve d’être heureuse. » renforcé par une instrumentale appuyant là où ça fait mal, ce titre est percutant et brut. Seul avec du Monde Autour traite du confinement mais également de comment le numérique nous bouffe la vie, peuvent nous enfermer dans un mirage amical et nous faire lâcher nos amis dans la vraie vie. Un nom parfaitement trouvé pour un titre à l’introduction un peu longue mais un ensemble entraînant et moralisateur.

C’est avec Manifeste que l’album va changer de direction. On est face au morceau le plus long (7 minutes) et on se retrouve au cœur d’une manifestation en plein Paris. Mélange de clash sur la société actuelle et de portraits de personnes en difficultés, Orelsan livre un morceau touchant mais surtout percutant. L’odeur de l’Essence était disponible deux jours avant la sortie de l’album et livre ici une critique acerbe de la vie en 2021. Tout y passe, la vie qui continue, les excès ou encore les dérives du système. Un titre qui se rapproche des anciens et qui peut être vu comme une mise à jour de Suicide Social (qui date déjà de 2011 !). Fort, percutant, on est face au meilleur de Civilisation. Jour Meilleur est a tout pour faire le buzz à la radio. C’est doux, calme et les paroles sont presque réconfortantes, on reste dans le thème du début d’album et on peut avoir le sentiment de prendre la place d’un parent face à son enfant.

« Qu’est ce qui nous gouverne ? La peur et l’anxiété.
On s’autodétruit, on cherche un ennemi. »

Baise le Monde garde des sonorités proche du titre précédent mais en étant plus rythmé. Son thème est également différent et moins sentimental. L’ambiance qui en ressort est assez étrange et semble quelque peu déstructuré a certains moments. On arrive au premier featuring avec Casseurs Flowters Infinity, qui, comme son nom l’indique, laisse place à Gringe. Petit bonus qui fait plaisir, surtout quand on voit les références faites à d’anciens titres (comme Ils sont cool). Ils prennent ce qui marche et prouvent une nouvelle fois l’efficacité et la dinguerie de ce duo. Dernier Verre a également son lot d’invités, avec le duo de producteurs The Neptunes qui comprend Pharrell Williams et Chad Hugo. On part sur quelque chose de radicalement différent avec un son très house music et des paroles en anglais. Un titre qui trouvera facilement sa place dans toutes les playlist de l’été.

Ensemble est également un titre assez doux, cela monte tranquillement en douceur et traite d’une remise en question sur les relations amoureuses. On retrouve un côté disco et un refrain qui nous fait faire un bond en arrière et repartir sur d’anciens albums. On peut voir ce morceau comme une sorte de déclaration, de conclusion. Athéna est l’un des titres qui m’a captivé dès ma première écoute. On ajoute quelques touches de piano, un surplus d’émotions et on découvre une chanson posée et captivante. Civilisation est le dernier titre et on s’attend à une petite claque finale. Le titre monte, jusqu’à exploser et nous délivrer des paroles marquantes sur le futur, ça fait mouche. Beaucoup plus rythmé que les derniers titres, on est face au bouquet final de cet album.

« J’sais pas comment sauver l’monde
Et si j’savais j’suis pas sûr qu’j’le ferai »

Un album différent de ce dont quoi Orelsan nous a habitué. On est loin de l’humour qu’il a crée au fil de ses albums et d’un débit de punch line impressionnant mais cela n’empêche en rien de noter la qualité des textes et l’apport de nouveautés. La fête semble belle et bien finie.

 

Tracklist : 

Shonen
La Quête
Du Propre
Bébéboa
Rêve Mieux
Seul avec du Monde Autour
Manifeste
L’odeur de l’Essence
Jour Meilleur
Baise le Monde
Casseurs Flowters Infinity
Dernier Verre
Ensemble
Athéna
Civilisation

Gloomy
Gloomy
Passionnée par le poulet curry, la pizza et de temps en temps la musique.

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1 Comment

  1. « Bébéboa » parle effectivement des ravages de l’alcoolisme mais il parle surtout des ravages que ça provoque chez sa femme. Et ça fait écho à la chanson « Paradis » sur La Fête Est Finie qui en parlait déjà :

    « On s’rappellera les soirées qu’on faisait tous les deux à fumer des clopes, déchirés
    À danser au milieu du salon, tu taffais dans deux heures
    Les yeux imbibés d’alcool, déguisés en Chopper »

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