Il y a 30 ans sortait River Runs Red, le premier album de Life of Agony qui est devenu avec le temps un album de référence dans le paysage musical metal. Pour fêter ce 30ème anniversaire, les Américains de Life Of Agony ont souhaité marqué le coup en proposant une tournée centrée autour de cet album, en emmenant Tarah Who? et Prong avec eux. Avec seulement 2 dates en France sur les 21 de la tournée, on pouvait s’estimer heureux et chanceux de pouvoir assister à cet anniversaire.
Pour commencer la soirée, c’est donc Tarah Who? qui monte sur scène. Ce groupe est assez particulier puisqu’il s’agit initialement d’un duo mais qui se présente ce soir sous la forme d’un quatuor. De plus, le groupe est basé à Los Angeles, chante en anglais mais il s’agit pourtant bien de françaises. Leur style, à mi-chemin entre le rock, le punk rock et le grunge aux sonorités très 90’s, laisse le public du Black Lab enthousiaste et c’est vrai que leur musique est pleine d’énergie et de mélodies, à l’image du très bon morceau Pantomath. Les quatre musiciens sont un peu à l’étroit sur scène puisque les batteries des trois groupes y sont installés, on peut également regretter un certain agacement de la part du groupe qui semblait se plaindre de problèmes de sons et de retours. Problèmes que l’on a pas forcément ressenti dans l’audience. Le set finit tout de même sur une note légère et joyeuse puisqu’il s’avérait que ce 31 janvier était l’anniversaire de Tarah, la chanteuse et leader du groupe. Un gâteau et un petit slam pour fêter ça!
On enchaine avec les vétérans de Prong. LoA nous a gâté en invitant sur sa tournée leurs compères New Yorkais, qui jouissent toujours d’une côte de popularité importante. Il n’aura pas fallu longtemps pour s’en rendre compte puisque le public est déjà bien chaud sur le deuxième morceau Whose Fist Is This Anyway?. Je suis toujours réjouit quand le public connait également la ou les premières parties et il n’y a aucun doute que c’est le cas ce soir. On sent bien que leur thrash metal aux fortes influences industrial sort tout droit des années 90 mais il reste tout à fait appréciable aujourd’hui. Le set de Prong s’articule d’ailleurs principalement autour de l’album Cleansing (1994) puisque la moitié des morceaux joués ce soir en sont issus. Dans un Black Lab particulièrement rempli pour l’occasion, le trio, ce qui est assez rare pour un groupe de metal, offre un set digne d’une tête d’affiche. Malgré leur âge avancé (le groupe a plus de 35 ans d’existence et leur leader Tommy Victor a plus de 60 ans), les trois musiciens assurent le show et semblent se donner à fond. Une petite heure de show qui aura mis tout le monde d’accord!
Il est courant que des groupes fêtent l’anniversaire d’albums en les jouant dans leur intégralité, mais il s’agit rarement de n’importe quel album. Et ce 30ème anniversaire de River Runs Red ne fait pas exception. Le premier album de Life of Agony est une véritable référence dans le genre du metal alternatif. Empruntant à la fois le côté agressif du hardcore et l’ambiance pesante du grunge, ce disque a eu la reconnaissance du magazine de référence Rolling Stone, qui l’a placé dans son top 100 des meilleurs albums de metal (en 58ème position). Mais ce qui fait la force et la particularité de cet album vient également des thèmes abordés avec entre autres l’abandon, le suicide ou les violences familiales. L’album, par l’intermédiaire des interlude Monday, Thursday et Friday (qui seront d’ailleurs diffusés pendant le set) nous propose d’ailleurs de suivre l’histoire d’un adolescent qui fait face à plusieurs mésaventures (une rupture, un redoublement, un licenciement…) et qui finit par se couper les veines dans sa baignoire. Tout ça pour dire qu’au delà de la qualité musicale de l’album, River Runs Red porte également une certaine symbolique sentimental. Les concerts de LoA se composent toujours en grande majorité des morceaux issus de RRR mais cette fois-ci nous avons la chance de pouvoir l’apprécier en entier, et dans l’ordre. On est donc tout de suite mis dans le bain avec le riff tranchant qui introduit This Time, on chante à gorge déployée sur Underground et on se défoule sur le très hardcore Method of Groove.
Et au delà du plaisir auditif, on assiste à un vrai show de la part du quatuor. La prestance et le charisme de Mina au chant est bluffant. Elle renvoie en fait une impression de forte familiarité avec le public. Tout d’abord par sa manière de se tenir : on a l’impression qu’elle cherche à être le plus proche du public, quitte à se pencher complètement sur le premier rang et poser sa main sur le crâne d’une des personnes le composant pour garder l’équilibre. Mais ce qui est intéressant c’est que cette familiarité n’implique pas uniquement des paroles et des actes « positifs ». Elle va par exemple être touchée lorsque quelqu’un lui tend un drapeau français avec le logo du groupe, mais elle ne va également pas hésiter à balancer au fond de la salle un pull que quelqu’un d’autre lui aura tendu en lui demandant « What’s that shit? ». Elle poussera également un petit coup de gueule accompagné de quelques noms d’oiseaux contre les personnes qui s’amusent à balancer leurs gobelets de bière remplis. Ce genre de réaction pourrait mettre une distance entre le groupe et le public mais la proximité qu’on ressent vis-à-vis de Mina fait qu’on ne lui en tient finalement pas rigueur.
Retour à la musique et si le récital de RRR ne suffisait pas, nous avons le plaisir de profiter d’un rappel qui nous permet de profiter d’autres morceaux issus des autres albums du groupe. On y retrouve ainsi Scars, issu du très bon dernier album du groupe The Sound of Scars (2019) qui se présente comme la suite de RRR (on suit à nouveau notre adolescent qui a finalement survécu à sa tentative de suicide et l’album aborde ainsi les thèmes du traumatisme et de la cicatrisation dans tous les sens du terme). Le show se termine en beauté avec Weeds, un fabuleux morceau qui n’a rien à envier à ceux issus de River Runs Red.
Un grand merci au Black Lab pour l’organisation de cette soirée, mais également à Louise pour les accréditations photos et presse!
