Interview Alain (Guitare) de No Return

A l’occasion de la soirée « Requiem Party » pour la sortie du 11ème album de No Return, Victor et Marye ont eu l’opportunité de s’entretenir avec Alain (Guitare) au Black Dog à Paris.

Victor : Le groupe a commencé en 1989, qu’est-ce que ça fait d’être un groupe qui a commencé il y a aussi longtemps dans la scène d’aujourd’hui ? 

Alain :  Quand j’ai commencé en 1989, si on m’avait dit qu’en 2022, je serai encore en train de faire du trash métal, j’aurai sûrement dit « Ah bon ? ». C’est une certaine fierté d’avoir traversé 3 décennies et d’avoir toujours cette envie. D’autant plus que le groupe n’a jamais splitté, donc c’est impressionnant sur la longueur. 33 ans quand même !

Victor : Vous sortez votre 11ème album « Requiem », votre ancien chanteur Steeve est revenu. Comment s’est passé le retour de Steeve au sein du groupe ? 

Alain : Il y a un acquis déjà, notamment au niveau de la scène. Par exemple, on a fait un concert la semaine dernière, ça faisait 20 ans qu’on avait pas joué ensemble, et c’était rigolo car les gens nous ont dit « Vous bougez en même temps ». On a nos automatismes qui reviennent. C’est intéressant de retravailler avec quelqu’un, tu as la maturité et l’expérience en plus ! C’est un vrai plus pour le groupe.

Marye : Et pour lui, comment il s’est approprié les morceaux que vous avez sorti pendant cette période de 20 ans ?

Alain : On s’est dit quand il est revenu, qu’on allait faire du No Return de 2022. On n’avait pas l’intention de faire la nostalgie d’il y a 20 ans. Dans la setlist, on a mis des morceaux qu’on jouait déjà il y a 20 ans, mais aussi tout un panel de morceau où il n’était pas dans la formation. C’est important de pouvoir traverser différente époque. Et lui aussi, c’est son boulot de s’approprier les textes et la façon de chanter sur ces morceaux-là.

Victor : Vous avez commencé à travailler sur ce nouvel album à partir de quand ? 

Alain : On a commencé un peu avant le confinement, Steeve est revenu en mars 2020. Ce n’était pas la meilleure période, mais on a pas choisi. La composition s’est faite à distance grâce à des maquettes que l’on s’envoyait. Quand on pouvait, on se retrouvait en répétition pour finaliser les tempos et les structures des morceaux.

Marye : Sur les thématiques de l’album, on parle de futur. Vous avez une volonté de vous projeter dans le futur avec ce présent, au moment de l’écriture, qui était assez compliqué ?

Alain : L’idée s’était plutôt de faire un constat sur l’évolution technologique de notre société, et les côtés pervers. Par exemple, le temps qu’on passe, surtout les nouvelles générations, sur les écrans et les smartphones, c’est un phénomène de désocialisation. On perds de plus en plus d’humanité et on se retranche vers un individualisme très marqué. On le voit à tous les niveaux : Les réseaux sociaux, les gens qui préfèrent regarder les concerts sur Youtube, des choses qui me semble aberrantes qui ne me parlent pas du tout. Un concert ça se vit Live, ce n’est pas en regardant une vidéo. Tu peux regarder pour voir comment le groupe sonne, mais ça ne remplacera jamais l’impact que ça a quand tu es dans un concert. Certains consomment la musique comme ça, au travers de vidéo, avec des sons compressés. Moi ça me fait me poser des questions.

Marye : On parle de vidéo, vous avez sorti un clip, réalisé par Steve également. Tu peux nous en parler ?

Alain : On voulait présenter un clip en adéquation avec la pochette, un effet cyber. Le clip s’éloigne des standards actuels trop lisse, avec des images rapides et brouillées. Ca nous paraissait intéressant de proposer un truc pas formaté. On a choisi ce morceau car il représente bien No Return en 2022 avec une palette artistique de death, trash et mélodie. Le solo est très heavy, et il y a une touche indus grâce aux samples.

Victor : L’album est sorti il y a moins d’un mois, quel a été le retour du public et de la critique. 

Alain : Le feedback est plutôt positif, que ce soit à l’étranger ou en France. Au concert qu’on a fait, le public a répondu présent et on a eu un super feedback, on est très agréablement surpris. On trouve aussi notre place à l’étranger car on est sur un label Danois. L’attaché de promo du label a bien fait son travail et on a eu des retours de partout : l’Allemagne, le Portugal, l’Espagne. C’est important car la musique est internationale.

Victor : Vous avez des projets de tournée ?

Alain : On a des dates de prévu en février 2023, et plein d’autres qui vont s’annoncer. Pour l’instant, la difficulté c’est l’embouteillage. Y’a eu tellement de tournée décalée à cause de la pandémie, tous les groupes veulent jouer. On est dans un entonnoir. C’est plus compliqué.

Victor : Comment tu vois l’évolution de la scène métal extrême Française ?

Alain : Ce qui a changé, c’est le nombre de groupe. Quand on a commencé dans les années 90, on était qu’une poignée de groupe à faire ce style. Là, on est dans une sur-saturation. L’avènement d’Internet permet de donner un accès à ta musique donc on a eu une prolifération de groupe. Le deuxième effet, c’est le réseau de salle. Tous les groupes veulent jouer, et c’est légitime, mais les salles ne sont pas extensibles et c’est pas évident de pouvoir jouer dans de bonnes conditions. Mais sinon, la scène a vraiment évolué en qualité. Début 1980, on avait un vrai apriori sur les groupes Français, que ce soit dans le heavy ou le trash. Maintenant on a des groupes de qualités dans tous les styles de métal et c’est très bien.

Marye : Est-ce qu’il y a eu des grosses sorties musicales des deux dernières années qui t’a marqué, peut-être meme inspiré ? 

Alain : Inspiré non, mais personnellement, moi j’ai adoré le nouvel album de Alter Bridge et celui de Skid Row. Ils m’ont scotché en termes de production, de qualité d’écriture.

Marye : Au sein du groupe, vous avez tous les mêmes inspirations ? Les mêmes goûts ?

Alain : Non non, c’est un vrai melting pot, moi j’écoute beaucoup de death métal. Mais après, on met un peu de ce qu’on aime dans nos compos. Et donc par exemple, je fais un riff, s’il est dans l’esprit de No Return, on le garde. On est un groupe qui a beaucoup de sonorités différentes.

Victor : No Return, c’était plutôt du death mélodique ces dernières années, là vous êtes retourné sur le death/trash

Alain : Oui ! L’élement Trash est important parce que ce sont nos racines. A l’époque, nos influences s’étaient Slayer, Testament, Exodus. Ce trash là, on le ressent encore sur le dernier album, car c’est nos racines. Mais on essaye d’apporter une vision beaucoup plus moderne, on a beaucoup évolué en tant que personne et en tant que musiciens. Cette diversité musicale est importante.

Marye : Merci beaucoup !

Alain : Merci à vous deux, c’est cool.

 

Merci Roger de Replica Promotion pour l’opportunité

Merci Alain pour ces échanges, ta gentillesse et ton temps

Merci le Black Dog pour l’accueil.

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