Diana (Delain) : « Dark Waters, c’est le symbole de la phase sombre de Delain, mais aussi de la nouvelle ère qui arrive » (interview EN/FR)

Le 23 janvier, nous avons eu le plaisir de discuter avec Diana, la nouvelle chanteuse de Delain. Plus tard, Martijn, compositeur et membre original du groupe, a souhaité ajouter des commentaires à certaines questions.

Bonjour ! On va discuter ici du nouvel album de Delain. Tout d’abord, j’aimerais savoir pourquoi vous avez décidé de l’appeler Dark Waters ?
Diana : Je pense que c’est une bonne représentation de ce qu’il s’est passé dans le groupe. Le fait qu’ils se soient séparés et que Martijn a dû recruter de nouveaux membres et tout recommencer, faire renaître le groupe. Ca a aussi un lien avec les paroles des chansons. Robin, la femme de Martijn, a écrit la majorité des paroles, je n’ai écrit que deux morceaux. Ces paroles ont un thème très fantastique, mais il y a un côté sombre qui s’y cache. Dark Waters, les eaux sombres, c’est un symbole de ce qui reste à venir, ce qu’il reste à découvrir, dans ce nouveau chapitre de Delain. Il y a beaucoup de choses qui se cachent sous la surface de l’eau, qui pour l’instant est plutôt sombre. Donc voilà, c’est un double sens : D’un côté il y a ce moment sombre par lequel Martijn est passé quand le groupe s’est séparé, et de l’autre il y a ce qui se cache sous la surface qui n’attend que d’être découvert ; et c’est cette nouvelle ère de Delain.
Martijn : Pour moi, c’est surtout un symbole du moment où Delain a sombré très profondément, on s’est presque noyé. On n’était pas sûrs qu’on puisse refaire surface un jour. Donc on revient d’eaux très sombres, avec de la nouvelle musique, et c’est un symbole très fort pour nous tous.

Est-ce que Martijn a écrit toute la musique ou avez-vous tous participé à la création des chansons ?
Diana : Martijn et Gus sont les compositeurs principaux. Ce sont toujours eux qui créent la structure des musiques, les guitares, l’orchestration… Ronald a aussi composé quelques mélodies de guitare pour deux chansons. Ils ont créé une démo qu’ils m’ont envoyée. Il y avait déjà une mélodie vocale sur ces démos, qui était un guide de ce que ça devait rendre à la fin. J’ai ensuite ajouté des couches de voix, des harmonies… J’y ai mis mon propre style. Sur certains morceaux, il y avait beaucoup de libertés donc je pouvais composer de nouvelles mélodies. C’était très fun à faire, surtout que c’est la première fois que je travaille sur un album entier avec un groupe ! Donc j’ai enregistré ma voix, j’ai renvoyé les démos, ils m’ont dit ce qu’ils aimaient et ce qu’il fallait changer, puis me les ont renvoyées. C’est juste un long processus d’envoi de démos jusqu’à ce qu’on ait quelque chose de cohérent.

Donc, tu n’étais pas présente avec eux pour la majorité du processus créatif ?
Diana : On s’est vus seulement deux fois en personne, aux Pays-Bas, chez Gus. Il a un studio dans sa maison. On travaillait surtout sur les parties vocales à ce moment-là. On avait déjà terminé les démos et on devait faire des enregistrements de ma voix. Quand je suis rentrée chez moi, on a évidemment continué à travailler sur les musiques jusqu’à ce qu’elles soient parfaites. Je dirai que j’étais là pour environ la moitié du processus de création.

Tu connaissais bien Delain avant de commencer à travailler avec eux ?
Diana : Oui ! C’est marrant, je les ai découverts en 2009. J’avais 19 ans, ça fait si longtemps ! Je cherchais juste de la musique sur internet et YouTube, et je suis tombée sur la vidéo d’April Rain. J’ai commencé à écouter leur musique, je pensais qu’ils étaient trop cools. C’est à ce moment que j’ai aussi découvert Within Temptation, Nightwish, tous ces gros groupes. Donc oui, j’étais assez familière avec Delain !

Comment t’es-tu retrouvée à travailler avec eux, alors ?
Diana : J’avais évidemment entendu parler de la séparation et de tout ce qu’il s’est passé. Quelques temps après, je suis tombée sur un post sur les réseaux où le nouveau batteur enregistrait quelque chose. Je ne savais pas du tout s’ils avaient trouvé une nouvelle chanteuse ou non, ils ne communiquaient pas trop sur les réseaux à ce moment. J’ai juste laissé un commentaire sous le post, un peu comme une blague, pour demander une audition comme chanteuse. Je ne m’attendais pas à avoir une réponse. Quelques jours plus tard, Martijn m’a envoyé un message disant que la situation était plutôt cocasse, vu qu’il avait déjà pensé à moi car il connaissait ma chaîne YouTube. Il m’a envoyé Burning Bridges et Masters Of Destiny pour que j’enregistre ma voix dessus et qu’on fasse un essai. Le résultat lui a plu, et il m’a ensuite envoyée les nouvelles musiques de l’album pour les tester avec ma voix. C’était The Quest And The Curse et Beneath, qui sont en fait nos deux premiers singles. Une semaine plus tard, ils m’ont fait venir aux Pays-Bas pour les rencontrer en personne. On a joué de la musique ensemble, on a bien discuté, on a appris à se connaître, c’était vraiment un bon moment. Quand je suis rentrée, Martijn m’a appelée pour me dire que j’étais parfaite pour le groupe et qu’il voulait que je devienne la nouvelle chanteuse. Donc, voilà comment ça s’est fait !

Paolo Ribaldini a beaucoup participé à la création de l’album. Quel était son rôle exactement ?
Diana : Quand j’auditionnais, Paolo travaillait déjà avec le groupe, il chantait les démos. Il a aussi écrit le refrain pour Beneath, par exemple. Donc les première démos que j’ai entendues étaient faites avec la voix de Paolo, puis j’ai ajouté ma voix dessus. Je pense qu’il a beaucoup contribué sur cet album, avec les chœurs notamment. Il va venir avec nous en tournée, on va chanter ensemble et il fera aussi les parties de Marko Hietala pour les chansons qui ont été faites avec lui.

Justement, vous avez également Marko en featuring sur cet album. De plus, l’artwork de l’album est très similaire aux anciens albums de Delain. Est-ce une volonté de retrouver vos racines, de vous rappeler ce qui a fait le groupe auparavant ?
Diana : Absolument ! Marko a été tellement présent dans l’histoire de Delain. Il a créé de nombreuses chansons avec le groupe. Sa voix fait partie de Delain. Non seulement Marko manquait aux gens depuis qu’il s’était retiré de la scène musicale, mais depuis qu’il est de retour, c’est juste incroyable pour ses fans et pour Delain, ça correspond bien à l’esprit de renaissance de Delain. C’était un vrai honneur de chanter avec Marko, car je suis fan de lui depuis des années, il est si inspirant.
Martijn : C’est comme un cycle qui se termine. On a des invités d’anciens albums. On a aussi le line up original d’April Rain, à part Charlotte, vu que les musiciens originaux sont revenus. Même Rob, notre bassiste, a voulu revenir bien qu’il joue avec Epica maintenant. C’est tellement cool. Le retour de Marko rappelle aussi beaucoup de bons souvenirs. On a développé une amitié avec lui au fil du temps. Dans le future, Sharon Den Adel pourrait aussi faire des featurings sur certaines chansons. Avec notre séparation, c’était très important de revenir avec le plus d’ADN original de Delain que possible, pour justifier la sortie d’un nouvel album. La séparation était énorme. On avait besoin de se rappeler ce qui faisait l’esprit du groupe avant de continuer. Pour l’artwork, j’adore l’art de Glenn Arthur. Il a fait l’artwork de plusieurs albums et EPs, comme We Are The Others et Moonbathers. C’était super de pouvoir collaborer avec lui à nouveau. Glenn nous a beaucoup aidé sur cet album.

Comment avez-vous perçu la réception des nouvelles musiques de la part des fans ?
Diana : C’est allé au-delà de nos espérances. Avec le premier single, The Quest And The Curse, on était sous pression. On ne savait pas comment les gens allaient réagir à la nouvelle image de Delain, à la nouvelle voix. Donc on était assez inquiets et anxieux au moment de sortir les nouvelles musiques. Mais les gens ont été tellement gentils. D’habitude, je ne lis pas trop les commentaires sur les réseaux sociaux, car c’est un monde un peu bizarre. Ça peut gâcher ton estime de toi. Mais j’étais tellement curieuse de lire ce que les gens disaient à propos des nouveaux morceaux que je suis allée lire leurs réactions. J’ai été envahie de positivité, ils disaient tous que Delain était toujours bien présent, que c’était toujours la même musique, le même ADN. Honnêtement, ça dépassait vraiment nos espérances. Après The Quest And The Curse, la même chose est arrivée avec Beneath, A Moth To A Flame… Ca fait vraiment plaisir d’avoir une fanbase constituée de gens aussi gentils qui vont soutenir le groupe peu importe ce qu’il se passe. Ils ont tous hâte de venir nous voir en concert. On a beaucoup de chance, et j’en suis vraiment reconnaissante, je ne prendrai jamais ça pour acquis.

Je comprends, ce n’est pas toujours évident de lire les commentaires, surtout vu que des gens ramènent toujours le sujet sur Charlotte ou les anciens musiciens.
Diana : Les comparaisons sont naturelles. Quand un groupe que j’adore change de chanteur, je compare toujours la nouvelle voix avec les anciens chanteurs. C’est naturel, c’est ce que tous les humains font. Mais quand les gens vont au-delà de la comparaison, ils deviennent blessants, et je n’aime pas ça. Tant que les gens ne franchissent pas de limites et n’utilisent pas des mots blessants, je ne suis pas dérangée par les comparaisons.

Vous êtes très proches de vos communautés en ligne, comme par exemple le groupe Facebook « We Are The Others », avec qui vous avez fait des répétitions privées. Comment percevez-vous cette relation avec vos fans ?
Diana : C’est vrai, on a joué trois répétitions avec des fans l’année dernière ! Deux en Juin, une en Novembre. Les gens étaient adorables et c’était très intime. Il n’y avait pas beaucoup de monde, peut-être 100 spectateurs, et une toute petite scène donc on s’est sentis très proches des fans. J’aime tenir les mains des fans quand je chante, pour sentir une connexion, j’aime être proche d’eux. Je pouvais le faire sans souci ici, je pouvais les voir heureux quand que je chantais… Quand je suis sur scène, je vois tout. Je vois tous les spectateurs, dans la foule, chanter avec moi. Je pouvais voir dans leurs yeux qu’ils passaient un moment incroyable et qu’ils étaient heureux de voir le groupe jouer à nouveau sur scène. J’ai hâte d’aller en tournée et d’en faire l’expérience à nouveau, à plus grande échelle, avec d’autres fans.
Martjin : C’est très important de garder un lien avec les fans. C’est seulement grâce à eux que l’on peut faire tout ça. Je ne l’oublierai jamais. On a une fanbase dévouée, c’est très précieux. C’était un honneur de pouvoir partager ces répétitions avec eux. C’était aussi chargé en émotions. C’était un temps où tout le monde, moi y compris, pensait que Delain était terminé et qu’il n’y aurait plus de nouvelles musiques. Lorsqu’on a fait ces répétitions, tout est revenu à la vie. Être capable de le partager avec les nouveaux et anciens membres du groupe était magique et plein d’émotions. Je ne l’oublierai jamais.

Avec vous des tournées de prévues bientôt ?
Diana : On a une tournée en Europe en Avril et en Mai. On prévoit une tournée américaine plus tard dans l’année. On va aussi jouer des festivals cette été. On a joué qu’un seul festival pour l’instant depuis que je suis chanteuse, en Suisse, et je n’avais jamais joué en festival avant donc c’était une toute nouvelle expérience pour moi ! Ce festival était énorme, et c’était aussi le jour de mon anniversaire, on l’a fêté là-bas. C’était une expérience inoubliable. Même si les gens ne viennent pas au festival pour voir notre groupe spécialement, tant qu’on s’amuse sur scène et qu’on passe un bon moment, les gens le sentiront et passeront aussi un bon moment.

Allez-vous jouer en France pendant cette tournée ?
Diana : On joue à paris, et une autre ville dont je ne me rappelle pas… Mais je suis impatiente d’y être !
Martijn : Je suis très enthousiaste par rapport à cette nouvelle tournée. On prévoit également une seconde tournée européenne, avec davantage de dates en France, comme Lyon, Toulouse, Bordeaux. J’espère qu’on va pouvoir confirmer ça rapidement et l’annoncer un peu plus tard cette année. Paolo Ribaldini va faire la tournée avec nous, et j’espère que Marko pourra nous rejoindre à un moment aussi. J’ai hâte d’y être. J’espère te voir sur un concert, « Merci » pour cette interview !

English Version