Chronique Dir En Grey Phalaris

C’est avec une joie non dissimulée que j’apprend un peu par hasard que Dir En Grey s’apprête à sortir son onzième album studio cette année toujours chez Free Will, après quatre ans de quasi absence (il y a bien eu trois singles parus entre temps dont deux que l’on retrouve sur ce Phalaris qui nous intéresse aujourd’hui) et un The Insulated World en demi-teinte.

 Quatre longues années durant lesquelles le groupe japonais a marqué une pause pour laisser Kyo (chant) s’adonner à ses autres projets : Sukekiyo et plus récemment Petit Brabançon. Comme la race de chiens oui car c’est hyper cool de nommer son groupe à base de mots français, même quand ça n’a aucun sens (Rentrer En Soi, on te voit).

Maintenant que le décor est planté, voyons voir ce que Dir En Grey a encore à nous proposer après 25 belles années de carrière. La mise en bouche commence avec Schadenfreude, un copieux pavé de dix minutes faisant référence à un concept nietzschéen où la brutalité des débuts cohabitent avec la délicatesse présente sur les derniers disques, où l’on retrouve Kyo qui nous montre toute l’étendue de son registre vocal (et l’auditeur averti sait qu’il est capable de merveilles) et où chaque musicien trouve rapidement sa place. Ce titre est émaillé de multiples changements d’ambiance rythmés en grande partie par la voix du chanteur.

Vu comme ça on pourrait croire que j’en fais des tonnes à son sujet mais en vérité, l’album repose énormément sur le chant et c’est grâce à cette performance vocale de haute volée qu’il sort du lot et qu’il se révèle bien meilleur que le précédent.

Bref il n’aura pas fallu attendre longtemps pour retrouver la tension propre à l’univers riche et torturé de Dir En Grey.

On enchaîne avec le premier single Oboro qui se veut plus direct et percutant dans sa construction. Des couplets guitare / voix entrecoupés de refrains plus énervés ponctuent ce titre hyper efficace à la manière de The Final sur Withering To Death.

Les japonais sont réputés pour leur esthétique visuelle léchée et le vidéoclip de The Perfume Of Sins ne déroge pas à la règle, aussi cinglé que dérangeant, où toute la noirceur qui s’exprime dans la musique (le groupe s’essaie au black metal sur ce morceau) se retrouve dans les images. Un clip à ne pas mettre entre toutes les mains – ou les yeux – mais un morceau incroyable qui promet de tout fracasser en live !

L’album se poursuit avec quelques titres plutôt courts et traditionnels dans leur forme – mention spéciale à Ochita Koto No Aru Sora – qui donne malgré tout furieusement envie de bouger la tête, puis intervient la pépite acoustique Hibiki.

Un véritable vent de fraîcheur au milieu de cette tornade d’ambiances sombres et pesantes.

Eddie prend le contre-pied du morceau précédent en démarrant sur les chapeaux de roues, aidé en cela par une section rythmique endiablée et un Kyo qui ne lésine pas sur les hurlements. Un autre titre parfaitement calibré pour déchaîner le public lors des concerts.

Ce onzième album se conclut sur Kamuy, seconde pièce maîtresse de Phalaris de part sa durée. On y décèle beaucoup de couleurs et de sonorités différentes et tout s’enchaîne de manière cohérente. En somme, un morceau gracieux et tout en finesse.

Dir En Grey réussit le tour de force d’entamer et terminer l’album par des morceaux d’environ 10 minutes chacun sans jamais perdre l’attention de l’auditeur.

Le groupe japonais montre une fois de plus toute l’étendue de leur talent avec un album très ambitieux et riche mais compact, mélangeant avec habileté des titres hyper nerveux avec d’autres plus travaillés, imprégnés de cette patte progressive davantage mis en avant au fil de leur évolution.

De fait, Phalaris est un très bon album de Dir En Grey. Il ravira à la fois les fans de la première heure – le côté baroque et théâtral est à nouveau remis à l’honneur – comme ceux qui ont les ont découvert durant les dix dernières années.

En revanche je suis moins convaincu par le fait que ce disque soit une bonne entrée en matière pour un néophyte pour appréhender le groupe japonais mais ceci est une autre histoire.

01. Schadenfreude

02. 朧 (Oboro)

03. The Perfume of Sins

04. 13

05. 現、忘我を喰らう (Utsutsu, Bouga wo Kurau)

06. 落ちた事のある空 (Ochita Koto no Aru Sora)

07. 盲愛に処す (Mouai ni Shosu)

08. 響 (Hibiki)

09. Eddie

10. 御伽 (Otogi)

11. カムイ (Kamuy)

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