Metallica + Epica + Ice Nine Kills @ Stade de France, 17/05/2023

Quelques semaines après la sortie de son onzième album studio 72 Seasons, Metallica a embarqué pour son M72 World Tour et après Amsterdam, le second arrêt du groupe était Paris et le Stade de France. Cette tournée se voulait originale et unique en son genre puisque le concept de celle-ci est de proposer deux dates dans chaque ville avec une setlist 100% différente pour chaque soir et une scène centrale circulaire. Dans cette même logique d’offrir deux soirées uniques, les premières parties étaient également différentes sur les deux dates. Ce mercredi 17 mai, il s’agissait d’Ice Nine Kills et de Epica.

Ice Nine Kills ouvre donc le bal à 18h. Le groupe avait déjà pu prendre la température de la capitale puisqu’ils étaient en concert du côté de l’Elysée Montmartre la veille. Devant un public moins dévoué à sa cause et dans une enceinte gigantesque, le défi était de taille pour les américains. Emmené par son chanteur et seul membre originel du groupe Spencer Charmas, le groupe exploite au maximum les 30 minutes de son set. Ces 30 minutes seront suffisantes pour découvrir l’univers du groupe : le metalcore moderne du groupe est en fait la bande-son de leur prestation très cinématographique. Puisant ses influences dans l’univers des films d’horreur, le groupe propose un vrai spectacle horrifique, entre coupage de tête et démembrements. Et cette formule trouve son sens dans une première partie d’un énorme concert : la grande majorité du public qui n’est venu exclusivement pour Metallica peut patienter en regardant ce spectacle extravagant et divertissant en écoutant la musique plutôt accessible du groupe. Un très bon choix de première partie et 30 minutes très agréables durant lesquelles le groupe nous proposera un set centré autour de son dernier album en dateWelcome to Horrorwood, the Silver Scream 2 (2021). 

Ice Nine Kills Setlist Stade de France, Saint-Denis, France 2023

La suite de la soirée devait initialement être assurée par Five Finger Death Punch et je me réjouissais de revoir la bande de Ivan Moody après leur passage plutôt convaincant au Hellfest 2022. Cependant, pour des raisons médicales, le chanteur ne pouvait performer et le groupe a donc dû annuler sa venue. L’info étant tombée le 15 mai, cela ne laissait que très peu de temps à l’organisation pour trouver un remplacement. Il fut tout de même trouvé en la personne des néerlandais de Epica. J’étais déçu d’apprendre ce changement quelques jours avant le concert et j’ai compris pourquoi pendant le show d’Epica. On ne peut pas dire que je sois un grand amateur du style du groupe mais au delà de mes goûts musicaux, il me semble que la musique d’Epica s’adresse tout de même à un public assez ciblé et restreint. Ce mélange de voix féminine très claire, d’un chant guttural prononcé et de touches électronico-symphoniques pas très modernes (pour ne pas dire ringardes) donne un rendu assez déconcertant et peu accessible pour un public non connaisseur et non habitué. Et surtout, on s’éloigne quand même énormément de l’univers musical de Metallica. Comme leur prédécesseur, on aura tous cependant pu sentir leur enthousiasme de se produire dans une telle arène et Simone Simmons, la chanteuse, aura veillé à bien parcourir l’entièreté de la scène circulaire.

Epica Setlist Stade de France, Saint-Denis, France 2023

Il est environ 20h45 quand commence à résonner It’s a Long Way To the Top d’AC/DC, pendant lequel nous pouvons voir défiler des photos anciennes et récentes des passages du groupe sur le sol français. L’occasion pour les fans de la première heure de se remémorer certains souvenirs. S’en suivent les images absorbantes de la scène du cimetière de Le Bon, la Brute et le Truand qui nous plonge dans une sorte de fascination et de contemplation parfaite avant le début d’un concert. Alors que la batterie de Lars Ulrich était invisible pendant l’entracte, nous la voyons surgir du sol de la scène par une ingénieuse trappe coulissante. Les sons de cloches de For Whom the Bell Tolls retentissent et nous sommes enfin plongés dans le show des Four Horsemen qui nous livreront un début de set au bon souvenir de leur album Ride the Lightning (1984) puisque ce premier morceau est issu de l’album et qu’il sera suivi du titre éponyme. Les 4 compères apparaissent plein d’entrain et en pleine forme, et il valait mieux puisqu’ils auront la tâche de se déplacer tout autour de cette scène circulaire afin de contenter l’audience répartie dans l’ensemble du stade. Une tâche que le groupe accomplira avec succès, au grand plaisir des fans qui se réjouiront toujours de voir un des membres du groupe performer face à eux. Cette scène circulaire et la mobilité qu’elle offre aux musiciens nous permet par ailleurs de ne pas focaliser notre attention uniquement sur un seul membre (souvent le chanteur) comme c’est le cas sur une scène « classique ». Lars étant immobilisé par son rôle de batteur, quatre batteries ont été installés à chaque « coin » de cette scène circulaire et nous les verrons sortir à tour de rôle du sol de la scène toutes les 4 chansons. Cette idée d’une scène centrale me paraissait intéressante et force est de constater que le groupe en a pleinement tirer profit, donnant une meilleure impression de proximité qu’avec une scène en fond de stade. 

Côté setlist, le groupe profite de leur concept de « No Repeat Weekend » pour nous proposer des titres rarement joués comme I Disappear, qui avait été enregistré par le groupe pour la BO de Mission Impossible 2 et qui ne figure sur aucun album studio du groupe. On retrouve également Blackened, une très bonne surprise tant ce morceau est plein de hargne et de frénésie et représente bien l’esprit de …And Justice For All (1988). Trois morceaux issus de 72 Seasons seront proposés au public dont Lux Æterna, qui avait globalement été reçu positivement lors de la sortie du titre en single, fait également bonne impression en live. Mais on retrouve aussi les défauts du dernier album du groupe avec Sleepwalk My Life Away, un morceau un peu long et qui manque de rythme et de relief. Le groupe se répartira ses morceaux phares sur les deux nuits et cette première nuit sera l’occasion de retrouver Master of Puppets, qui clôture le show et la ballade Nothing Else Matters, repris à l’unisson par le stade tout entier. Le public aura également pu se rendre compte que les premières notes de l’introduction de ce morceau ont été quelque peu ratés par Kirk Hammett. L’occasion de souligner que la prestation des californiens est certes grandiose et impressionnante, mais pas toujours « carré » et fidèle aux compositions originales. 

Si le choix d’une scène centrale est selon moi une bonne idée, on ne peut que constater que le pari de jouer deux nuits au Stade de France s’avère être plutôt perdu. Le troisième anneau des tribunes du stade est fermé et surtout, la fosse parait bien vide à ses extrémités. La faute sans doute à des tarifs trop élevés, la place en pelouse étant aux alentours de 130€. Pour tenter de relancer les ventes, des tickets à des prix étrangement plus bas avaient d’ailleurs vu le jour. Alors que les places en « carré or » dans les tribunes gravitaient initialement autour de 160€, il était possible d’en trouver à 100€ sur les points de vente officiels dans les jours précédents le concert… Un stade comme La Défense Arena aurait peut-être été plus adapté et aurait donné la sensation d’une ambiance plus chaude, chose que l’on a pas forcément retrouvé en ce mercredi soir. 

On ne boude tout de même pas notre plaisir de pouvoir voir l’un des groupes les plus influents et importants du metal sur scène. Malgré plus de 40 ans de carrière, le poids des années ne se fait pas du tout ressentir pour les Four Horsemen, en atteste la voix de James, toujours aussi incisive et percutante ou l’énergie intacte de Lars Ulrich, qui ne manquera pas d’haranguer le public à de nombreuses reprises entre les morceaux du groupe. Alors que certains mastodontes du rock se reposent sur leur glorieux passé et peinent à retrouver leur fougue d’antan, Metallica a continué d’évoluer et reste un groupe toujours vivant et d’actualité, que ce soit par leur prestation scénique toujours convaincante, leur volonté d’offrir un spectacle innovant et inédit à leurs fans mais également par leur discographie qui continue de se garnir d’albums probants.  

En plus d’une accréditation presse, j’ai eu la chance d’avoir remporté le concours Snake Pit pour ce concert, j’ai donc pu assister au show au milieu de cette scène circulaire parmi les fans les plus fervents (et les plus riches) du groupe. Au delà de cette expérience incroyable où l’on voit défiler les membres du groupe à quelques mètres de soi et où l’on peut sentir leur enthousiasme et capté leurs émotions, j’ai trouvé que ce concept était assez riche d’enseignement. Aucune barrière ne nous séparait de la scène et celle-ci était relativement basse, à hauteur du buste, pourtant, aucun des chanceux présents dans le Snake Pit n’en a profité pour agir de manière déplacée. Nous avions reçu plusieurs consignes dont celle de ne pas toucher le groupe et le public s’en est tenu à ces règles tout en profitant de ce moment unique. La preuve que l’on peut parfois proposer des shows intimistes, sans plusieurs mètres de distance entre la scène et le public ou sans une horde de personnels de sécurité. 

Malgré un stade de France peu rempli, Metallica a offert un spectacle innovant et inédit, contentant à la fois les fans les plus fervents des Four Horsemen mais également les simples amateurs du groupe.
 

Metallica Setlist Stade de France, Saint-Denis, France 2023, M72 World Tour

Merci à Live Nation pour l’accréditation presse et merci à Metallica d’avoir tiré au sort mon nom pour le Snake Pit!

MightyMightyMarty
MightyMightyMarty
Mon truc c'est le punk rock et le hardcore. Mais comme il faut s'intéresser à tout (ou presque), vous pouvez me croiser en concert de pop-punk ou de Oi!, m'entendre fredonner du classic rock ou du metalcore, et même me surprendre à écouter du metal!

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