Trois groupes, trois univers, une seule soirée… et un public conquis.
Entre la mélancolie élégante de The Old Dead Tree, la transe émotionnelle de Klone et la déferlante technique de Gorod, Bordeaux a vibré au rythme d’un metal aussi riche que contrasté. Ce genre de concert, on ne l’oublie pas. On en ressort un peu sonné, un peu chamboulé… et avec un énorme smile !
Merci à Base Productions, à tous les groupes présents et bien sûr à la salle et toute l’équipe du Rock School Barbey pour leur accueil et cette soirée aux multiples émotions !
En ce dimanche 13 avril 2025, malgré des prévisions qui annonçaient un ciel couvert et de la pluie, le soleil est bien présent. Nous prenons la route en direction de Bordeaux, vers la célèbre salle de concert Rock School Barbey. Ce soir, Klone est en tournée pour défendre son dernier album, The Unseen. Ils sont accompagnés d’un plateau 100 % français, avec The Old Dead Tree, et, en invités exceptionnels pour cette date (ainsi que celle de Paris le 25/10/2025), les Bordelais de Gorod.
Il est 18h lorsque nous arrivons devant la salle. Peu de monde pour l’instant, mais aucun doute que le public ne tardera pas à affluer. À 18h25, les portes s’ouvrent. Une trentaine de personnes entrent timidement, mais la foule grossit peu à peu pour accueillir le premier groupe de la soirée.
The Old Dead Tree – 19h
Je ne connaissais The Old Dead Tree que de nom. Ce soir, c’est donc une première… et quelle découverte ! Le groupe propose un métal progressif teinté d’influences gothiques, avec des passages sombres qui contrastent à merveille avec des moments plus lumineux. Il y a un équilibre, une identité sonore, quelque part entre rage, mélancolie gothique et beauté sombre. Les ambiances sont soignées, parfois pesantes, parfois aériennes, mais toujours justes. La guitare rythmique, entre force et fragilité, lourde et martiale, envoie les morceaux dans une dimension presque doom, tandis que la guitare lead s’élève avec des solos et des mélodies chargées d’émotion. Elles se complètent, se répondent, formant une constance entre force brute et fragilité. La basse, elle, ne se contente pas de suivre : elle gronde, respire, apportant une profondeur organique à l’ensemble. Elle se détache nettement dans certains morceaux, notamment sur Luke ou Cry as One, où elle occupe presque l’espace rythmique à elle seule. La batterie, précise sans jamais être froide, soutient l’ensemble avec une finesse redoutable. Chaque frappe est pensée, placée, vivante.
Et au centre de tout ça, Manuel Munoz, particulièrement charismatique. Sa voix couvre un large spectre : du grave profond aux aigus, en passant par un growl maîtrisé et des lignes mélodiques poignantes. Il transmet les émotions avec une intensité rare, au point d’en donner des frissons. Il ne surjoue rien, il raconte. Et quand il chante, on ressent.
Le décor est minimaliste mais soigné : des racines entourent les pieds de micro, et plusieurs trépieds ornés d’ampoules au sommet parsèment la scène, créant des ambiances variées au fil des morceaux. Une vraie intention visuelle, à l’image de la musique : sobre, mais pleine de sens. Pour une première partie, TODT a droit à un set de 14 titres. C’est rare, mais mérité; car franchement, personne ne s’en plaindra : The Old Dead Tree est une claque inattendue. À revoir de toute urgence !
LINEUP :
Manuel Munoz – Chant
Gilles Moinet – Basse
Raphaël Antheaume – Batterie
Nicolas Chevrollier – Guitare
Nicolas Cornolo – Guitare
KLONE : 19h20
Une vingtaine de minutes pour le changement de plateau, et la salle qui se retrouve encore plus remplie.
Klone, sur scène, c’est une immersion. Klone dégage une atmosphère hypnotique, presque cinématographique. Les lumières sont souvent tamisées, renforçant l’ambiance introspective et planante de leur musique. Ils nous enveloppent. Le son est massif, mais jamais inaudible. Les guitares créent des nappes épaisses, des effets de delay et de reverb omniprésents. Elles alternent entre des riffs lourds, lents, presque sludge, et des envolées atmosphériques proches du post-rock. Il y a quelque chose d’organique en live, comme une vague qui monte lentement, nous avale, puis nous ramène sur le rivage.
La basse est profonde. Elle ne cherche pas à s’imposer sur tout le reste, mais elle vibre dans la poitrine, elle lie le tout. Elle donne un poids, une sensation de densité. La batterie est technique, tout en maîtrise. Pas de démonstration inutile, mais un sens du placement impeccable. Elle construit les montées en puissance, joue sur la retenue autant que sur l’impact. Chaque frappe est pesée, chaque break attend le bon moment pour surgir.
Et bien entendu, la voix de Yann Ligner. Puissante et toujours émotionnelle, elle plane au-dessus du reste. Un ton clair et cristallin, parfois presque chuchoté, parfois même hurlé, mais toujours avec retenue. Elle est d’une maîtrise parfaite. Elle donne à Klone toute sa puissance, sa fragilité. Il ne cherche pas l’exubérance, mais l’intensité. Son interprétation est toujours impeccable.
Le public, souvent silencieux, est happé, comme hypnotisé. Ce n’est pas un concert où l’on crie ou pogote, c’est une expérience plus mentale que physique. C’est un concert où l’on ferme les yeux, et où on se laisse porter. Tout en introspection et émotions.
[Anecdote : Aldrick Guadagnino guitariste, a rencontré un léger souci technique. En effet, en début de set, la grille de l’enceinte retour lâche sous le poids de son pied, auparavant appuyé dessus… N’arrivant pas à la remettre en place, tout en jouant, il finit par la prendre et la poser en appuie sur le côté du retour. Mais pas de casse, la grille sera remise en place, quelques titres plus tard par une technicienne. Ce retour en a juste tellement vu qu’il commence un peu à fatiguer. Un moment qui nous fera rire et sourire.]
LINEUP :
Yann Ligner – Chant
Guillaume Bernard – Guitare
Aldrick Guadagnino – Guitare
Enzo Alfano – Basse
Morgan Berthet – Batterie
GOROD :
Une quinzaine de minutes seulement pour le changement de scène. La salle est encore plus remplie et on sent que le public est un cran plus chaud. Sans aucun doute, le fait que Gorod joue à domicile n’y est clairement pas pour rien.
Gorod en live… c’est un tout autre animal. Sur scène, Gorod, c’est la virtuosité et l’énergie brute. Le groupe balance un technical death metal ultra précis, ultra rapide, mais avec une aisance presque insolente. On sent dès le début qu’ils maîtrisent chaque note, chaque variation, chaque break, et qu’ils sont là pour jouer, le plus intensément possible.
Les deux guitaristes [À noter que Nicolas Alberny est ici remplacé par Olivier Bousquet de Ad Patres] envoient des riffs complexes, syncopés, parfois djent, pleins de tapping, de sweeps, mais toujours mélodiques. Ils ne se contentent pas d’impressionner : ils jouent des morceaux qui groovent malgré leur technicité. Ils se regardent, se sourient, comme s’ils étaient en train de jammer dans leur garage… sauf qu’ils balancent des trucs à 200 BPM.
La basse ne se contente pas de suivre, elle est souvent indépendante, avec des lignes ultra techniques qui passent parfois presque inaperçues tellement tout est rapide, mais qui ajoutent une grande richesse. En live, le bassiste est une force essentielle, et très souvent, il monte en avant, surtout sur les parties jazzy ou funkysantes, typiques de Gorod.
La batterie, c’est une machine. Blast beats, gros breaks, double pédale chirurgicale… mais malgré tout, même dans la complexité, ça respire, ça groove. Il y a une intelligence rythmique qui ne sonne jamais « robotique ».
Et puis le chant, puissant, screamé, growlé, et toujours à fond dans l’intention. Julien Deyres donne tout, avec une présence scénique digne d’un Hulk prêt à tout péter ! Il n’est pas figé derrière son micro : il vit le truc, harangue le public, il saute, grimace. Il vit chaque moment avec intensité et passion.
L’ambiance ? Elle est électrique. Les musiciens sont décontractés, joueurs, ils rigolent tous entre eux et avec le public, mais ce qu’ils balancent est d’une complexité hallucinante. Pogos, headbangs, ont rythmé le set. On ne va pas se mentir, c’était un joyeux bordel, ce qui a contrasté avec l’ambiance introspective, à fleur de peau et méditative des groupes précédents.
Gorod en live, c’est comme voir des chirurgiens du chaos : précis, rapides; et pourtant, ultra vivants.
LINEUP :
Julien « Nutz » Deyres – Chant
Matthieu Pascal – Guitare
Nicolas Alberny – Guitare (remplacé par Olivier Bousquet – Ad Patres)
Benoît « Barby » Claus – Basse
Karol « K’roll » Diers – Batterie