Le 24 mai dernier, j’ai eu la chance de participer à la deuxième édition de l’Artificial Waves Festival, organisé à Tours. Un événement chaleureux et bouillonnant d’énergie, porté avec passion par une équipe investie — un grand merci à Corentin et Nicolas pour leur confiance et cette belle opportunité. Ce moment m’a également permis de rencontrer le groupe Spleen, que je suivais déjà depuis quelque temps, et d’échanger avec eux autour de leur projet, de leur vision artistique et de la manière dont ils souhaitent le faire évoluer.
Depuis, ils ont enchaîné avec deux dates à Montpellier et Marseille dans le cadre d’une tournée aux côtés de FHORCE et BARREN qui passait aussi par Bordeaux et Toulouse avec FROM DUSK TO DAWN.
Retour sur notre rencontre riche et sincère.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler un peu du projet Spleen ?
Gaëtan : Moi c’est Gaëtan, je suis le chanteur de Spleen.
Vincent : Et moi, Vincent, un des deux guitaristes.
Gaëtan : Spleen a vu le jour en 2023 avec Marvyn, qui est aussi batteur chez Sidilarsen, et Valentin. Marvyn ne pouvant pas être présent, il a été remplacé ce soir par Adonis. On a sorti notre tout premier morceau, *Moonshiner*, la même année.
Le groupe se définit par un mélange entre metalcore, et on va dire que pour la voix, on y retrouve des parties frôlant le deathcore. Il y a une grosse partie hardcore aussi. On a beaucoup d’influences, mais elles sont diverses et variées. Du coup, on a un peu de mal à se définir un style particulier.
Vincent : Il y en a qui parlent de néo-metalcore, mais ce n’est pas forcément le terme qu’on utiliserait.
Gaëtan : Oui, on a une vibe metalcore, mais peut-être un peu plus agressive, tout en allant chercher des émotions assez profondes.
Vincent : On tend vers une direction plus brute, plus crade, aussi bien dans le son que dans l’image. C’est ce qu’on essaie de creuser de plus en plus.
Vous avez cité des groupes comme Alpha Wolf, Emmure ou Ten56. Qu’est-ce qu’ils vous apportent ?
Gaëtan : Ce sont des groupes qu’on admire, autant pour leur construction musicale que pour l’énergie qu’ils dégagent. Que ce soit en studio ou sur scène, c’est puissant, précis, frontal. Et c’est ce qui nous parle le plus. On s’en inspire beaucoup — même si on a aussi plein d’autres influences.
Vincent : C’était vraiment au début du projet qu’on avait beaucoup ces influences. Je suis arrivé bien après, on n’a pas exactement les mêmes influences mais on se complète plutôt bien à la compo. J’ai plus des influences emo en général, mais j’aime aussi tous ces styles extrêmement violents.
*Swanging Teeth*, sorti en 2025, marque un tournant pour vous. Que représente ce single ?
Vincent : Pour moi, c’est un peu une nouvelle page. C’était l’occasion de marquer un tournant sur la musique mais aussi de retravailler notre mise en scène, notre image, et tout ce qui s’ensuit au niveau direction artistique, et essayer d’assumer un peu plus ce côté “brute et crade”, comme je t’en ai parlé au début. Niveau clip, on a voulu travailler avec un ami, Yannis. Ça nous tenait à cœur de travailler avec lui. Il nous fallait vraiment quelqu’un pour apporter un truc en plus au projet. Et niveau clip, je ne voyais pas qui pouvait le faire d’autre que lui dans notre entourage.
Gaëtan : Oui, c’est un virage, peut-être même le début d’autre chose. On commence tout juste à cerner ce qui nous anime vraiment. C’est un peu tôt pour tirer des conclusions, mais ça ouvre des portes.
Vincent : On a visé large. On n’a pas forcément fait un son qui prend parti. On s’est dit : “Bon, on va essayer de retenir une leçon de tout ce qui s’est passé pendant la compo de l’EP et réussir à synthétiser, corriger les erreurs.” On a fait des riffs dont on n’avait pas l’habitude de composer. Pour autant, il n’y a pas une énorme prise de risques, mais on a essayé d’innover. Ça nous fait plaisir de le mettre dans ce son-là. On s’est dit : maintenant qu’on commence à être dans cette démarche, je pense que pour les prochains, on va essayer de partir sur des choses qu’on n’a pas faites forcément pendant l’EP, et qu’on a regrettées par la suite.
Vos textes sont très émotionnels, souvent sombres. Comment se passe l’écriture ?
Gaëtan : J’écris principalement les paroles. Elles sont souvent tirées d’expériences personnelles, mais on discute ensemble ensuite pour que ça résonne avec tout le monde. Et comme on a tous traversé des choses similaires, ça parle généralement au reste du groupe aussi.
Vincent : Je lui fais totalement confiance. Il a une belle plume, alors je ne lis même pas toujours les textes avant. On est un groupe, évidemment on valide ensemble, mais je le laisse totalement libre. Il ne faut surtout pas qu’il s’autocensure. On veut que ce soit exutoire, vrai. Et ça fonctionne. Il y a un seul morceau qu’on a vraiment écrit à deux : *It Can(’t) Be Worse*. C’est le plus mélo, on s’y est mis ensemble un peu à l’arrache, à la dernière minute, juste avant l’upload de l’EP. Mais ça reste un super souvenir. C’était très spontané, et ça nous a plu.
Vous venez de rejoindre le roster de Rage Tour. Qu’est-ce que cette signature représente pour vous ?
Gaëtan : C’est un peu étrange, car tout ça est encore très frais. C’est une fierté, bien sûr. De l’extérieur, ça peut sembler énorme, mais on reste nous-mêmes, un groupe qui fait son petit bout de chemin. On est contents, on voit ça comme un bel accomplissement, même si on ne sait pas encore ce que ça va débloquer.
Vincent : Oui, ça donne un peu de crédit au projet. On n’a pas toujours le réflexe de se sentir légitimes. Alors quand une structure comme Rage Tour nous tend la main, ça fait plaisir. On était super contents de la nouvelle.
Vous restez quand même pour l’instant dans la catégorie de groupes émergents, où vous êtes en pleine ascension — et c’est chouette à voir !
Gaëtan : Complètement. On verra bien où ça nous mène, mais on est déjà très heureux d’être là. Et puis, la scène émergente, elle est pleine de vie, on s’y sent bien. Et avec l’affiche de ce soir, on est carrément fiers !
Justement, vous êtes à l’Artificial Waves Festival, pour une deuxième édition sold out. Comment vous vous sentez ?
Gaëtan : Franchement, c’est un vrai plaisir ! Bon, à part les 6h de route et le peu de sommeil, ahah !
Vincent : On s’est levés tôt, mais on est super contents. On retrouve des potes sur la date, c’est toujours un bonheur. Et que ce soit sold out, pour une deuxième édition, c’est vraiment impressionnant.
Gaëtan : L’affiche est dingue, l’orga est top, tout le monde est adorable. On sent que ça va être une belle soirée.
Et pour la suite, vous avez des choses en préparation ?
Vincent : On est encore au début de l’aventure avec Rage Tour, donc on ne sait pas trop ce que ça va impliquer. L’EP a maintenant un an, donc on reprend doucement la compo, un peu comme ce qu’on a fait avec *Swanging Teeth*. Mais c’est vrai qu’en plein été, on n’est pas hyper inspirés pour écrire des trucs mélo-drama, ahah.
Gaëtan : Ouais, disons que le mood de l’été, il est plutôt d’avoir un autre groupe de pop punk et d’aller au soleil, à la plage, faire du rock à côté des piscines, par exemple.
Vincent : Donc on va attendre l’automne, que les feuilles tombent, que le froid revienne, et qu’on déprime un bon coup pour se remettre à bosser !
Gaëtan : On avait essayé l’été dernier, avec l’ordi à côté, et finalement on se disait : “Bah non, c’est pas ouf, parce qu’on n’est pas dans le thème.”
Vincent : On a une piste qui serait de sortir quelque chose en octobre, et qui serait potentiellement la suite de ce qu’on a sorti là.
Merci à vous deux pour votre temps !