Icon For Hire – Amorphous

 

Icon for Hire est un groupe américain actif depuis 2007. Composé du couple Ariel Bloomer au chant et Shawn Jump à la guitare, leur style varie du rock alternatif à l’électronique. Après une tournée européenne début 2020, le groupe se concentre sur leur prochain album, Amorphous. Ayant quitté leur label en 2015 et agissant depuis comme un groupe indépendant, le financement de l’album se fait intégralement par leurs fans via la plateforme Kickstarter. La campagne est un succès, réunissant plus de 200 000 $ et le groupe nous délivre aujourd’hui 14 nouveaux morceaux. Comme leurs précédentes productions, les musiques vont majoritairement tourner autour du thème de l’acceptation de soi, de se battre contre la dépression, de la force intérieure ou encore du fait de sortir des normes et de tracer son propre chemin.

 

 

Prelude Brittle est une courte introduction de 44 secondes qui laisse entendre le battement d’un cœur sur fond d’instruments à cordes et voix en écho. Vers la fin une petite rythmique et de l’électro s’installent qui nous emmène au morceau Brittle, qui reprend ces éléments en y ajoutant piano. Les couplets sont un beat électro et les refrains mélangent les guitares et les effets électroniques. Bien entrainante, la musique donne envie de danser, mais son message est également important : peu importe la maladie dont l’on peut souffrir ou même qui nous sommes, on ne doit pas laisser ça nous définir et trouver le courage d’avancer. Les refrains sont composés de l’avis des gens « they call me damage, they call me difficult » et de la réponse adaptée « I’m not brittle or maybe just a little ». L’interlude est plutôt composé de conseils et de réalisations sur sur-même « I tell myself : keep breathing, don’t loose focus, I’m alive and I’m not a diagnosis ». La fin reprend le début de cette phrase d’une manière très douce avec seulement du piano.

 

Curse or Cure était un des singles déjà sorti, accompagné d’un clip vidéo. Démarrant par une alarme, il attaque direct avec la guitare lourde et la voix agressive accusant ses propres émotions d’être son ennemi. C’est un morceau très dynamique qui n’hésite pas à utiliser différentes couches de voix pour amplifier les sons. Le rythme rapide est entraînant et les touches électro sont toujours présentes, mais un peu en retrait par rapport à la guitare et batterie cette fois, sauf sur l’interlude. La chanson traite de comment nos pensées peuvent parfois être parasites lorsque l’on subit la dépression. Commençant par décrire ce qu’il se passe dans sa tête lors des couplets « Be dead by now if I’d have done what they were telling me», Ariel parle ensuite de la façon dont les gens la voient à cause de ça dans les pré-refrains « you say I’m a hopeless case » avant d’enchainer sur le refrain qui décrit les peurs et les doutes auxquels elle fait face en affrontant cette maladie « I’m afraid I can’t trust myself », ce qui nous mène à la signification du titre : en psychologie, le cerveau peut être malade mais c’est également à lui de réussir à guérir, d’où la fin du refrain « How can I separate me from the remedy? Am I the curse or the cure? ».

 

 
On enchaine ensuite sur Enemies. Personnellement, j’ai beaucoup aimé ce morceau qui me donne des vibes des musiques d’Halloween à la « This is Halloween ». Les effets rythmiques du début et les chuchotements donnent un aspect inquiétant. Les couplets sont assez calmes avec principalement un beat électronique et une guitare saturée en arrière-plan avec Ariel rappant par-dessus. Les refrains quant à eux sont très saccadés, aussi bien dans les instruments que dans le chant, ce qui donne cet effet assez amusant et inquiétant en même temps. On a même une voix qui crie et parle en arrière-plan à la fin du morceau, accompagnée d’une guitare stridente. Les ennemis visés dans cette chanson sont les propres sentiments d’Ariel, qui sont personnifiés : l’Anxiété, la Panique, la Dépression, l’Addiction, les Parasites. Elle les voit autant comme des ennemis que des amis, car elle traîne toujours ça avec elle et n’arrive pas à vivre sans, à « guérir » en quelques sortes : « I don’t have the heart to end it, guess we’re kind of codependent ».

 

Panic Attacks fait probablement partie de mes chansons préférées sur cet album, en tout cas c’est celle qui m’a le plus marquée. Avec un beat très calme, mais qui nous fait ressentir une certaine tension, on a Ariel qui nous parle d’une voix très émouvante et qui relâche toutes ses insécurités. Seuls quelques effets électroniques assez doux l’accompagnent, avant de s’intensifier un peu sur un rythme qui s’accélère et une voix qui continue en rappant plus qu’en ne parlant. Les refrains sont assez doux et la voix n’est pas forcément mise en avant ce qui donne un effet très planant. L’interlude est un mélange de violons et de piano avec des paroles chantées très doucement, mais avec quelques cri répétés en fond comme une obsession. Différentes couches de voix s’ajoutent pour donner un effet plus percutant. Après le refrain, tout retombe et on retrouve la même ambiance qu’au tout début du morceau, pour terminer sur les cris d’arrière-plan qui répètent comme précédemment « I’m sorry » plusieurs fois. Ce morceau évoque les crises de paniques comme vécues de l’intérieur et d’une façon personnifiée, avec toutes ces émotions incontrôlées et le fait de s’en vouloir de faire indirectement subir ça aux autres. Les paroles sont toutes en continuité, même les refrains évoluent pour ne pas toujours répéter les mêmes choses, avec une partie qui se rajoute de l’un à l’autre. On retrouve le caractère incontrôlé des crises, avec le fait de se retenir jusqu’à n’en plus pouvoir « That’s what I’ve been trying to keep from happening. So I keep you happy, ’til someday suddenly, sadly you’re snapping » et également le fait que même si parfois on dirait qu’il ne se passe rien, la moindre contrariété peut la déclencher tellement on est à bout « Oh and just the tiniest crack can break you into pieces just like that. There’s no holding it back ’cause beggars can’t choose when the panic attacks ». La chanson est également ponctuée de beaucoup d’excuses, parfois injustifiées, juste à cause du fait de s’en vouloir de ressentir ce genre de choses et de s’en sentir responsable. On remarque dans l’ensemble une discussion entre d’une part l’anxiété qui ne fait que s’excuser (personnifiant sûrement l’enfant intérieur psychologique d’Ariel) et la voix d’une adulte qui essaie d’ignorer cette part d’elle et de la gérer. Il n’y a que sur le bridge que ces deux voies se rejoignent.

 

 

Seeds est un morceau qui était également sorti avec un clip vidéo avant l’album. D’un caractère beaucoup plus électro dansant, il attaque directement par une partie du refrain dynamique avant que tout ne retombe sur le piano et la voix calme des couplets. Mais rapidement la chanson va se réaccélérer sur un build up pour reprendre ce refrain énergétique. Après avoir une nouvelle fois répété ce schéma, un interlude est proposé avec un chant plutôt calme, mais un rythme toujours dynamique pour l’accompagner, avant de reprendre une dernière fois le refrain. La majorité des paroles reposent sur la métaphore du titre, « Seeds », les graines, et évoquent le fait que plus les autre vont chercher à nous rabaisser, à nous « enterrer », plus ça nous encouragera à pousser et nous épanouir à leurs dépens.

 

Un petit interlude d’environ une minute suit ce morceau et est intitulé Thirteen. Il n’est pas enregistré en qualité studio et donne l’impression d’un moment intime juste avec Ariel et son piano, comme une volonté de se rapprocher des fans. Il s’agit plus d’un moment où Ariel va poser certaines de ses émotions et insécurités sur son piano, évoquant le malaise qu’elle ressent depuis qu’elle a 13 ans et le fait qu’elle doit tout de même continuer à avancer malgré les bas de sa vie. Cet interlude s’efface progressivement pour donner de la place à Background Sad, une autre chanson assez puissante que j’ai ajouté à ma liste des morceaux préférés. Elle se déroule d’une façon assez calme et planante, avec plusieurs couches de voix chantées sur différents octaves qui donnent plus d’impact. Elle est très mélancolique et touchante et préfère garder ce ton tout au long du morceau plutôt que de décoller vers quelque chose de plus rythmé. Au niveau des paroles, on se retrouve dans un moment plein de doutes où il devient trop dur de se battre. Les mensonges classiques de ce genre de période sont évoqués « I tell everyone I got better but what if I’m not? » et le groupe arrive très bien à mettre des mots sur l’apathie et l’attente dans laquelle on se complait dans ce genre de moments, notamment avec cette métaphore : « Waiting for the storm clouds to clear in my head ».

 

 

Last One Standing est une chanson très efficace qui rejoint aussi mon top de cet album. Les lentes et lourdes touches électro du début nous projettent dans un sentiment d’alerte comme si quelque chose d’important allait se produire. C’est clairement une chanson qui annonce une bataille contre les gens qui n’aiment pas les gens atteins de maladies. Les couplets ont un rythme très marqué et saccadé qui évoque des coups donnés aux adversaires et les paroles accusent directement les autres d’un ton menaçant « I don’t fit quite like they like it and now they’ve come for me. They always wanna change me, they wanna make me weak ». Les pré-refrains changent de rythme et se font plus assurés pour décrire la victoire qui s’annonce « I’ll turn to face you then I’ll erase you » avant le refrain n’explose, amenant des guitares et la batterie dans une ambiance beaucoup plus rock et festive qui célèbre la victoire « I will be the last one standing ». Ces refrains sont suivis d’une petite partie musicale mettant en avant des éléments électroniques qui vont donner envie de danser. L’interlude reprend le début du premier couplet d’une façon plus calme, mais en insistant beaucoup plus sur les voix, qui seront davantage présentes dans le dernier refrain, sur plusieurs couches et également plus poussées sur certaines notes.

 

Le morceau suivant est Waste My Hate, qui était le dernier single sorti juste avant l’album. C’est un morceau assez amusant à écouter. De la même façon que le précédent morceau, il amorce une bataille, mais plutôt avec dédain. Le message est clair ; ce n’est pas la peine de gaspiller son temps et de donner de l’attention aux personnes qui ne cherchent qu’à nous nuire, il faut garder son énergie pour soi. Subtil mélange de rock et d’électro, cet hymne à la puissance cherche à nous faire danser et à nous ramener vers des émotions plus positives. Les attaques dans la voix d’Ariel sur les sons saturés sont plutôt satisfaisants et la musique du refrain très rock fait plaisir. Ce morceau est suivi par un nouvel interlude d’une minute intitulé Impossibles & Obstacles. Il s’agit d’un beat très hip hop avec la voix d’Ariel qui rappe par-dessus assez rapidement, offrant à cette occasion un concentré d’informations en peu de temps. Il s’agit simplement d’une mise au point sur les sentiments d’Ariel en ce moment, sa façon d’être ou d’écrire. Il y a des références à d’anciennes chansons qui sont très plaisantes à remarquer comme « Now they’re looking at me like, « Tell me who I’m Supposed To Be » » ou encore « I’m in the same place as when I wrote Get Well » avant de faire un clin d’œil à leur fanbase pour signifier que nous sommes tous libres « Icon Army on the loose ». La fin est assez amusante par ailleurs car le groupe a laissé la voix d’Ariel qui parle et rigole, comme pour se rapprocher de cette fanbase.

 

 

On se retrouve ensuite avec Sticks and Stones. Ce n’est pas la chanson qui m’a le plus marquée, mais elle est assez sympa et met davantage d’accents sur les élément électroniques utilisés et quelques expérimentations sur les samples. Avec le thème des paroles et la façon de composer je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la façon dont Bring Me The Horizon avait écrit Throne, ce qui est un assez bon point pour moi. Il s’agit d’une réponse à ceux qui n’aiment pas le groupe et se permettent de donner leurs avis négatifs, en plaçant le groupe un piédestal en utilisant tout du long un champ lexical de royauté avec des termes tels que couronne, royaume, château, trône ou encore reine. Très dynamique dans sa musique, le groupe sait communiquer ce sentiment de pouvoir. L’interlude est plutôt cool avec un solo de guitare électrique qui s’invite et restera en fond par la suite jusqu’à la fin du morceau. Les voix sont d’ailleurs ponctuées assez régulièrement de rires d’Ariel en arrière-plan pour montrer qu’elle se joue de la situation.

 

L’avant-dernier morceau est Warrior. Commençant tout doucement, il a un ton presque rassurant dans la voix. Le beat arrive un peu plus tard pour ponctuer davantage les paroles qui sont mises en avant sur d’excellentes notes poussées par Ariel. La mélodie est bien pensée en alternant le chant long et les voix parlées ou rappées, la musique s’accordant derrière en fonction de ces choix. Les refrains explosent sans pour autant trop contraster avec les couplets. On a vraiment une atmosphère de calme après la bataille et du sentiment de victoire. Ici le protagoniste est présenté comme un guerrier, car il a affronté les épreuves de la vie, et même si parfois il est tombé, il a réussi à se relever et à atteindre ses objectifs tout en devenant plus fort. La chanson se finit néanmoins un peu brusquement, ce qui peut paraître déroutant.

 

 

L’album se conclut avec Only Be A Story. Concentrée sur un piano et sur des voix mélancoliques qui fredonnent lentement en arrière-plan, cette chanson est une réflexion sur la vie en général. Les refrains font intervenir un peu plus de puissance avec l’apparition d’un rythme plus marqué à la batterie et d’une guitare. Plutôt calme et triste, elle évoque le fait qu’après la mort tout ce qu’on a été, ce qu’on a vécu ou ressenti – quasiment tout – s’oubliera ou ne deviendra qu’une histoire anecdotique. Les chansons sont alors le message à laisser au monde, car cette expression artistique perdurera : « And I won’t die with all my songs inside, I won’t lay me down like that. And I will try to bring my voice to life, so you can tell the truth when I’m gone ». C’est une manière assez sympa de finir l’album, en ramenant les choses sur un sujet universel dans un ton beaucoup plus calme que les chansons précédentes.

 

De manière générale, cet album est un concentré de tout ce qui représente Icon For Hire, servi de la meilleure manière possible. Il satisfera tous les fans du groupe, ainsi que tous ceux qui seraient en quête d’un album qui mélange efficacement les genres. Le groupe étant aussi connu pour ses reprises acoustiques, quelques-unes sont déjà disponibles sur internet, notamment leur profil YouTube. Plus qu’à attendre le retour des concerts pour apprécier ces morceaux en live !

 

Tracklist :

1. Prelude Brittle
2. Brittle
3. Curse or Cure
4. Enemies
5. Panic Attacks
6. Seeds
7. Interlude – Thirteen
8. Background Sad
9. Last One Standing
10. Waste My Hate
11. Interlude – Impossibles & Obstacles
12. Sticks And Stones
13. Warrior
14. Only Be A Story

 

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