L’édition 2025 de l’Xtreme Fest aura été un savant mélange de sueur, de communion, de contraste. Trois jours où la passion extrême (hardcore, punk, metal) s’est incarnée dans son côté généreux, parfois inattendu. Pollux Asso avait mis les bouchées doubles : site bien pensé, valeurs affirmées (convivialité, inclusion, solidarité), sécurité, camping, restauration, prévention… Tout cela s’est ressenti, parfois dans les détails, parfois dans les éclats de foule.
Jour 1 — Jeudi 31 juillet
Le coup d’envoi de l’Xtreme Fest s’est fait sous une chaleur écrasante, typique du mois d’août à Cap Découverte. Dès le matin, les premiers festivaliers ont afflué vers le site, bras chargés de tentes et de glacières, pressés de trouver leur coin de camping. Devant les guichets, les files s’allongent, mais l’ambiance est déjà bon enfant : on patiente en riant, on échange des bières tièdes, on scrute les banderoles noires et rouges qui flottent au vent. De l’autre côté, les bénévoles s’affairent sans relâche — orientation, contrôles, bracelets, informations — avec une énergie communicative. Dans cette effervescence, on sent l’euphorie du “premier jour” : la promesse de trois jours intenses commence à prendre corps, et déjà, la chaleur ne pèse plus tant que ça. Arrivée sur le tard, ma journée a débuté avec le 3ème groupe de la journée.
Sex Shop Mushrooms a lancé ma journée avec un punk’n’roll qui n’a pas cherché la complication, mais qui a immédiatement réveillé la foule. Beaucoup de sourires, des bras levés et cette impression agréable qu’on entrait dans le festival par la bonne porte : celle du lâcher-prise et de la bonne humeur.
Aurore, Le groupe marseillais a été présenté comme une des révélations du festival, et ils ont tenu la promesse. Dès les premières notes, la fosse s’est enflammée, surprise par la maîtrise et l’intensité du set. Beaucoup parlent d’une véritable claque, “ils ont tout retourné”, lançant pour de bon les hostilités de ce jeudi.
Bane — Le groupe filait une réputation d’acteur majeur du hardcore, et son passage à l’Xtreme Fest était très attendu. Dès leur entrée sur scène, l’ambiance devient plus dense, comme si chacun retenait son souffle avant de se lâcher. Le public, connaisseur, réagit dès les premières notes ; les morceaux plus intenses font vibrer la fosse, ceux plus lents permettent de reprendre son souffle tout en gardant l’émotion présente. Aucun compte-rendu officiel n’indique de moment bizarre ou de défaut majeur — ce qui, pour ce type de set, est déjà un bon signe. Pour beaucoup, Bane a offert un moment fidèle à sa légende : sincère, puissant dans la justesse, respecté du public.
Ørdem — Le groupe toulousain a frappé fort dès son arrivée. Malgré la chaleur, la fosse s’est laissée emporter par leurs riffs et leurs breaks taillés pour le live. Leur set a vite pris des allures de décharge collective, avec un public réceptif et impliqué. C’était l’un des moments où l’on a vraiment senti que le jeudi basculait dans le vif du festival.
Avec Alma, le décor a changé. Certains ont regretté de ne pas voir correctement la cage scénique, ce qui a limité l’expérience visuelle. Mais autour de la scène, l’ambiance était forte et les morceaux passaient avec intensité. La voix portait loin, les riffs prenaient de l’espace, et même si une partie du public avait une vue réduite, la musique réussissait à s’imposer sans difficulté.
Raised Fist a ensuite fait monter la tension d’un cran. Les riffs précis et le chant direct ont trouvé leur écho dans une fosse déjà échauffée, où les premiers circle pits sérieux ont pris forme. On sentait que ce moment allait compter dans le récit du festival, tant le groupe a réussi à capter l’attention et à la maintenir jusqu’au bout.
Le set de Madam a été un autre point marquant de la soirée. Trois musiciennes, une présence imposante, un rock rugueux et sans compromis. Le concert a été interrompu quelques minutes, probablement pour un souci de sécurité dans la fosse, mais cette coupure n’a rien enlevé à l’intensité. Au contraire, la reprise a semblé encore plus habitée. Ceux qui ont assisté au concert parlent d’une prestation forte, sincère et marquante.
Hatebreed a réuni tout ce que l’on attend d’une tête d’affiche de ce calibre. Même sans rester jusqu’au bout, difficile de ne pas être happé par la puissance collective qui se dégageait. Les refrains repris par toute la fosse, les pogos continus, la clarté du son : tout concourait à ce que l’instant soit mémorable. Pour beaucoup, c’était la confirmation que l’Xtreme Fest 2025 avait trouvé son rythme dès la première journée.
Enfin, Siberian Meat Grinder a terminé le programme avec un set aussi percutant qu’efficace. Le mélange thrash et hardcore a déclenché des réactions immédiates. Les mouvements dans le public répondaient aux cassures des morceaux, et la fosse s’est laissée aller une dernière fois avant la nuit. Un final intense, qui a laissé le sentiment que personne n’avait économisé ses forces.
Jour 2 — vendredi 1ᵉʳ août
Pour ce deuxième jour, le public est déjà bien installé et les habitudes se prennent. L’entrée sur le site s’est faite sans difficulté, juste quelques minutes d’attente, rien de contraignant. La météo clémente a même permis à beaucoup de profiter du lac pour une baignade avant le début des concerts, histoire de se rafraîchir et de relâcher la fatigue de la veille. Une fois les scènes ouvertes, on sent que l’Xtreme Fest entre dans son rythme de croisière, avec plus de monde devant les barrières, des retrouvailles, et cette atmosphère propre aux vendredis où l’on bascule vraiment dans le cœur du festival.
SUN a ensuite pris le contre-pied total. Leur doom pop a enveloppé le site d’une bulle suspendue, loin du tumulte habituel. Pour beaucoup, ce contraste tombait à point nommé : une respiration bienvenue, presque hypnotique pour certains, pour d’autres l’impression d’être à la fête foraine, mais qui donnait le temps de souffler avant la suite.
Avec King Kong Meuf, le ton s’est durci. Leur punk garage mordant n’a laissé personne indifférente. Certains ont adoré, d’autres comme moi, ont détesté. plusieurs retours évoquent que ce n’était “pas leur came”, surtout sur le plan des textes et de la mise en scène. Mais qu’on aime ou pas, leur passage a marqué par son intensité et son attitude frondeuse.
Puis est arrivé Crystal Lake, et là, plus question de demi-mesure. Leur show a été décrit comme une véritable claque, autant visuelle que sonore. Tout était carré, millimétré, mais sans froideur : les musiciens vivaient leur set et le public le ressentait. Pour beaucoup, ce fut un des meilleurs concerts du festival, un moment où la foule s’est transformée en bloc compact et vibrant.
Locomuerte a pris le relais dans une ambiance de fête explosive. Hardcore mâtiné d’influences latino, refrains fédérateurs scandés par le public, circle pits festifs… Tout sonnait comme un carnaval survolté. Leur énergie communicative a transformé le set en grande communion.
Avec Soul Splitter, retour à quelque chose de plus rugueux. Les riffs secs claquaient sans détour, la fosse répondait frontalement, et même si c’était sans concessions, l’impact était là. La cage était en feu. Un set court mais intense, parfait pour maintenir l’intensité de l’après-midi.
Puis The Exploited a déboulé, et comme toujours, le chaos punk n’a pas mis de temps à s’installer. Les riffs râpeux, l’attitude sans filtre, les slogans scandés : tout ce qu’on attendait d’eux était là. Le public mélangeait punks aguerris et curieux venus pour l’histoire, et tous ont fini par se laisser embarquer dans cette rébellion sonore.
Grove Street a confirmé que le vendredi avait atteint sa vitesse de croisière. Pour beaucoup, ce fut une énorme découverte : un son massif, une prestance impeccable, et une ambiance “de zinzin” dans le pit. Le groupe n’a rien laissé retomber, et la fosse a répondu en continu, comme un brasier qui se rallume à chaque break. Un petit coup de coeur inattendu pour beaucoup de festivaliers.
Le soir venu, Madball a pris possession de la scène. Dès leur arrivée, on sentait que quelque chose se passait. Le public, nombreux, a trouvé dans ce set la confirmation de ce que représente le hardcore new-yorkais : puissance, authenticité et communion. Même ceux qui n’ont pas pu rester jusqu’au bout en sont sortis avec le sourire.
Jour 3 — Samedi 2 août
Troisième jour et déjà une fatigue bien présente, mais vite balayée par cette “saturation joyeuse” qui pousse à tout donner avant la fin. Les habitués avaient tracé leur parcours, d’autres se laissaient porter par l’énergie du moment, et tous partageaient cette envie de savourer les têtes d’affiche. L’organisation, désormais bien rodée, rendait la circulation fluide, le camping restait propre et accueillant, et les bénévoles toujours attentifs. Quelques petits couacs de son sans conséquence venaient rappeler qu’on était en live, mais l’ensemble sonnait juste. Entre files de restauration plus chargées et instants de repos au bord du lac, le site offrait encore des respirations avant les dernières claques scéniques.
Fhorce a ouvert le bal du samedi avec une sincérité désarmante. Le début de set s’est joué devant un public clairsemé, mais il a suffi de trois morceaux pour que la fosse se remplisse. Peu à peu, les gens ont convergé, attirés par la solidité des riffs et la générosité des musiciens. C’était un moment chaleureux, où l’on sentait toute l’affection du public pour un groupe local qui, encore une fois, a prouvé qu’il avait largement sa place sur l’affiche.
Avec Wake The Dead, le hardcore mélodique a pris le relais, et l’effet a été immédiat. Les voix claires et les contrastes tranchés entre passages calmes et explosions rythmiques donnaient un souffle héroïque à la soirée. Ce set a servi de pont, rassemblant un public déjà bien entamé par deux jours intenses. Beaucoup ont parlé d’un moment rassembleur, qui a réveillé les émotions tout en rechargeant les batteries.
Poésie Zéro a ensuite débarqué avec son punk minimaliste et mordant. Textes acides, attitude sans détour, pas d’artifices ni de pyrotechnie : juste la force brute des mots et des accords. Dans le public, certains ont décrit le concert comme un électrochoc, d’autres comme un rappel à l’essentiel. Loin du spectaculaire, mais avec une authenticité qui a marqué.
Puis est venu Spleen, un remplacement qui s’est transformé en révélation. Leur concert a été décrit par beaucoup comme “incroyable”. Dès les premières notes, l’ambiance a changé : plus sombre, plus dense, mais aussi captivante. Leur mélange de rock sombre, de shoegaze et d’électro a enveloppé la fosse, qui s’est laissée happer sans résistance. On parlait encore de ce set bien après sa fin, tant il avait réussi à créer une bulle unique au milieu du tumulte du samedi.
Après cette parenthèse hypnotique, Novelists a apporté une autre forme de contraste. Avec leurs sonorités modernes, leurs refrains limpides et la voix de Camille toujours aussi mise en avant, ils ont trouvé une belle résonance auprès du public. Même si ce n’est pas ma came, il faut reconnaître que ce sont tous de musiciens incroyablement talentueux. Quelques petits couacs de son n’ont pas suffi à ternir un concert largement salué, notamment pour la virtuosité des guitaristes. Ce fut un moment suspendu, lumineux, avant de replonger dans des atmosphères plus lourdes.
Point Mort a pris la suite et a plongé le festival dans une noirceur palpable. Leur univers sombre et introspectif a surpris certains mais captivé beaucoup d’autres. Les morceaux construisaient une tension lente, presque suffocante, qui contrastait fortement avec l’élan aérien laissé par Novelists. Pour beaucoup, c’était un des sets les plus marquants du week-end, par sa capacité à imposer une ambiance radicalement différente, presque cinématographique.
Get Real a ensuite remis les choses au clair avec un hardcore rugueux, sans détour. La fosse, bien réveillée, s’est remise à tourner, les pogos ont repris et la fatigue semblait disparaître sous l’effet de cette dernière décharge. C’était direct, percutant, comme un dernier round où chacun voulait donner tout ce qu’il lui restait.
Avec Cro-Mags, c’est un pan d’histoire du hardcore new-yorkais qui s’est imposé sur scène. Leur présence dégageait un respect presque religieux : riffs cultes, attitude intacte, refrains repris par des dizaines de poings levés. Le public, mélange de vétérans et de curieux, a vibré à l’unisson. C’était un moment de transmission, une célébration de ce que représente ce style depuis ses débuts.
Puis Napalm Death a frappé comme attendu. Les pionniers du grindcore ont livré un set d’une intensité rare. Barney, toujours aussi engagé, a alterné ses discours militants avec des morceaux expédiés comme des coups de poing. Pour beaucoup, ce fut le concert le plus violent du week-end, mais aussi l’un des plus attendus. Un déferlement sonore qui a laissé tout le monde lessivé mais galvanisé.
Difficile de trouver les mots justes pour conclure une édition comme celle-ci tant elle a été riche. Ce samedi a porté haut l’esprit de l’Xtreme Fest : une fatigue joyeuse, un public soudé, et une série de concerts qui resteront longtemps dans les mémoires. Des moments suspendus, d’autres brutaux, certains lumineux, d’autres terriblement sombres, mais toujours cette sincérité qui fait battre le cœur de ce festival.
Un immense merci à Pollux Asso pour l’organisation impeccable de cet événement, toujours aussi bien rodé. Merci aux bénévoles et à la sécurité, pour leur présence constante et leur bienveillance, aux techniciens qui ont offert un son et des lumières de grande qualité, aux restaurateurs et exposants qui ont nourri et animé le site, et bien sûr à toutes les personnes présentes que j’oublie, sans qui l’Xtreme Fest n’aurait pas la même saveur. Une mention spéciale au service communication de l’association qui permet aux médias comme nous de vivre et de retransmettre ces instants avec authenticité. Et enfin, un merci personnel à Selena, une véritable paire d’yeux et d’oreilles qui m’a aidée à capter et retranscrire ce que je n’aurais pas pu voir seule.
Au terme de ces trois jours, l’édition 2025 de l’Xtreme Fest laisse derrière elle une trace indélébile : un mélange de sueur, de communion et de contrastes. Trois jours où le hardcore, le punk et le metal se sont exprimés dans toute leur générosité, parfois inattendue, mais toujours juste. Pollux Asso a une nouvelle fois prouvé qu’au-delà des têtes d’affiche, ce festival repose sur des valeurs fortes : convivialité, inclusion, solidarité. Cela s’est ressenti partout, dans les détails comme dans les moments de foule. De la chaleur du premier jour aux dernières notes du samedi soir, l’Xtreme Fest a offert plus qu’un enchaînement de concerts : une expérience partagée, à la fois intime et collective, qui donne déjà envie d’y retourner.