En cette fin de moi de mai qui fut très chargée en concert, un des évènements musicaux de l’année se trouvait du côté de Lille avec la venue de Bruce Springsteen, pour deux concerts exceptionnels au Stade Pierre Mauroy. Du haut de ses 75 ans, le Boss était de retour en France après avoir du annuler sa venue à Marseille à la dernière minute l’année dernière, faute à une extinction de voix. Accompagné de son incontournable E Street Band, l’américain se produisait deux soirs de suite dans la capitale des Flandres et nous avons pu être présent lors de la deuxième date, le mardi 27 mai.
Habitué à proposer des concerts à rallonge, les concerts de Bruce Springsteen sont rarement précédés par une première partie et ce soir ne fait pas exception à la règle. Le concert débute à 19h30 et le public semble moins nombreux que lors du premier soir, à en juger par les photos que j’ai pu voir de cette soirée. Un bon nombre de sièges, notamment en niveau 2, restent libres et la fosse est assez clairsemée également. Le Boss débarque sur scène et présente la tournée en fustigeant le gouvernement américain, tout en portant un message d’espoir, d’où le titre de la tournée « The Land of Hopes and Dreams Tour ». Je suis assez étonné de voir que ce discours préambulaire de Bruce est traduit sur les écrans, ce qui signifie que ce dernier était en fait préparé à l’avance. Ce sera d’ailleurs le cas pour d’autres prises de parole tout au long du concert. Préparer son discours à l’avance et le réciter à chaque concert fait un peu perdre de sincérité et de spontanéité à celui-ci et c’est dommageable. Le premier morceau, le très beau Land of Hopes and Dreams dont est tiré le nom de la tournée, se voit également être accompagné d’une traduction sur les écrans et je commence à m’inquiéter à l’idée que l’intégralité des morceaux soient traduits en français sur les écrans pendant leur performance. Heureusement ce ne fut pas le cas mais je maintiens que traduire en français les paroles d’un morceau en anglais est une mauvaise idée.
La suite du concert se passe de manière plus « traditionnelle » et Bruce et le E Street Band enchaine, de manière d’ailleurs assez impressionnante, les morceaux du répertoire de l’originaire du New Jersey. Bien que ce soit une thématique récurrente dans les morceaux de Bruce, on retrouve beaucoup la thématique des lieux et des villes dans la setlist du soir. Le simple nom des morceaux permettent d’en attester : My Hometown, Badlands, My City of Ruins… On sent que le chanteur souhaite nous dépeindre son pays comme il l’a vécu, en présentant toutes ses facettes : ses souvenirs d’enfance, ses désillusions, la transformation de ces lieux… Il veut surtout confronter sa vision de l’Amérique, tel qu’il la chante depuis 50 ans, à celle de Trump et ses alliés. Son opposition au président américain, sans en faire trop, reste présente tout au long du concert mais Bruce étend cette opposition à une défense de la démocratie et à la lutte contre l’autoritarisme qui dépasse donc simplement la seule préoccupation américaine.
Musicalement, les musiciens sont au diapason et la voix de Bruce est également au rendez-vous. L’ensemble du E Street Band est mis en avant tour à tour, ce qui nous gratifie de moments musicaux assez grandiose, comme entre autres le solo de guitare de Steven Van Zandt sur Youngstown. Le son n’est certes pas optimal dans le stade, mais le rendu reste tout à fait convenable. Le public n’est lui par contre pas vraiment au rendez-vous et seul les premiers rangs de la fosse or semble être à 100% dans le concert du début à la fin. Pourtant, on assiste bien à un grand évènement musical : Springsteen demeure une légende vivante et a exercé une influence majeure sur la musique moderne depuis les années 70. Et malgré les années, on ne peut pas du tout dire que le Boss nous offre un show au rabais ou dans la nostalgie : sa musique reste d’actualité, n’a pas du tout mal vieilli et reste interprétée avec la fougue et l’énergie qui rend honneur à l’ensemble de l’œuvre du septuagénaire.
Après 2h de show, il fallait garder encore un peu d’énergie pour un rappel qui ressemblait à un best of de Bruce avec notamment le duo Born in the U.S.A suivi de Born To Run, ou encore Tenth Avenue Freeze-Out, l’un des nombreux morceaux de légende que compose l’album culte de Springsteen Born To Run (1975). Le hic de ce rappel est que l’ensemble des morceaux qui le composent (6 tout de même) sont interprétés avec les lumières du stade allumées. Choix très surprenant d’autant plus quand est interprété un morceau nommé Dancing in the Dark… La soirée se termine finalement après 2h30 de show, une vraie performance pour des musiciens qui sont, pour la plupart, âgés.
Malgré des choix de mise en scène étrange (traductions des morceaux, discours préparés, lumières allumées pendant le rappel), le Boss, accompagné des virtuoses du E Street Band nous ont proposé un show inoubliable qui a largement du ravir tous les amateurs de musique. Après plus de 50 ans de carrière, les morceaux de Bruce Springsteen restent d’actualité, que ce soit musicalement ou dans les thèmes qu’ils abordent. Une grande soirée de musique dans un des plus beaux stades de France!
Merci à GDP pour l’accréditation, à la Décathlon Arena Stade Pierre Mauroy pour son accueil et un grand merci à Marye de Sounding Shivers pour ses photos!
At the end of a May that was packed with concerts, one of the musical highlights of the year took place in Lille with Bruce Springsteen performing two exceptional shows at Stade Pierre Mauroy. At 75 years old, the Boss was back in France after having to cancel his appearance in Marseille at the last minute last year due to a bout of laryngitis. Accompanied by his iconic E Street Band, the American legend played two consecutive nights in the capital of Flanders, and we were lucky enough to attend the second date, on Tuesday, May 27.
Known for his marathon concerts, Bruce Springsteen’s shows are rarely preceded by an opening act, and this night was no exception. The show kicked off at 7:30 p.m., and judging by photos from the first night, the crowd seemed smaller on this second evening. A fair number of seats, especially on the second level, remained empty, and the pit was fairly sparse as well. The Boss took the stage and introduced the tour with a message denouncing the U.S. government while conveying hope — hence the name of the tour, The Land of Hopes and Dreams Tour. I was quite surprised to see his opening speech translated on the screens, which suggests it had been prepared in advance. This would also be the case for several other speeches throughout the show. Pre-writing and reciting speeches at each concert does somewhat diminish their sincerity and spontaneity, which is unfortunate. The opening song, the beautiful Land of Hope and Dreams, from which the tour takes its name, was also accompanied by on-screen translation. I started to worry that the entire setlist might be translated into French during the performance. Thankfully, that didn’t happen — but I still think translating lyrics from English into French on screen is a bad idea.
The rest of the concert unfolded in a more “traditional” way, with Bruce and the E Street Band impressively powering through songs from the New Jersey native’s repertoire. Although it’s a recurring theme in Bruce’s work, the concept of places and cities featured prominently in the setlist: My Hometown, Badlands, My City of Ruins, and more. You can feel that the singer is trying to paint a portrait of his country as he lived it — sharing childhood memories, disillusionments, and the transformation of familiar places. Above all, he seems intent on contrasting his America — the one he’s sung about for 50 years — with Trump’s vision. Without being overly political, his opposition to the former president was felt throughout the show, yet broadened into a defense of democracy and a rejection of authoritarianism that went beyond U.S. borders.
Musically, the band was perfectly in sync, and Bruce’s voice was in top form. Each member of the E Street Band had their moment to shine, providing some outstanding musical highlights — including Steven Van Zandt’s guitar solo on Youngstown. While the sound wasn’t perfect in the stadium, it remained more than acceptable. The crowd, however, wasn’t entirely engaged; only the front rows in the pit seemed fully invested from start to finish. Still, this was undeniably a major musical event: Springsteen remains a living legend and has exerted a huge influence on modern music since the 1970s. And despite his age, there’s no sense that the Boss is offering a watered-down or purely nostalgic show — his music still feels relevant, fresh, and is performed with the energy and passion that his body of work deserves.
After two hours of music, we still had to save some energy for the encore — which felt like a greatest hits set, featuring Born in the U.S.A., followed by Born to Run, and Tenth Avenue Freeze-Out, one of the many legendary tracks from the cult album Born to Run (1975). The odd thing about the encore was that all six songs were played with the stadium lights turned on — a very surprising choice, especially during a song called Dancing in the Dark… The evening finally came to a close after a 2.5-hour performance — a true feat for musicians who, in many cases, are well into their senior years.
Despite some strange staging choices (translated lyrics, pre-written speeches, bright lights during the encore), the Boss and the virtuosos of the E Street Band delivered an unforgettable show that surely delighted all music lovers. After over 50 years of performing, Bruce Springsteen’s songs remain deeply relevant — both musically and thematically. A great night of music in one of the most beautiful stadiums in France!