[VERSION FRANÇAISE]
Depuis plus de vingt ans, The Acacia Strain s’impose comme l’une des formations les plus féroces et intransigeantes de la scène extrême. Composé de Vincent Bennett (chant), Devin Shidaker (guitare lead), Mike Mulholland (guitare), Griffin Landa (basse) et Matt Guglielmo (batterie), le groupe américain ne ralentit pas — bien au contraire. Après le double projet Step Into The Light et Failure Will Follow en 2023, il revient avec You Are Safe From God Here, sorti le 24 octobre sous le label Rise Records, un album massif et suffocant, où sludge, doom et death metal fusionnent dans une brutalité aussi oppressante qu’hypnotique.
Dès les premières écoutes, une chose saute aux oreilles : cet album est peut-être l’un des plus puissants et aboutis de leur discographie. La production est plus épaisse, les guitares sonnent comme des murs mouvants, et chaque frappe de batterie résonne comme une menace.
eucharist I: BURNT OFFERING
L’ouverture pose le décor : lourd, presque mystique. Les guitares grondent, la voix de Vincent Bennett se déverse comme une invocation à la colère. Le titre évoque le sacrifice, la foi corrompue et la perte de sens spirituel. Ce premier morceau agit comme une entrée en matière : lente, suffocante, chargée d’une tension religieuse tordue.
A CALL BEYOND
Plus direct, A Call Beyond ramène le groupe à un format plus frontal, flirtant avec leurs racines hardcore. Le morceau semble interroger la fatalité et la recherche de rédemption dans un monde déjà consumé. Bennett y crache ses mots avec une intensité rare, comme s’il expulsait tout ce qui restait d’humain.
SWAMP MENTALITY
Surprise bienvenue dans l’album, Swamp Mentality introduit une accélération presque grind, un rythme nerveux qui tranche avec la lenteur écrasante du reste. On souligne une dynamique comme une respiration au milieu du chaos, un moment où le groupe joue avec les codes sans jamais perdre son poids. C’est sale, c’est poisseux, mais irrésistible.
THE MACHINE THAT BLEEDS
Ici, The Acacia Strain convoque la violence pure. Avec Brody King (musicien et catcheur, connu pour God’s Hate) et Colin Young (Twitching Tongues), le titre devient une démonstration d’unité dans la rage. Les voix s’entremêlent dans un hurlement collectif, la batterie martèle sans répit, et la structure du morceau évoque une machine infernale, implacable, dévorant tout sur son passage. C’est l’un des sommets de l’album.
MOURNING STAR
Plus introspectif, Mourning Star laisse filtrer un peu de mélancolie dans la noirceur. Les paroles abordent la perte et la désillusion spirituelle, opposant la lumière d’une étoile mourante à la résignation humaine. Le morceau ralentit volontairement le tempo, créant un espace de désolation où chaque riff semble peser une tonne.
I DON’T THINK YOU ARE GOING TO MAKE IT
Ce titre est une claque émotionnelle. Les paroles semblent décrire la résignation face à une chute inévitable, un message adressé à quelqu’un qu’on ne peut plus sauver. La voix de Bennett y est plus torturée que jamais, presque brisée, et la production accentue ce côté suffocant. Le groupe n’essaie pas de séduire, il confronte.
ACOLYTE OF THE ONE
Dans Acolyte of the One, le groupe reprend un ton religieux et sombre, presque ésotérique. Le texte questionne la dévotion aveugle et la corruption du divin, un thème cher à The Acacia Strain. Musicalement, le morceau mêle doom et death avec un groove écrasant, porté par des guitares abyssales et un growl d’une profondeur terrifiante.
AEONIAN WRATH
Le titre porte bien son nom : une colère éternelle. Les riffs claquent comme des coups de marteau, la rythmique évoque une tempête contrôlée. Ici, The Acacia Strain pousse sa lourdeur à un niveau presque physique, c’est un morceau qui s’écoute autant qu’il se subit.
HOLY MOONLIGHT et SACRED RELIC
Les deux morceaux forment une sorte de diptyque mystique. Ils semblent traiter de la perte de foi et de la désacralisation du monde moderne. Les textures sonores rappellent le sludge le plus poisseux, et l’atmosphère se densifie jusqu’à devenir presque suffocante. Les cris de Bennett résonnent comme des prières déformées.
WORLD GONE COLD
Ce morceau marque un tournant émotionnel. Plus lent, plus désespéré, il évoque un monde vidé de sens, gelé dans son apathie. Les paroles suggèrent un constat nihiliste, une forme de paix dans la destruction. C’est un des titres les plus pesants de l’album, mais aussi l’un des plus touchants.
eucharist II: BLOOD LOSS
Le final ramène tout à l’origine : Blood Loss est la conclusion parfaite. Avec la participation de Sunny Faris (vocaliste du groupe Spotlights), le morceau mêle douceur spectrale et désespoir viscéral. Sa voix flotte au-dessus du chaos instrumental, comme un dernier souffle avant l’extinction.
Conclusion
Avec You Are Safe From God Here, The Acacia Strain signe une œuvre totale : un album qui conjugue colère, douleur et lucidité dans un équilibre terrifiant. Ce disque ne cherche pas à plaire, il cherche à déranger, et il le fait avec une efficacité redoutable. La production, d’une densité inédite, donne vie à un son aussi massif que précis. The Acacia Strain prouve une fois encore que sa brutalité n’a rien d’aveugle : elle est pensée, vécue, et terriblement humaine.
Tracklist
eucharist I: BURNT OFFERING
A CALL BEYOND
SWAMP MENTALITY
THE MACHINE THAT BLEEDS (Feat. Brody King + Colin Young)
MOURNING STAR
I DON’T THINK YOU ARE GOING TO MAKE IT
ACOLYTE OF THE ONE
AEONIAN WRATH
HOLY MOONLIGHT
SACRED RELIC
WORLD GONE COLD
eucharist II: BLOOD LOSS (Feat. Sunny Faris)
[ENGLISH VERSION]
For over twenty years, The Acacia Strain has stood as one of the most ferocious and uncompromising forces in the extreme metal scene. Composed of Vincent Bennett (vocals), Devin Shidaker (lead guitar), Mike Mulholland (guitar), Griffin Landa (bass), and Matt Guglielmo (drums), the American band shows no signs of slowing down—quite the opposite. After their dual release Step Into The Light and Failure Will Follow in 2023, they return with You Are Safe From God Here, released on October 24 via Rise Records, an immense, suffocating album where sludge, doom, and death metal merge into a brutality that’s as oppressive as it is hypnotic.
From the very first listen, one thing is clear: this might be one of the band’s most powerful and accomplished records to date. The production is thicker, the guitars sound like moving walls, and every drum hit lands like a threat.
eucharist I: BURNT OFFERING
The opener sets the tone—heavy, almost mystical. The guitars rumble, and Vincent Bennett’s voice pours out like an invocation of wrath. The track explores sacrifice, corrupted faith, and the loss of spiritual meaning. It acts as an initiation: slow, suffocating, and charged with twisted religious tension.
A CALL BEYOND
More direct, A Call Beyond brings the band back to a sharper, more hardcore-rooted format. The song questions fatality and the search for redemption in a world already consumed. Bennett spits his words with rare intensity, as if exorcising what’s left of humanity.
SWAMP MENTALITY
A welcome surprise in the album, Swamp Mentality introduces an almost grind-like pace—nervous, frantic—cutting through the otherwise crushing slowness. It feels like a brief breath amid chaos, a moment where the band bends its own rules without ever losing weight. It’s filthy, sticky, but absolutely irresistible.
THE MACHINE THAT BLEEDS
Here, The Acacia Strain channels pure violence. Featuring Brody King (musician and wrestler known for God’s Hate) and Colin Young (Twitching Tongues), this track becomes a display of unity through rage. The vocals intertwine in a collective roar, drums pound relentlessly, and the structure feels like an infernal machine—unyielding and devouring everything in its path. It’s one of the album’s high points.
MOURNING STAR
More introspective, Mourning Star lets a touch of melancholy seep through the darkness. The lyrics deal with loss and spiritual disillusion, contrasting the fading light of a dying star with human resignation. The tempo deliberately slows, creating a desolate space where each riff feels crushingly heavy.
I DON’T THINK YOU ARE GOING TO MAKE IT
An emotional blow. The lyrics read like resignation in the face of inevitable collapse—a message to someone who can no longer be saved. Bennett’s voice sounds more tortured than ever, almost broken, and the production amplifies the suffocating feel. The band isn’t here to please; it’s here to confront.
ACOLYTE OF THE ONE
In Acolyte of the One, the band returns to dark, almost esoteric religious tones. The lyrics question blind devotion and divine corruption—a recurring theme for The Acacia Strain. Musically, it blends doom and death with a crushing drive, carried by abyssal guitars and a growl of terrifying depth.
AEONIAN WRATH
The title says it all: eternal anger. The riffs hit like hammer blows, the rhythm evokes a controlled storm. Here, the band pushes heaviness to a nearly physical level—it’s a track you don’t just listen to, you endure.
HOLY MOONLIGHT & SACRED RELIC
These two tracks form a kind of mystical diptych. They explore the loss of faith and the desecration of the modern world. The sonic textures recall the filthiest sludge, and the atmosphere thickens until it becomes nearly suffocating. Bennett’s screams echo like distorted prayers.
WORLD GONE COLD
An emotional turning point. Slower, more desperate, World Gone Cold evokes a world drained of meaning, frozen in apathy. The lyrics suggest a nihilistic realization—a strange peace found in destruction. One of the heaviest yet most moving moments on the record.
eucharist II: BLOOD LOSS
The finale brings everything full circle. Blood Loss is the perfect conclusion. Featuring Sunny Faris (vocalist of Spotlights), the song blends spectral softness with visceral despair. Her voice floats above the instrumental chaos like a final breath before extinction.
Conclusion
With You Are Safe From God Here, The Acacia Strain delivers a total work—an album that unites anger, pain, and lucidity in a terrifying balance. This record doesn’t seek to please; it seeks to disturb—and does so with ruthless precision. The production’s density gives life to a sound both massive and meticulous. Once again, The Acacia Strain proves that their brutality is far from mindless—it’s deliberate, lived, and deeply human.
