The Bloody Beetroots – Forever : part one [FR/EN]

[VERSION FRANÇAISE]

Quand on parle d’électro, de punk et de dance music, il n’existe qu’un seul artiste possédant le charisme et l’audace et de The Bloody Beetroots. Depuis ses débuts en 2005, le projet de Sir Bob Cornelius Rifo a constamment repoussé les frontières entre rock, bruit et machines. Avec FOREVER PART ONE sorti le 3 octobre sous le label Out of Line Music, il signe un retour puissant qui fait office de manifeste : un condensé de vingt ans de chaos, de collaborations et de fidélité à l’esprit punk. Huit titres comme autant de chapitres qui montrent que Rifo n’a rien perdu de sa rage créative et de son goût pour les alliances inattendues.

An Opening in Two Movements

L’entrée en matière est déjà une promesse. Opening in two movements suggère une pièce composée, presque classique dans sa structure, qui prévient que l’EP ne sera pas linéaire. On ressent une tension latente, une dualité entre le calme et l’explosion, entre introspection et affirmation. Ce début installe le cadre : sait que le voyage sera fragmenté, émouvant, pas simplement “beat + drop”. C’est le prélude, la préparation, l’espace avant la chute.

This is Blood

Avec This is Blood, l’idée même du sang revient. Ce qu’on porte en soi, ce qu’on sacrifie, ce qui coule dans nos veines. En invitant N8NOFACE et Teddy Killerz, Rifo convoque une énergie sombre, saturée, presque organique. Le titre sonne comme une revendication viscérale : c’est dans la douleur, dans la pulsation primale, qu’on trouve la vérité. La production martèle, s’enfonce, rappelle que ce n’est pas qu’un jeu électronique, c’est aussi violence et dévotion.

NUMB

Numb, c’est l’état opposé à la douleur : anesthésie, isolement, désengagement. Avec Tokky Horror au chant, le titre explore ce moment où l’on se blinde, où les émotions ne passent plus ou à peine. Le contraste avec This is Blood est fort : après la saignée vient l’engourdissement. On perçoit une posture : la douleur est assumée, mais on s’en protège. Le beat reste brutal, mais le chant semble venir de l’intérieur, usé.

I’m Not Holy

Ici, on touche un moment plus nuancé. Comme l’a dit Rifo lui-même, “I’m Not Holy est un moment calme” . C’est un instant de respiration dans la tempête. La collaboration avec Grabbitz ajoute une ligne mélodique forte, des harmonies plus accessibles, une dimension plus humaine. Le titre “Je ne suis pas saint”, porte un paradoxe : on attend souvent des héros, des figures parfaites, mais Rifo se revendique comme imparfait. Il y a une confession, une tendresse cachée dans le chaos. C’est le morceau qui respire le plus, celui qui laisse entrevoir les cicatrices derrière les riffs.

KILLING PUNK

KILLING PUNK nous ramène au front. Bob Vylan est un duo particulièrement abrasif, engagé, et leur présence est un bras d’honneur à tout compromis. Le morceau sonne comme une invocation : qu’est-ce que “punk” aujourd’hui, quand tout est si fragmenté ? Le titre pourrait autant dénoncer la mort du punk que proclamer sa renaissance. La production est révoltée. On pense au Rifo qui se dresse, qui veut que le bruit, l’urgence, le corps soient encore des leviers.

Free

Free est une promesse, une quête. Avec Jacknife, le morceau ouvre une perspective : libération, déplacement, légèreté. Après les moments intenses et introspectifs, c’est un souffle possible. On entend des lignes plus aériennes, des transitions plus fluides. Le propos pourrait être : je veux être libre de mes contradictions, libre de rester fidèle tout en changeant. Ce morceau agit comme un espoir au milieu des cicatrices.

Clever

Clever interroge la ruse, la stratégie, l’intelligence dans le chaos. Avec PENGSHUi en featuring, on retrouve une teinte plus moderne, hybride, oscillant entre électro, grime et punk urbain. Le titre suggère que la survie dans ce milieu n’est pas brutalité et force seulement, mais réflexion, comment manier les codes, comment tourner l’adversité à son avantage. Le morceau pourrait être une auto-défense cognitive : “Je ne veux pas juste heurter, je veux penser”.

Supernatural

L’album se termine sur Supernatural, ce titre sonne comme une élévation. Le terme dépasse l’humain, touche à l’invisible. Dans le contexte de cet EP qui mêle violence, émotion, confession, c’est la trace de ce qui ne se voit pas, l’aura, ce qui survit après la tempête. Sans featuring annoncé, c’est le moment de l’artiste seul face à son mythe. On imagine une montée finale, une épiphanie ou une sortie, ce que Rifo projette en filigrane. C’est le point de clôture, mais aussi la promesse d’un “Forever” au-delà des limites.

The Bloody Beetroots ne se contentent pas de livrer un EP de “dance-punk”,  FOREVER PART ONE est un manifeste. Chaque piste porte une facette : douleur, isolement, humanité, révolte, espérance, et toute l’œuvre articule un regard sur la trajectoire de Rifo : ses ombres, son désir de rester intègre. L’EP est à la fois un témoignage et un pari : la musique ne meurt jamais, le bruit continue d’exister quand on accepte d’y mettre son sang, ses contradictions, ses faiblesses. Dans le reflux post-concert, quand tout retombe, c’est ce “forever” qu’on écoute encore.

Tracklist
An Opening in Two Movements
This is Blood (Feat. N8NOFACE & Teddy Killerz)
NUMB (Feat. Tokky Horror)
I’m Not Holy (Feat. Grabbitz & Pirapus)
KILLING PUNK (Feat. Bob Vylan)
Free (Feat. Jacknife)
Clever (Feat. PENGSHUi)
Supernatural

[ENGLISH VERSION]

When we talk about electro, punk, and dance music, there is only one artist who truly embodies charisma and audacity: The Bloody Beetroots. Since his beginnings in 2005, Sir Bob Cornelius Rifo’s project has constantly pushed the boundaries between rock, noise, and machines. With FOREVER PART ONE, released on October 3 via Out of Line Music, he makes a powerful return that stands as a manifesto: a distillation of twenty years of chaos, collaborations, and loyalty to the punk spirit. Eight tracks like eight chapters proving that Rifo has lost none of his creative rage nor his taste for unexpected alliances.

An Opening in Two Movements

The opening already feels like a promise. Opening in Two Movements suggests a piece that is composed, almost classical in its structure, warning that the EP will not be linear. There’s a latent tension, a duality between calm and explosion, between introspection and affirmation. This sets the stage: the journey will be fragmented, emotional, not just “beat + drop.” It’s the prelude, the preparation, the space before the fall.

This is Blood

With This is Blood, the very idea of blood returns — what we carry within us, what we sacrifice, what flows through our veins. By inviting N8NOFACE and Teddy Killerz, Rifo summons a dark, saturated, almost organic energy. The track feels like a visceral claim: it is in pain, in primal pulse, that truth is found. The production hammers relentlessly, reminding us this is not just electronic play — it is also violence and devotion.

NUMB

Numb is the opposite state of pain: anesthesia, isolation, disengagement. With Tokky Horror on vocals, the track explores that moment when you build armor around yourself, when emotions barely pass through anymore. The contrast with This is Blood is striking: after the bleeding comes the numbness. The stance feels clear — the pain is acknowledged, but shielded against. The beat stays brutal, yet the voice sounds inward, worn out.

I’m Not Holy

Here, things take on a more nuanced shape. As Rifo himself said, “I’m Not Holy is a calmer moment” — a breath in the middle of the storm. The collaboration with Grabbitz adds strong melodic lines, more accessible harmonies, a more human dimension. The title, “I’m not holy”, carries a paradox: people expect heroes, flawless figures, but Rifo openly claims imperfection. There’s a confession here, a tenderness hidden within the chaos. It’s the track that breathes the most, the one that lets us glimpse the scars behind the riffs.

KILLING PUNK

KILLING PUNK brings us back to the frontline. Bob Vylan, known for their abrasive and politically charged energy, make the track a raised fist against compromise. It sounds like an invocation: what is “punk” today, in such a fragmented world? The title could just as well denounce punk’s death as proclaim its rebirth. The production feels furious, insurgent. It’s Rifo standing tall again, insisting that noise, urgency, and the body can still be weapons.

Free

Free is a promise, a quest. With Jacknife, the track opens up a new perspective: liberation, movement, lightness. After the intense, introspective moments, it feels like a breath of possibility. More aerial lines emerge, smoother transitions unfold. The message seems to be: I want to be free from my contradictions, free to stay true while still changing. This track acts as hope, as relief among the scars.

Clever

Clever questions cunning, strategy, intelligence within chaos. With PENGSHUi on the feature, it takes on a modern, hybrid tone, oscillating between electro, grime, and urban punk. The title suggests that survival in this landscape isn’t just about brute force, but also about reflection — how to handle the codes, how to flip adversity to your advantage. The track feels like cognitive self-defense: “I don’t just want to hit — I want to think.”

Supernatural

The EP closes with Supernatural, a track that feels like an ascension. The word itself reaches beyond the human, toward the unseen. In the context of an EP built on violence, emotion, and confession, it leaves behind what cannot be touched — the aura, the trace, what survives after the storm. Without a featured guest, it becomes Rifo’s solitary moment, face to face with his own myth. You can imagine a final build-up, an epiphany, or an exit — something sketched between the lines. It’s both a conclusion and a promise of a “Forever” beyond all limits.

The Bloody Beetroots don’t simply deliver another “dance-punk” EP. With FOREVER PART ONE, they deliver a manifesto. Each track represents a facet — pain, isolation, humanity, revolt, hope — and together, they form a reflection on Rifo’s journey: his shadows, his resurgence, his determination to remain true to himself. This EP is both testimony and gamble: music never dies, noise persists as long as you’re willing to pour your blood, contradictions, and flaws into it. And when the lights go out after the show, when everything has settled, it’s this “forever” that still echoes.

Marion Tapia
Marion Tapia
31 ans. Chercheuse de talent 🫶 Passionnée par la propulsion des scènes émergente et de la collaboration avec les label et asso locale!

Latest articles

Related articles

Leave a reply

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici