[Version française]
En tant qu’Européen de l’Ouest, on a tendance à placer sur le podium la France ainsi que l’Angleterre comme maître en la matière de musique alternative et précisément le métal ou moderne metal, mais saviez-vous que les Allemands aussi ont une ribambelle d’artistes fantastiques qui méritent très largement d’être connus ? J’avais parlé par le passé de groupes comme Avralized ou encore Alleviate. Mais ACCVSED est également une référence en la matière !
Il y a des groupes qui prennent le temps de se chercher, et d’autres qui foncent droit dans le mur avec une sincérité désarmante. ACCVSED fait partie de ceux-là. Né en 2021 à Wiesbaden, le groupe s’est rapidement imposé avec une approche frontale et sans vernis, mettant les tripes sur la table à chaque sortie. Après un premier EP en 2023 qui les a sortis de leur scène locale pour les propulser sur les routes d’Europe, le voilà de retour avec Dealers of Doom, premier album long format, sorti le 1ᵉʳ août 2025 chez Arising Empire. Un album qui pousse encore plus loin leur goût pour les contrastes bruts, les émotions sans filtre et une vision du monde aussi lucide que mordante.
Day Of The Locust
L’album démarre fort avec Day of the Locust, qui balance un riff ultra-lourd, très saturé, porté par un son de guitare massif qui écrase tout sur son passage. Excellent morceau d’ouverture, il plonge directement dans le vif du sujet. On ressent clairement une lutte intérieure contre des démons tenaces, avec la volonté de se débarrasser du passé, de “shed my skin” pour renaître, même si la tentation d’abandonner tout combat reste présente.
Dealers Of Doom
Ici, le tempo s’accélère franchement, flirtant avec le thrash hardcore. Le riff principal est nerveux, parsemé de dissonances, et soutenu par un jeu de cordes rapide. Le chant, crié et agressif, frôle le hardcore punk. La batterie, frénétique, alterne entre blasts courts, roulements rapides et passages beatdown bien lourds. Le texte dénonce ceux qui tirent leur pouvoir de la corruption, du sang et de la cupidité. Il y est question de révolte, de détruire cette “forteresse d’or” et de voir ces figures tomber dans l’enfer qu’elles ont elles-mêmes bâti.
Don’t Let Me Fall Apart
On entre ensuite dans une lutte plus intime, mais tout aussi rythmée. Don’t Let Me Fall Apart incarne à la perfection le modern metal, alternant chants clairs, cris et passages plus hardcore, tandis qu’à d’autres moments la mélodie s’élève pour devenir aérienne. Perdu dans la solitude et des pensées obsédantes, le protagoniste cherche un peu de réconfort, un “happy end”, quelqu’un pour l’aider à se reconstruire. Entre la peur de s’effondrer et l’espoir de lumière, le texte évoque une détresse profonde.
Total Eclipse Of Self
Avec Total Eclipse Of Self, l’atmosphère devient encore plus sombre et intense. Chris, à la batterie, impose un rythme ultra-frénétique et entraînant. Les paroles décrivent une lutte contre une douleur envahissante et la recherche d’un calme perdu dans l’engourdissement, quitte à s’enfoncer dans des pensées noires. La question persiste : la lumière reviendra-t-elle ou l’obscurité dévorera-t-elle tout ?
Killer Of Minds
On assiste ici à une confrontation brutale avec une personne toxique ayant profondément marqué l’esprit du narrateur. Accusée d’avoir nourri colère et douleur par la haine et les mensonges, cette figure devient le symbole d’un lien vicié. Le morceau prend alors des airs de cri de liberté, porté par l’envie de briser les chaînes et de retrouver un souffle nouveau.
Avoider
Avoider est sans doute l’un des morceaux les plus marquants. Loin des titres plus “gras” qui le précèdent, il se montre entraînant et accrocheur, avec une mélodie qui donne étrangement envie de sautiller. Pourtant, derrière cette énergie se cache un sentiment de résignation : enfermé dans un cycle d’auto-sabotage, le protagoniste repousse ceux qui cherchent à l’aider, par peur de leur faire du mal. Une confession poignante sur la difficulté à se sauver soi-même et à accepter l’aide quand tout semble sombre.
Make Sure It Hurts
Ce titre évoque une douleur profonde, comparable à une maladie que ni les mots ni les médicaments ne peuvent apaiser. Sans doute le morceau le plus calme de l’album, il laisse cependant apparaître un message chargé de souffrance. Entre rage et désir de se libérer d’une influence toxique, il exprime la volonté d’affronter cette douleur, même si cela doit faire mal.
Senescence
Senescence redonne du rythme à l’album. Guitares saturées, chant Fry puissant… et cette caisse claire, à la fois sèche et résonnante, qui perce à travers le mur sonore. Le texte, lui, se penche sur la perte de soi et l’usure du temps. On y retrouve l’image d’une version brisée de soi-même, empreinte de honte et de regrets, qui lutte contre l’oubli et la fin de la jeunesse.
Never Enough
On plonge ici dans une spirale où le besoin d’avoir toujours plus domine tout, quitte à tout détruire autour de soi. Obsédé par la réussite, incapable de se contenter, le protagoniste sait que rien ne sera jamais suffisant. Un portrait sans fard de l’excès et de ses conséquences.
Obsidian
Pour clore l’album, Obsidian aborde le thème d’un changement profond et d’une transformation intérieure. Chaque instrument trouve parfaitement sa place dans le mix, offrant un équilibre rare. L’envie de briser les murs et de se libérer des regrets s’accompagne d’une quête de lumière, malgré les doutes persistants. L’obsidienne symbolise à la fois un regard durci par la douleur et l’espoir d’écrire une nouvelle histoire.
Avec Dealers of Doom, ACCVSED signe un premier album qui frappe fort, autant par son authenticité que par la puissance de ses compositions. Chaque morceau semble taillé pour laisser une empreinte, alternant rage, mélodies prenantes et textes profondément humains. Loin de se contenter de suivre les codes du modern metal, le groupe y insuffle sa propre identité, mêlant intensité et sens du contraste. Si vous ne connaissiez pas encore la scène metal allemande, cet album est une excellente porte d’entrée… et la preuve qu’ACCVSED compte bien y inscrire son nom en lettres capitales.
Tracklist
Day Of The Locust
Dealers Of Doom
Don’t Let Me Fall Apart (feat. The Narrator)
Total Eclipse Of Self (feat. Cypecore)
Killer Of Minds
Avoider
Make Sure It Hurts
Senescence
Never Enough
Obsidian
[English version]
As a Western European, we tend to put France and England on the podium as masters of alternative music—especially metal and modern metal—but did you know that Germans also have a bunch of fantastic artists who truly deserve to be known? I’ve talked in the past about bands like Avralized and Alleviate. But ACCVSED is also a major name in the scene!
Some bands take their time to find their sound, while others rush headfirst with a disarming sincerity. ACCVSED belongs to the latter. Formed in 2021 in Wiesbaden, the band quickly made a name for themselves with a raw, upfront approach, putting their guts on the table with every release. After a first EP in 2023 that took them beyond their local scene and onto European roads, they’re back with Dealers of Doom, their first full-length album, released August 1, 2025, on Arising Empire. This album pushes even further their love for raw contrasts, unfiltered emotions, and a worldview as sharp as it is clear.
Day Of The Locust
The album kicks off hard with Day of the Locust, delivering a super heavy, highly saturated riff backed by a massive guitar tone that crushes everything in its path. A perfect opener, it dives straight into the core of the matter. You can clearly feel an inner battle against stubborn demons, with the will to shed the past, to “shed my skin” and be reborn—even if the temptation to give up the fight lingers.
Dealers Of Doom
Here, the tempo picks up, flirting with thrash hardcore. The main riff is tense, sprinkled with dissonances, supported by fast-paced strings. The vocals are shouted and aggressive, flirting with hardcore punk. The drumming is frantic, switching between short blasts, rapid rolls, and heavy beatdown sections. The lyrics condemn those who draw power from corruption, blood, and greed. It’s about revolt—destroying that “golden fortress” and watching these figures fall into the hell they built themselves.
Don’t Let Me Fall Apart
Next comes a more intimate yet equally rhythmic struggle. Don’t Let Me Fall Apart perfectly embodies modern metal, alternating clean vocals, screams, and heavier hardcore passages, while at other times the melody soars, becoming almost ethereal. Lost in loneliness and obsessive thoughts, the protagonist searches for some comfort, a “happy end,” someone to help rebuild. Between the fear of falling apart and hope for light, the lyrics convey deep distress.
Total Eclipse Of Self
With Total Eclipse Of Self, the atmosphere grows darker and more intense. Chris on drums sets an ultra-frantic and driving pace. The lyrics describe a fight against overwhelming pain and a search for calm lost in numbness, even if it means sinking into dark thoughts. The question remains: will the light come back, or will darkness devour everything?
Killer Of Minds
This track presents a brutal confrontation with a toxic person who deeply marked the narrator’s mind. Accused of feeding anger and pain through hatred and lies, this figure symbolizes a toxic bond. The song becomes a cry for freedom, driven by the desire to break chains and find a new breath of life.
Avoider
Avoider is probably one of the most striking tracks. Unlike the “heavier” songs before it, it’s catchy and upbeat, with a melody that strangely makes you want to bounce. Yet behind this energy hides resignation: trapped in a cycle of self-sabotage, the protagonist pushes away those trying to help, fearing hurting them. A poignant confession about the difficulty of saving oneself and accepting help when everything feels dark.
Make Sure It Hurts
This song speaks of deep pain, like a sickness that neither words nor medicine can soothe. Probably the calmest track on the album, it nonetheless carries a message heavy with suffering. Between rage and a desire to break free from a toxic influence, it expresses the will to face the pain, even if it has to hurt.
Senescence
Senescence brings back the pace with saturated guitars and powerful fry vocals… and that snare, both dry and resonant, cutting through the wall of sound. The lyrics reflect on losing oneself and the wear of time. It paints a picture of a broken version of oneself, marked by shame and regrets, fighting against oblivion and the end of youth.
Never Enough
Here, we plunge into a spiral where the need to always have more dominates, even at the cost of destroying everything around. Obsessed with success and unable to be satisfied, the protagonist knows nothing will ever be enough. A raw portrait of excess and its consequences.
Obsidian
To close the album, Obsidian deals with deep change and inner transformation. Every instrument finds its perfect place in the mix, offering rare balance. The desire to break walls and free oneself from regrets is accompanied by a quest for light, despite lingering doubts. Obsidian symbolizes both a gaze hardened by pain and the hope of writing a new story.
With Dealers of Doom, ACCVSED delivers a debut album that hits hard, both in authenticity and the power of its compositions. Each track seems crafted to leave a mark, alternating rage, catchy melodies, and deeply human lyrics. Far from merely following modern metal codes, the band injects their own identity, blending intensity and a keen sense of contrast. If you’re not yet familiar with the German metal scene, this album is a perfect entry point—and proof that ACCVSED intends to carve their name in bold letters.